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144 000 roubles (2 100 euros), tel était le montant moyen dépensé par les touristes étrangers en Russie en 2018, pour un séjour, lui aussi moyen, de 8 jours, selon les données du Centre analytique auprès du gouvernement russe. Un budget considérable s’expliquant, comme le confirment les spécialistes du secteur, par une forte représentation des classes aisées parmi les voyageurs ; un constat valable également pour ceux en provenance de France. Le pays des tsars est-il donc réellement voué à demeurer l’apanage des citoyens fortunés ? Loin de là, et à travers mon expérience et mes astuces, je compte bien vous convaincre du contraire.
En réalité, lorsque l’on sort des sentiers battus et des pièges touristiques, la Russie se révèle être une destination idéale pour les petits budgets. Pour preuve, mon dernier grand périple de deux semaines l’an dernier : 12 000 kilomètres parcourus entre Moscou et les régions bouddhistes de Sibérie, pour seulement 430 euros (hors nourriture et visa, vivant déjà sur place). Pour cela, il convient de faire fi des offres tout compris et preuve d’autonomie. C’est donc sans plus tarder que je vous révèle mes secrets.
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Se déplacer pour trois fois rien
Après l’obtention du visa (comptez environ 110 euros en passant par une agence et 60 en déposant vous-même votre dossier à l’ambassade), la réservation des billets d’avion est la première étape à laquelle sont confrontés les voyageurs. À ce titre, grâce à l’essor des vols Paris – Moscou, il est aujourd’hui possible de dénicher un aller-retour pour moins de 250 euros, en l’achetant à l’avance et de préférence pour un départ en semaine. Ne soyez pas effrayé par ces deux inéluctables investissements, ils représenteront en vérité vos plus grandes dépenses lors de ces inoubliables vacances, tout du moins si vous suivez les conseils qui suivent. De plus, notez que le régime de visa électronique gratuit devrait être étendu à l’ensemble du pays dans les prochaines années.
Le tableau se montre ensuite plus réjouissant lorsqu’il est question des déplacements internes à la Russie. En la matière, le train apparaît comme le meilleur compromis. L’accessibilité de ce mode de transport n’a en réalité d’égale que son exceptionnelle ponctualité. Prenons l’exemple le plus extrême : un Moscou – Vladivostok. Pour ce trajet de 9 200 kilomètres, en réservant trois semaines à l’avance, il vous faudra débourser 6 200 roubles (90 euros), soit le prix moyen d’un Paris – Nice le même jour.
Bien entendu, pour cela, il conviendra de choisir la formule « platzkart », ces légendaires wagons-couchettes qui vous immergeront immanquablement dans l’authenticité russe. Aussi, certes, les trains s’avèrent ici particulièrement lents, mais opter pour un trajet de nuit vous fera également économiser sur l’hébergement. Par exemple, un train en partance à 19h de Moscou pour une arrivée à 8h le lendemain à Kazan vous coutera 1 100 roubles. Ainsi, vous aurez parcouru 800 kilomètres et dormi confortablement pour 15 euros seulement !
En outre, là où le rail ne passe pas, les alternatives bon marché ne manquent pas non plus. Je me souviens notamment avoir relié en bus Petrozavodsk (capitale de la République de Carélie, près de la Finlande) au parc de Rouskeala, dont les falaises de marbre font la renommée, pour seulement 750 roubles (11 euros), ces deux points étant pourtant distants de 260 kilomètres.
Sachez enfin que Blablacar est particulièrement bien implanté en Russie et permet de trouver des covoiturages à petits prix pour presque n’importe quelle destination. Bien entendu, comme tout service impliquant la participation d’inconnu, la prudence est de mise, néanmoins, en analysant les avis concernant votre potentiel conducteur laissés par d’anciens passagers, vous devriez être en mesure d’en sortir sain et sauf.
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Se loger pour une poignée de moules
Comme précisé ci-dessus, dormir en wagon-couchettes est en Russie un choix stratégique, vous permettant d’économiser temps et argent. Ainsi, lors de mon dernier voyage sibérien, sur 14 jours d’aventures, je n’ai eu à faire de halte dans un établissement hôtelier qu’à 7 reprises. Et, je vous arrête tout de suite, se laver n’est aucunement un problème. En effet, toutes les grandes gares de Russie mettent à la disposition des voyageurs des salles de bain individuelles pour moins de 200 roubles (3 euros).
Si vous souhaitez toutefois vous reposer dans un lit immobile, je ne saurais que vous conseiller de vous tourner vers les auberges de jeunesse. Ce secteur est extrêmement développé à travers le pays et, sur la vingtaine que j’ai pu fréquenter, toutes se distinguaient par leur propreté et leur modernité. Si certains établissements offrant tout le confort nécessaire proposent, même en plein centre de Moscou et de Saint-Pétersbourg, des places à moins de 300 roubles la nuit (4,40 euros), comptez néanmoins en moyenne le double, ce qui reste très raisonnable. En plus de cela, les auberges sont propices aux rencontres mémorables avec d’autres voyageurs, tels que ces deux supporters moscovites de football qui, incapables de prononcer mon prénom, m’appelaient Napoléon, et avec qui je me suis retrouvé, en pleine nuit, torse nu sur un parking enneigé du Tatarstan, ou encore ces ouvriers biélorusses de l’industrie minière qui, dans l’Arctique russe, se relayaient aux fenêtres pour que je ne rate pas d’aurore boréale tandis que je festoyais avec eux.
À noter que le couchsurfing (hébergement gratuit chez l’habitant) est également populaire aux quatre coins du pays, tout comme il n’est pas rare, dans les lieux isolés, de voir des locaux proposer, contre rémunération, le gîte aux touristes. Les conditions d’hébergement s’apparentent cependant alors à une loterie, avec parfois, comme j’ai pu en faire l’expérience à Archan, petit village de Bouriatie, les toilettes au fond du potager. Mais n’est-ce pas justement cela l’esprit d’aventure ?
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Manger à moindre coût
L’alimentation est un autre domaine où de considérables économies peuvent être réalisées, et pour cela, le mot d’ordre est ici « local » ! Oubliez donc vos habitudes rythmées par les croissants frais et vins français, familiarisez-vous plutôt avec le sarrasin et autres pelmenis. Pas envie de cuisiner ? Plutôt qu’un détour au restaurant, n’hésitez pas à vous accorder une pause dans un parc, après avoir acheté des pirojkis, chawarmas ou des tchebourekis, incontournables plats qu’il est possible de trouver à chaque coin de rue et qui ne risquent pas de vous ruiner, tout en vous remplissant l’estomac.
L’alternative la plus économique en matière de restauration est par ailleurs la fameuse « stolovaïa » (cantine en self-service). Au menu de ces établissements, qui parsèment les cités de Russie, figure une cuisine des plus simples, mais à des tarifs imbattables. Je me souviens encore avoir déjeuné dans l’un de ces endroits, sur la rue principale de Kazan, avec mon père et ma belle-mère. À trois, l’addition pour une entrée, un plat et une boisson chacun s’était élevée à 4 euros. Oui, vous avez bien lu.
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Astuces bonus
Vous êtes en escale dans une ville entre deux trains et ne souhaitez ni dépenser votre argent pour la consigne de vos bagages à la gare ni déambuler dans les rues avec votre gros sac ? Pas de problème, dirigez-vous vers la supérette la plus proche. La plupart de ces magasins en Russie disposent de casiers à l’entrée. Placez-y votre sac, fermez la porte et emportez avec vous la clef. Cette astuce (qui n’est peut-être pas tout à fait légale, d’autant plus qu’il n’est pas à exclure que l’on vous prenne pour un terroriste. Faites donc cela discrètement, sans pour autant paraître suspect.) ne fonctionne toutefois que si le format de votre bagage est, au maximum, celui d’un sac de sport. N’oubliez également pas de vérifier les horaires de fermeture de l’établissement.
Pour l’achat de souvenirs, privilégiez si possible les villes autres que les deux capitales et évitez les lieux trop touristiques, où les prix sont généralement gonflés. Lors de mon premier voyage en Russie, je me souviens avoir fait l’acquisition, à Lipetsk (ville industrielle à 370 kilomètres au sud de Moscou), de deux sublimes matriochkas peintes à la main (je n’en ai depuis pas revu d’aussi belles) pour seulement 800 roubles (11,50 euros) chacune, tandis qu’à Moscou, pour des modèles de taille similaire et de qualité plus ou moins comparable, au moins le décuple sera exigé.
Bien entendu, il est possible de réduire davantage les dépenses en pratiquant l’autostop ou en parcourant l’immensité russe en vélo ou à pied (oui, certains l’ont fait !), en étant nourri et logé au gré des rencontres spontanées, mais cela, nous le laissons au bon vouloir de votre âme d’aventurier.
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