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En règle générale, les services municipaux sont informés de l'imminence des chutes de neige quatre heures avant qu'elles ne commencent, les prévisionnistes les avertissant. Cela leur donne l'occasion de se préparer aux intempéries – de préparer le matériel de déneigement et d'arroser de réactifs les pentes et les montées abruptes des rues, les ponts et les arrêts de transports publics.
Dans chaque ville russe, toutes les rues et avenues sont divisées en plusieurs catégories selon leur importance. Lorsqu'il neige, les services publics nettoient d'abord les zones les plus importantes. Il s'agit des routes où circulent le plus grand nombre de voitures, des rues piétonnes très fréquentées et des passages vers les bâtiments et les installations les plus importants de la ville, tels que les hôpitaux, les casernes de pompiers, les postes de police et les voies de transport public.
Les services communaux nettoient ensuite les petites rues et les allées, atteignant progressivement les écoles, les dispensaires, les jardins d'enfants, les petits trottoirs et les abords des immeubles résidentiels.
Dans les villes, il existe également des normes pour le déneigement des cours résidentielles ordinaires – par exemple, à Moscou, on commence à nettoyer quand il y a au moins deux centimètres de neige sur le trottoir. L'intensité des chutes de neige a également son importance : si chaque heure il en tombe 1 à 2 cm, les nettoyeurs doivent déblayer la cour de la neige et de la glace en quatre heures, et doivent le faire avant 9 heures le lendemain. S'il tombe plus de 2 cm de neige par heure, le personnel du service public doit commencer à nettoyer la cour dès que la chute de neige atteint une hauteur de 4 cm.
Souvent, la neige tombe néanmoins tellement que les ouvriers des services publics ne respectent pas ces délais, et la neige est alors nettoyée 24 heures sur 24 – à l'automne 2020, le nettoyage avait déjà commencé à Volgodonsk (1 100 km au sud de Moscou) et à Saratov (842 km au sud de Moscou).
Pour le déneigement, les employés des services publics reçoivent divers équipements – le plus souvent, il s'agit de véhicules routiers combinés (des KamAZ, sur lesquels sont équipés les accessoires adéquats), de tracteurs avec équipement de déneigement et de chargeuses à neige. À Moscou, par exemple, l’on compte 7 600 véhicules spéciaux, dans d'autres villes, le nombre est moindre, mais peut aussi atteindre plusieurs centaines de véhicules. La neige est également déblayée par des employés munis de pelles, qui travaillent le plus souvent à l'entrée des immeubles résidentiels, et qui parfois ramassent la neige restant après le passage de l'équipement spécial.
La tâche des ouvriers communaux est de balayer la neige en congères et de les charger sur des camions-bennes. Les rues piétonnes et les chaussées glacées sont aspergées de réactifs ou de sable ordinaire pour éviter que les gens ne glissent sur le chemin de l'école ou du travail.
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Fonte de la neige
À Moscou, jusqu'en 2002, la neige collectée était directement déversée dans la rivière Moskova. Aujourd'hui, dans la capitale et dans d'autres grandes villes de plus d’un million d'habitants, comme Saint-Pétersbourg, Kazan et Novossibirsk, les amas de neige sont cependant littéralement fondus à l'aide d’installations de fonte spéciales.
Les points de fonte sont constitués de deux bassins en béton et de deux pompes, explique Gueorgui Levine, employé de Mosvodostok, compagnie de gestion des eaux usées de Moscou. Dans le premier bassin, la neige est déversée et y est ajoutée de l'eau chaude – s’y produit ainsi la fonte de la neige. La neige fondue va ensuite dans le deuxième bassin, par lequel elle entre dans les collecteurs, puis se déverse dans la rivière Moskova. Les bassins sont également dotés de grilles, où sont retenus les gros déchets susceptibles d’être dissimulés dans la neige.
En plus des installations artificielles de fonte de la neige, toutes les villes disposent de polygones de collecte de la neige. Elle y est apportée, puis l’on attend simplement le printemps pour qu’elle fonde. Par exemple, l'un de ces sites à Ekaterinbourg peut accueillir environ 120 000 tonnes de neige en hiver.
Aide de l'armée
Le 20 novembre 2020, une pluie verglaçante et des chutes de neige sont tombées sur Kalouga, une ville située à 195 km au sud de Moscou et qui compte un peu plus de 300 000 habitants. Sous une couche de neige se sont ainsi retrouvés les routes, les voitures, les panneaux de signalisation et les bancs. Il neigeait depuis deux jours, lorsque les employés communaux ont réalisé qu'ils ne pourraient pas faire face à des congères de 22 centimètres d’épaisseur.
« Nous essayons de négocier avec nos unités militaires. <...> Parce qu'aucune ressource de la ville ne sera suffisante pour combattre les éléments », a déclaré le 23 novembre le maire Dmitri Denissov.
Cette pratique n'est pas nouvelle – en cas de chute de neige anormale, l'administration d’une ville mobilise du personnel militaire pour aider au déneigement. Ainsi, en 2018, après la pire chute de neige depuis 140 ans, les militaires ont dégagé les routes de Moscou et de la région, et en 2019 – dans la région de Koursk (525 km à l’ouest de Moscou), de Volgograd (969 km au sud de Moscou) et de Saratov (842 km au sud de Moscou). Toutefois, même les tanks ne peuvent pas toujours faire face aux congères non plus.
« Ce char s'est coincé, tandis que celui-là est tombé en panne », a déclaré un militaire, filmant des chars immobilisés dans la neige en janvier 2019.
En avril 2020, le village de Teriberka, dans le Nord de la région de Mourmansk, sur le rivage de l’océan Arctique, a été coupé de la civilisation pendant deux semaines à cause d'une chute de neige qui a bloqué la route. Les livraisons de nourriture ont alors été effectuées par traîneau, et la route a été nettoyée à l'aide d'un convoi d'équipement spécial.
« Nous vivons dans le village depuis 20 ans, il nous est déjà arrivé de sortir des maisons et de marcher dans la rue comme dans un tunnel de neige, mais une telle horreur ne nous était jamais arrivée. Nous devons tout faire à temps, et l'équipement doit être bon », se plaint Larissa Kholodova, une habitante locale.
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La « haute » technologie
Trois inventeurs de Perm (à 1 400 km à l’est de Moscou) ont conçu en 2013 une machine de déneigement – il s'agit d'un petit robot équipé d'un seau pour nettoyer les zones adjacentes des maisons privées, qui peut être commandé à distance à l'aide d'un joystick.
« Le robot a trois modes. Le premier est lorsqu'une personne le contrôle elle-même. Elle se tient à la fenêtre, le regarde et le contrôle sans sortir. Le deuxième mode est similaire à un jeu vidéo : vous regardez le moniteur et vous contrôlez le robot. Le troisième mode est l’autonome. L'utilisateur effectue le déneigement une première fois avec le robot, appuie sur le bouton "Enregistrer", et la prochaine fois qu'il neige, appuie sur le bouton "Reproduire" – et le robot-déneigeur répète tout le travail », précise Oleg Kivokourtsev, l'un des développeurs du projet.
Les concepteurs ont ensuite réussi à vendre une cinquantaine de robots en Europe, mais ces appareils n'ont jamais fait leur apparition dans les rues de Russie.
En 2020, dans la région de Perm, au lieu de pelles, les employés communaux ont reçu des souffleurs, et un employé de Kemerovo (3 600 km à l’est de Moscou) a utilisé une tondeuse à gazon qui, comment il s’est avéré, s’en sort également bien contre la neige.
L’employé communal moscovite Andreï Petrov a également dévoilé une invention inédite – en février 2020, il a entrepris le déneigement sur un gyropode à une roue et avec une balayeuse de sa propre fabrication.
« J’ai fait la pelle à neige à partir d’une bouteille de gaz coupée en long, les roues viennent d'une brouette de jardin, les poignées sont des tuyaux pliés. <...> Le travail est physiquement difficile, mais on a toujours le sentiment que les gens en ont besoin », a-t-il déclaré.
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