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Quand les gens me questionnent au sujet de l'hiver à Saint-Pétersbourg, je ne pense pas qu'il soit froid (bien qu'il le soit) ou humide (ce qu'il est aussi). Non, le premier mot qui me vient toujours à l'esprit est « sombre ». Un court séjour en tant que touriste à Saint-Pétersbourg en hiver est une expérience magique ; vous pouvez admirer le lever et le coucher de soleil sur cette somptueuse cité en quelques heures seulement. La nuit, la cité devient un lieu hivernal féérique, avec ses rues étroites et ses canaux gelés à explorer et à apprécier. Pourtant, lorsque vous y vivez, vous avez l'impression de participer à un jeu de survie.
J'avais l'habitude de visiter un bar appelé Bukowski's, sur la rue Mokhovaïa. Une fois, j'y étais en hiver vers 19 heures, en pleine nuit, et, fumant une cigarette sur le trottoir, nous regardions en face des hommes brisant les stalactites suspendues au toit. Le trottoir opposé était bouclé et une voiture garée en dessous avait été à moitié recouverte d'un vieux matelas. Les gens contournaient la rue, guettaient la glace présente tant au sol qu’en l’air, tout en gardant un œil attentif sur les taxis de Saint-Pétersbourg qui, pour la plupart, conduisaient comme s’il s’agissait d’un doux jour de printemps.
Un homme ivre se tenait à côté de moi, regardant autour de lui. « Cette ville essaie de tous nous tuer. Si la glace ne t'ouvre pas la tête d'en haut, tu vas glisser et la fendre sur le trottoir. Puis le froid t'attrapera si ce n'est pas déjà fait ! Et..., a-t-il dit en jetant un regard au ciel noir. C'est seulement si tu ne te suicides pas avant ». Il a jeté sa cigarette et est rentré à l'intérieur. Mon ami Ivan était avec moi et m'a dit : « Les Russes peuvent être si mélodramatiques ».
C'est vrai : très peu de gens meurent à cause de la glace qui tombe à Saint-Pétersbourg, bien que cela arrive. Les chauffeurs de taxi, bien qu'ils aient l'impression d'être dans une scène de course poursuite de film d'action, sont souvent très expérimentés en matière de conduite hivernale. Le froid vous tuera rarement, et l'obscurité n'étouffera qu'un petit peu seulement votre âme. Mais l'homme avait raison : vous devez rester vigilant. Aussi, ne copiez pas les Russes. J’en ai vu de temps en temps se promener dans les rues en janvier en baskets ou en T-shirts, sans jamais regarder en haut ou en bas. J'ai donc demandé à des locaux de me dire comment ils s'y prennent pour survivre à cette saison.
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Mon ami Alexander travaille comme designer et se déplace souvent d'un café à l'autre. Il m'a confié en riant : « J'ai vécu dans la région de Mourmansk, où je suis né, dans un endroit plus sombre, plus enneigé, plus froid. Et bien sûr, nous n'avons pas de bars là-bas. Les habitants de Saint-Pétersbourg peuvent gérer toute cette obscurité et cette merde à l'extérieur comme les Russes le font toujours quand il y a de la merde dans le coin : en buvant ».
J'ai demandé : « Comment les gens s'en sortent à Mourmansk, alors ? ».
« En fait, les gens semblent plus gentils et moins tristes là-bas. Probablement parce qu'il n'y a pas ce ciel lourd et gris constant là-bas. Et, aussi, nous avons beaucoup de neige et les aurores boréales, de sorte que cela semble un peu magique et pas aussi déprimant que Saint-Pet’ ».
Ce n'est pas la première fois que j'entends les Russes décrire le ciel de Saint-Pétersbourg comme étant lourd. Une fois, quand j'ai dit à un Russe nommé Slava, en visite de Moscou, que j'aimais Saint-Pétersbourg, il m'a dit : « Vous aimez ça ! Regardez ce ciel lourd. C'est tout le désespoir ! Venez à Moscou, c'est mieux ! ».
Mon ami Ivan était aussi avec moi à ce moment-là. Il a soupiré à nouveau : « les Russes peuvent être si mélodramatiques », puis il a baissé la voix et a ajouté : « surtout les Moscovites ».
Quand j'ai demandé à Alexander ce qu'il pourrait recommander aux autres pour survivre aux hivers de Saint-Pétersbourg, il a assuré : « Ne pas sortir de chez soi avant les travaux de mars ou avril ».
Ma petite amie, par contre, n'était pas d'accord : « J'ai vécu ici toute ma vie, et bien que je ne sois toujours pas sûre de comment survivre, quitter la maison n'est pas un problème, il faut juste faire des sauts », a-t-elle déclaré.
« Faire des sauts ? ».
« Faire des sauts, comme, d'un endroit à un autre. Mon meilleur conseil aux gens serait de faire plusieurs arrêts si vous marchez d'un endroit à un autre, un magasin, un café, peu importe, beaucoup de choses sont ouvertes, et alors ça n’a plus l’air si terrible ».
J'ai trouvé cela assez logique, et je suis moi-même connu pour sauter d'un endroit à l'autre au cours des longues promenades. Les Russes sont souvent compréhensifs et accueillants. Ce n'est pas comme dans certains pays où si vous entrez dans un établissement pour vous réchauffer quelques instants, quelqu'un viendra vous dire : « Excusez-moi, monsieur, achetez quelque chose ou partez ». Les Russes comprennent. D’ailleurs, astuce à savoir, en Russie, tout le monde vous laissera utiliser les toilettes sans vous dire que vous devez acheter ou consommer quelque chose.
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J'ai un autre ami. Il s'appelle Pacha et n'a pas eu le temps de me parler parce qu'il est l'homme le plus occupé du monde, pour autant que je puisse dire. Il fait du ski, du snowboard, des randonnées, va à des festivals, musées et événements. C'est sans fin. On pourrait croire que son Instagram appartient à des jumeaux. Cependant, il m'a fait comprendre que la meilleure façon de survivre à l'hiver à Saint-Pétersbourg est de profiter de la culture. Il y a des spectacles, des galeries, des festivals et des événements en continu. Allez explorer les bars et les restaurants au Golitsin Loft, au Berthold Centre, au Sevkabel Port, ou découvrez ce qu'y est la Nouvelle Hollande. Assistez à des spectacles dans les multiples théâtres de la ville. Il y a plus de 100 musées à Saint-Pétersbourg. Vous pouvez sauter de boutique en boutique et d'arrêt de bus en arrêt de bus, rester au chaud et explorer tous les brillants joyaux culturels de la cité.
Bien sûr, le ciel lourd et gris et l'obscurité prolongée de Saint-Pétersbourg peuvent rendre la plus pétillante des personnes un peu mélodramatique. Mon amie Iara, qui est l'une des Russes les plus amusantes que j'ai rencontrées récemment, m'a par exemple dit : « Tout ce que je veux pour le Nouvel An, c'est survivre ». Et même mon ami Ivan est connu pour fixer le mur pendant des heures, alors qu'il devrait travailler, en disant mélodramatiquement : « P*tain d’hiver ». Cependant, presque tout le monde survit, et il y a des centaines de choses disponibles pour passer le temps. Des choses comme s'asseoir à la lumière d'une fenêtre grise, boire de la vodka, et faire défiler l'Instagram de Pacha avec incrédulité.
Pour vous convaincre du charme indubitable de Saint-Pétersbourg en hiver, admirez-la en vidéo en suivant ce lien.
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