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1. Alexeï Ivanov
Originaire de l’Oural, cet écrivain occupe une place à part, loin du gratin littéraire de la capitale russe, et son œuvre semble exister au-delà des tendances mainstream. Chacun de ses nouveaux romans est hautement immersif et cinématographique, d’ailleurs, les livres d’Ivanov ont été adaptés sur grand écran à de nombreuses reprises.
La variété des thèmes, des genres et des époques historiques que l’auteur a traités est assez impressionnante :
- Le géographe a bu son globe - un roman sur des collégiens qui partent en randonnée sur une rivière.
- Le Cœur de la Parma - un récit qui évoque les princes de l’ancienne Rus’ qui combattent les peuples indigènes de la Sibérie.
- Le Dernier Afghan évoque un vétéran de la guerre d’Afghanistan qui essaye de se trouver dans les dures années 1990.
- Tobol - sur la construction du premier kremlin en pierre de Sibérie.
- Piсhtcheblok - une fiction mystique sur un camp de pionniers soviétique peuplé par des vampires.
L’une des principales particularités d’Ivanov est son travail rigoureux et minutieux sur la langue et une stylisation précise en fonction de l’époque. Si, par exemple, il écrit un roman sur des tribus sibériennes du Moyen-Âge, l’œuvre va sûrement regorger de lexique issu des langues de ces peuples.
2. Alexeï Salnikov
Salnikov est souvent cité comme la plus grande découverte littéraire des années 2010. La gloire a souri à l’écrivain (lui aussi originaire de l’Oural) grâce à son roman Les Petrov, la grippe, etc., sorti en 2016. C’est un roman qui raconte comment une famille ordinaire de province attrape une grippe la veille du Nouvel An, et commence à halluciner en estompant la frontière de l’espace et du temps.
Le roman est devenu un bestseller, et les critiques ont écrit que Salnikov était « applaudi par Gogol et Boulgakov » pour la fraîcheur de sa langue et de sa vision sur la littérature.
En 2021, la première de l’adaptation de ce roman par Kirill Serebrennikov a obtenu franc succès au festival de Cannes. Mais les autres romans de Salnikov méritent tout autant votre attention :
- Dans Indirectement, la poésie est présentée comme une véritable drogue.
- Occulttreger - une fiction fantastique provinciale, où œuvrent des démons humanoïdes.
- Et après une comédie d’horreur sur un policier de l’Oural – Département –, les œuvres de Salnikov ont commencé à être comparées aux films d’Alexeï Balabanov, auteur du film culte Le Frère.
3. Boris Akounine
Le japonologue Grigori Tchkhartichvili est l’auteur de nombreuses traductions de littérature japonaise, mais aussi d’un travail ambitieux en plusieurs tomes – L’Histoire de l’État russe, dans lequel il essaye de libérer les faits des emprises idéologiques des historiens du passé.
Mais, bien sûr, l’auteur est plus connu sous le pseudonyme de Boris Akounine, puisque c’est lui qui a offert au lecteur son détective russe préféré – Eraste Fandorine. Dans une série d’environ 20 romans policiers, le charmant aristocrate de la fin du XIXe - début XXe siècle sauve parfois une jolie dame, parfois la Russie tout entière. Évidemment, la série est à lire dans son intégralité, mais les romans les plus surprenants sont :
- Le Gambit turc - un roman d’espionnage adapté sur grand écran, sur une femme qui part chercher son fiancé durant la guerre russo-turque.
- L’Amant de la mort, où est montrée explicitement la vie des malfrats et des bandits dans le quartier criminel Khitrovka à Moscou.
- L’Attrapeur de libellules, dont l’histoire se passe au Japon.
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4. Victor Pelevine
Écrivain russe le plus mystérieux, il n’a jamais été vu en personne depuis vingt ans. Cependant, chaque année, il envoie un nouveau roman par mail à son éditeur, et chaque automne les critiques et les nombreux fans se lancent dans des débats sans fin visant à établir s’il s’agit d’un génie ou d’un plumitif. Chaque nouveau livre contient obligatoirement une satire sur les réalités modernes, que ce soit l’iPhone, les masques de la Covid ou le féminisme, et contient aussi des éléments dystopiques. Ce qu’incarne parfaitement à lui seul le titre de son dernier roman : KGBT+.
La reconnaissance est arrivée à Pelevine dans les années 1990, lorsqu’ont été écrites ses plus grandes œuvres :
- La dystopie Omon Ra sur un garçon soviétique qui rêve de devenir cosmonaute, et sur l’absurdité de la vie soviétique.
- Le premier roman zen-bouddhiste russe, La Mitrailleuse d’argile, un mélange d’absurde, de banalité et d'ironie, dont l’histoire se passe lors de la guerre civile et en Russie post-pérestroïka du milieu des années 1990.
- Le bestseller culte Homo Zapiens(Génération « P »), dans lequel un jeune diplômé de l’Institut de littérature Maxime Gorki plonge dans le monde de la pub, de l’argent, du crime et du sexe.
5. Vladimir Sorokine
Un grand écrivain russe qui a commencé dans la clandestinité moscovite dans les années 1980, et, selon les critiques, a importé dans la littérature le conceptualisme et le Sots art depuis les arts visuels. Ses livres sont une satire cruelle et dystopique, et les prédictions de certains de ses ouvrages se sont même réalisées, de manière inattendue, quasiment à l’identique. Il crée souvent un nouveau Moyen-Âge dans ses romans, ou projette ses héros dans le futur, par exemple après une guerre nucléaire (Docteur Garine).
Ces histoires sont si provocantes et touchent au vif tant de gens que des mouvements de jeunesse ont même organisé des rassemblements pour brûler des citations tirées de livres de Sorokine. Des années plus tard, Sorokine répondra avec le roman Manaraga, dans lequel il a présenté les livres comme un carburant, avec lequel les cuisiniers préparent des plats pour les riches.
Voici d’autres œuvres marquantes de Sorokine :
- Son premier roman La Norme - un travail conceptualiste complexe sur le KGB et le totalitarisme qui a été publié dans les années 1980 en autoédition.
- Journée d’un opritchnik, une œuvre dystopique sur les forces de sécurité qui se passe dans la Russie de 2028.
- Le roman Telluria, que beaucoup considèrent le plus grand livre de Sorokine. C’est une mosaïque de 50 nouvelles sur un futur proche où la Russie se divise en principautés et est peuplée de communistes orthodoxes.
6. Gouzel Iakhina
Le premier roman de Gouzel Iakhina Zouleïkha ouvre les yeux est devenu un véritable bestseller. En accumulant des archives sur la déportation de Tatares en Sibérie sous Staline, elle les a librement interprétés dans sa fiction, en y ajoutant les souvenirs de sa grand-mère. D’un côté, c’est un livre sur de terribles repressions, mais d’un autre – sur le fait que même dans d’atroces conditions, l’homme peut se retrouver soi-même et reconstruire sa vie. En 2020 est sortie une série basée sur le livre, qui a, cependant, froissé les représentants de la communauté musulmane du Tatarstan.
Tandis que les lecteurs dévorent les romans cinématographiques de Iakhina (qui a terminé la faculté de scénario de l’école de cinéma de Moscou), les critiques reprochent à l’autrice l’exploitation de thèmes délibérément sensibles. Les deux romans suivants de Iakhina touchent également aux thèmes les plus brûlants de l’histoire soviétique :
- Les Enfants de la Volga sur les Allemands de la Volga, la guerre civile, la famine et la déportation.
- Convoi pour Samarkand sur des orphelins affamés de la région de la Volga, qui sont évacués par train au Sud.
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7. Evgueni Vodolazkine
Docteur en philologie, élève de Dmitri Likhatchov et spécialiste de la littérature de l’ancienne Rus’, Vodolazkine est l’un des auteurs russes contemporains les plus populaires et les plus reconnus. Ses romans sont traduits dans des dizaines de langues.
La bestseller qui a rendu célèbre Vodolazkine, Les Quatre vies d’Arseni, raconte l’histoire d’un jeune-homme du Moyen-Âge qui a perdu la femme qu’il aime. Incapable de surmonter sa peine, il consacre sa vie à Dieu et part dans une espèce d’Odyssée à la recherche de l’âme dans le pays. Il renonce à ses propres désirs, sert les gens, devient fol-en-Christ et soigne même les maladies. Des critiques de nombreux pays concordent pour affirmer que c’est l’un des meilleurs livres sur Dieu écrits dernièrement.
Tous les livres de Vodolazkine sont très différents et très singuliers, mais une chose les unit – ils explorent tous le passé et le présent, la question de l’histoire et du cours du temps. Parmi eux :
- La nouvelle Soloviev et Larionov sur un général blanc et un étudiant, qui travaille sur sa biographie.
- Le roman L’Aviateur sur un prisonnier du goulag des Solovki, qui se retrouve cryogénisé dans un laboratoire expérimental et est décongelé dans les années 1990.
- Le roman Justification d’une île, stylisé comme une chronique ancienne.
- Le roman Tchaguine sur un homme qui a la particularité de se souvenir de tout et de ne rien oublier.
8. Zakhar Prilepine
Zakhar Prilepine est une figure politique et publique, un animateur télé, et bien sûr, un grand écrivain. De plus, son énergie créative s’incarne notamment dans l’enregistrement de chansons avec des rappeurs, ou dans la direction de la partie littéraire du Théâtre d’art Maxime Gorki. Aujourd’hui, il produit de plus en plus de non-fiction, et écrit notamment des biographies d’écrivains.
Il a commencé au service de l’OMON (force antiémeute russe, ndlr) à Riazan, et ses nouvelles et romans présentaient une prose virile décrivant la vie et les mœurs du peuple. Nombre de ses écrits étaient basés sur sa propre vie. Voici quelques-uns d’entre eux :
- Le roman Pathologies sur la guerre en Tchétchénie, que l’auteur a vue de ses propres yeux.
- Le roman Sankia, avec lequel Prilepine a été propulsé dans la grande littérature. Il évoque la vie quotidienne d’un révolutionnaire radical. C’était jadis la vie de Prilepine lui-même, qui a été membre du mouvement national-bolchévique d’Édouard Limonov.
- Le roman Le Péché, un bestseller sur la façon dont un simple garçon de province grandit et fait face à la réalité.
- Le travail monumental L’Archipel des Solovki, sur la façon dont un petit garçon essaye de survivre dans le camp des Solovki dans les années 1920.
9. Marina Stepnova
Stepnova a grandi dans une famille de médecins, a travaillé en tant qu’infirmière au département d’oncologie et, lorsqu’elle n’avait que 15 ans, a vu « de véritables et effrayantes souffrances humaines ». Plus tard, elle a reçu un diplôme de traductrice et une formation littéraire. Pendant de nombreuses années, elle a été rédactrice du magazine pour hommes XXL. Puis, après sa fermeture, elle a commencé à écrire des livres, et aujourd’hui, on peut la considérer comme une digne héritière du grand roman russe. Les caractéristiques d’une excellente prose classique peuvent être retrouvées dans de nombreuses de ses œuvres, par exemple :
- Dans le roman Le Chirurgien, où elle décrit son expérience dans le domaine de la médecine et où sont racontées deux histoires parallèles, étrangement liées, d’un chirurgien esthétique et d’un dictateur persan du XIe siècle.
- Dans le roman Les Femmes de Lazare, qui raconte l’histoire du génie Lazare Lindt à travers les souvenirs de trois femmes, de générations différentes, qu’il a aimées.
- Et dans le roman Le Jardin, qui transporte le lecteur au XIXe siècle, avec une héroïne « à la Tourgueniev », très libre et indépendante.
10. Lioudmila Oulitskaïa
La méthode d’Oulitskaïa consiste à observer la vie de plusieurs générations d’une même famille avec pour toile de fond les événements historiques. Elle s’inquiète de la façon la politique et les régimes (surtout totalitaires) influent sur le destin d’une personne. Oulitskaïa assume faire de la propagande des idéaux humanistes et de l’amour.
L’écrivaine a déclaré qu’il ne fallait plus s’attendre à de grands romans de sa part, mais les lecteurs espèrent au moins un recueil de nouvelles, et relisent en attendant les plus importants, sortis auparavant :
- Le Chapiteau vert - une fresque haute en couleurs de la société soviétique des années 1960-70 montrant les dissidents, l’autoédition et l’absurdité de la machine bureaucratique, qui empêche les personnes qui pensent de travailler et de vivre.
- Daniel Stein, interprète - un roman basé sur l’histoire vraie d’un juif polonais qui a servi dans la Gestapo et sauvait des personnes, puis est devenu prêtre catholique en Israël. Le livre est une tentative de réconcilier le christianisme, l’islam et le judaïsme.
- L’Échelle de Jacob - un roman dans lequel Oulitskaïa révèle l’histoire de son grand-père, qui a vécu l’horreur des camps de concentration.
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