Quelles sont les dix principales villes, où bat le cœur du Nord russe?

Tourisme
ANNA SOROKINA
Le Nord russe est une civilisation unique, qui s’est formée il y a plusieurs siècles sur les rives de rivières et de mers froides. C’est ici que d’immenses maisons et églises en bois ont été construites sans le moindre clou, et que l’on a créé des objets d’artisanat traditionnels étonnants, que l’on ne trouve nulle part ailleurs.

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Le concept même de Nord russe est apparu à la fin du XIXe siècle dans les archives du gouverneur d’Arkhangelsk, qui appelait ainsi la culture commune des habitants du nord-ouest de la Russie. Pour la plupart, les créateurs de cette civilisation étaient les descendants des pêcheurs pomors qui vivaient dans ces lieux hostiles il y a plusieurs siècles.

Les habitants du Nord russe conservent leurs traditions, ont leur propre parler, leur cuisine caractéristique, ainsi qu’un artisanat unique.

Le territoire du Nord russe est conventionnellement limité par les rivages de la mer de Barents et de la mer Blanche, ainsi que par les rives de la Dvina septentrionale, de l’Onega, de la Cheksna et de la Petchora. Sur une carte moderne, il comprendrait l’ensemble de la région de Vologda, la quasi-totalité de celle d’Arkhangelsk, la région de Mourmansk, les républiques de Carélie et des Komis, le district autonome de Nénétsie (dans l’Empire russe, ces régions faisaient partie du gouvernorat d’Arkhangelsk) et une partie de la région de Kirov. Certains chercheurs incluent également une partie de la région de Perm. Voici les principales villes qui ont préservé l’atmosphère du Nord russe.

Vologda (311 628 habitants)

Un voyage dans le Nord russe commence par Vologda, son âme et sa « capitale » tacite. La ville a été mentionnée pour la première fois en 1147, tout comme Moscou. Historiquement, Vologda a joué un rôle important dans le commerce avec l’Angleterre.

La ville est célèbre pour son kremlin en pierre blanche du XVIe siècle, ses maisons en bois aux chambranles sculptés, sa peinture d’icônes et, bien sûr, sa dentelle. À Vologda, il existe même un monument dédié à la lettre « О » réalisé en « dentelle » de métal. Savez-vous pourquoi cette lettre ? Parce que le dialecte russe du nord est caractérisé par sa prononciation distincte du « О ».

Veliki Oustioug (28 266 habitants)

La région de Vologda compte un grand nombre de villes et de villages anciens, qui méritent tous d’être visités. Parmi eux, se distingue Veliki Oustioug, qui a le même âge que Vologda et dont les foires, à l’époque d’Ivan le Terrible, rivalisaient avec celles de Moscou. Tout cela en raison de sa position favorable : deux rivières, la Soukhona et le Ioug (« Oust-Ioug » signifie littéralement « embouchure de la rivière Ioug »), se rejoignent ici, ce qui permet d’atteindre rapidement la Dvina septentrionale et, plus loin, la mer Blanche.

En outre, Veliki Oustioug était célèbre pour ses artisans : c’est le berceau du « gel sur fer-blanc », de la sculpture de Chemogodsk sur écorce de bouleau, du niellage nordique sur argent et de bien d’autres artisanats que l’on ne trouve nulle part ailleurs.

Aujourd’hui, Veliki Oustioug est également l’un des endroits les plus populaires de Russie pour le tourisme d’hiver, car c’est ici que se trouve la résidence officielle de Ded Moroz (Père Gel), le Père Noël russe.

Arkhangelsk (298 617 habitants)

Avant la construction de Saint-Pétersbourg, Arkhangelsk était la « fenêtre sur l’Europe » commerciale et culturelle de la Russie. C’est par le port de cette ville que transitaient les principales cargaisons en provenance de l’Ouest à destination de la Sibérie et de la Russie centrale, et vice-versa. La date officielle de la fondation d’Arkhangelsk est 1584, bien qu’il y ait eu des colonies encore plus tôt, principalement pomores, et c’est pour cette raison que la ville est considérée comme la capitale des Pomors.

Les anciennes maisons de marchands en bois ont été préservées dans les rues centrales. Aujourd’hui, ce sont surtout des musées et des boutiques de souvenirs. L’on y trouve également des restaurants branchés, où les plats traditionnels pomors sont préparés dans une ambiance moderne. L’endroit le plus populaire pour les habitants est la rive de la Dvina, où l’histoire de la ville a commencé.

Vous pourrez en outre voir des maisons en bois pomores et des moulins colossaux de plusieurs statures humaines au musée Malyé Korely, situé à quelques kilomètres d’Arkhangelsk.

Kargopol (8 849 habitants)

Cette petite ville provinciale du sud de la région d’Arkhangelsk a été établie dès le XIIe siècle. Elle est située sur la rive de l’un des principaux fleuves du nord, l’Onega, qui mène directement à la mer Blanche. Kargopol est célèbre non seulement pour ses maisons canoniques en bois, mais aussi pour ses jouets en argile peinte. Les maîtres fabriquent de la vaisselle et des figurines de personnes et d’animaux aux motifs inhabituels à partir de l’argile rouge locale.

Kandalakcha (28 438 habitants)

Kandalakcha est l’une des plus anciennes colonies pomores de la mer Blanche, fondée en 1526, et l’une des plus grandes villes de Russie au-dessus du cercle polaire (67°09′). Aujourd’hui, c’est une cité industrielle dotée d’une fonderie d’aluminium, d’une scierie et d’un port maritime. Le centre de Kandalakcha comporte des bâtiments soviétiques et modernes, mais il vaut la peine de se promener le long de la côte de la mer Blanche pour voir le vrai héritage pomor. De l’automne au printemps, il est possible d’y observer des aurores boréales.

Dans les environs, l’on trouve également d’antiques labyrinthes en pierre, dont l’utilité reste mystérieuse.

Totma (8 647 habitants)

Fondée en 1137, Totma est un véritable « coin perdu ». Le trajet jusqu’à Vologda dure 4 heures ! Et imaginez qu’ici vous pouvez voir d’immenses temples dans le style du « baroque de Totma », décorés d’ornements en dentelle de pierre.

Totma est le lieu de naissance du marchand Ivan Kouskov qui, en 1808, a effectué un voyage en mer vers les côtes américaines et a fondé Fort Ross en Californie. C’est pourquoi il existe une tradition dans la ville : en été, la Journée de l’Amérique russe est célébrée ici.

Solvytchegodsk (1 952 habitants)

Aujourd’hui, le sel est un produit des plus accessibles pour nous. Il y a quelques siècles, il était cependant apprécié à sa juste valeur, non seulement comme assaisonnement, mais aussi comme conservateur naturel. L’un des centres d’extraction de cette denrée était la ville de Solvytchegodsk, dans la région d’Arkhangelsk. Elle était située à un endroit pratique, sur la route de Veliki Oustioug à Arkhangelsk, et est rapidement devenue prospère. Outre le sel, la ville était également un centre artistique : elle était célèbre pour ses peintures d’icônes et son émail.

Belozersk (8 183 habitants)

Belozersk est l’une des plus anciennes villes de notre pays, connue depuis le milieu du IXe siècle. Elle est située sur les rives du lac Beloïé et, à l’époque de la Russie médiévale, c’est par là que passait la route commerciale « des Varègues aux Grecs », c’est-à-dire vers Byzance. Les archéologues pensent qu’à l’origine, Belozersk se trouvait 17 km à l’ouest, à la source de la rivière Cheksna (le site du village de Krokhino a été inondé lors de la construction du réservoir). Néanmoins, la ville existe à son emplacement actuel depuis au moins le XIVe siècle, et d’anciennes églises et maisons nordiques en bois y ont été préservées.

À environ 40 kilomètres de Belozersk, se trouve une autre ville nordique ancienne, Kirillov, connue pour son monastère Kirillo-Belozerski.

Kem (9 712 habitants)

L’un des principaux centres de la culture pomore en Carélie, la ville de Kem a été fondée au milieu du XVe siècle. La cité elle-même est petite, l’on peut en faire le tour en quelques heures. À la gare, elle peut sembler grise et triste, plus une ville de transit que de valeur historique.

Sa beauté principale se trouve en réalité à la périphérie. C’est l’un des rares endroits où l’on peut pénétrer dans une cathédrale en bois datant des années 1710 et voir des maisons en bois datant d’avant la révolution, entourées par la rude nature carélienne. Kem, comme aux siècles précédents, reste une étape sur la route vers l’archipel des Solovki, ainsi que vers les petits villages pomors le long de la mer Blanche.

Tikhvine (54 286 habitants)

Dans la région de Leningrad, où l’on trouve surtout des villes à l’architecture « européenne » (Saint-Pétersbourg, Gatchina, Vyborg), il existe un petit morceau du vrai Nord russe. Tikhvine a été fondée en 1383 au carrefour des routes commerciales fluviales allant de la Volga à la mer Baltique. Aujourd’hui encore, elle est traversée par la voie ferrée qui mène à Arkhangelsk et Vologda. 

La principale curiosité de la ville est le monastère de la Dormition, datant de 1560, où est conservée l’icône miraculeuse de la Mère de Dieu de Tikhvine.

Bonus : Veliki Novgorod (223 191 habitants)

Jusqu’au XVIe siècle, Veliki Novgorod possédait de vastes terres jusqu’à la mer Blanche et rivalisait avec Moscou. Les premiers habitants du Nord russe ont été les Novgorodiens. Bien qu’aujourd’hui Veliki Novgorod elle-même ne soit pas apparentée aux terres du Nord russe (en raison de la présence de caractéristiques culturelles ultérieures), l’on peut voir dans cette ville ancienne (connue depuis le Xe siècle) des monuments de l’architecture monumentale des terres du Nord. Ils sont rassemblés dans le musée de l’ancien village de Vitoslavlitsy.

Dans cet autre article, les sept plus grandes villes de Russie au-delà du cercle arctique.

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