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Le jour où j'ai quitté la capitale russe, tous les vols à destination de Sotchi étaient surréservés. Nous étions en novembre 2021 et la demande pour quitter la grisaille et la neige fondue de Moscou était si forte que la plus grande compagnie aérienne de Russie a dû utiliser des avions plus grands pour accueillir tous ceux qui voulaient se rendre dans la chaleur de Sotchi. Les Moscovites se dirigeaient vers le sud en masse, à la manière des oiseaux migrateurs qui quittent les régions froides du nord à l'automne.
Lorsque l'avion a atterri à Sotchi, il n’était pas difficile de comprendre pourquoi cette ville au bord de la mer Noire est l'une des destinations de vacances les plus populaires en Russie. Une mer bleue semblant nous inviter à elle, avec une eau qui paraît assez chaude pour s'y baigner, même en novembre, accueille chaque visiteur.
S'attendant à voir arriver des touristes de Moscou et d'autres régions du nord du pays, les autorités de Sotchi ont informé les hôtels qu'ils ne devaient laisser entrer que les personnes munies d'un code QR indiquant qu'elles avaient été vaccinées ou qu'elles s'étaient remises récemment de la Covid ou qu'elles avaient été récemment testées négatives. Les autorités locales ne voulaient pas que la ville devienne un point chaud pour le virus à un moment où le nombre de cas augmentait à un rythme alarmant en Russie. Comme j'avais de la famille à Sotchi, je n'ai toutefois pas eu besoin d'aller à l'hôtel.
Des rumeurs faisaient état d'un confinement dans la ville, mais j'ai eu le privilège de séjourner dans une maison indépendante avec un espace extérieur privé et une grande terrasse.
Heureusement, il n'y a pas eu de confinement local et on aurait pu facilement se laisser aller à penser qu'il n'y avait pas de pandémie dans cette partie de la Russie. Absolument personne ne portait de masque dans le seul moyen de transport public de la ville, le bus. Les restaurants affichaient des pancartes demandant aux gens de porter un masque avant d'entrer, mais cette consigne n'était pas appliquée. J'étais arrivé dans la ville cinq jours avant le début de la semaine chômée (déclarée par le président russe Vladimir Poutine) et il n'y avait donc aucune restriction d'aucune sorte.
Le seul endroit où le port du masque était obligatoire était le centre multifonctionnel de services publics « Mes documents ». En tant qu'étranger, j'étais obligé d'enregistrer mon visa dans la ville, je m’y suis donc rendu avec mon hôte. La vue de la quantité de personnes présentes sur place m'a stupéfié. Un grand nombre d'entre elles étaient ici pour enregistrer leur propriété dans la ville. Sotchi est en effet devenue une destination très populaire pour les personnes à la recherche de résidences secondaires. Une de mes amies qui travaille comme agent immobilier m'a dit qu'elle accompagnait presque tous les jours des acheteurs potentiels d'autres régions de Russie pour leur présenter des biens.
La région de Krasnodar, dans laquelle se trouve Sotchi, est également une destination de retraite très prisée des personnes originaires de Sibérie, de l'Extrême-Orient russe et d'autres régions du nord du pays. Alors que le coût du logement augmente à Sotchi et dans toute la région, le coût de la vie est nettement inférieur et les fruits et légumes frais y sont abondants tout au long de l'année. Et franchement, qui ne voudrait pas vivre dans un climat aussi merveilleux ?
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S'il ne fait aucun doute que Sotchi dispose d'infrastructures de classe mondiale, notamment d'une autoroute d'une beauté époustouflante qui longe la côte et relie l'aéroport au centre-ville, elle est très différente des villes glamour de la mer Noire du XIXe siècle, comme Odessa en Ukraine ou Constanţa en Roumanie. La ville a été fondée en 1838, mais il ne reste pratiquement aucune architecture de l'époque.
Elle a été promue ville de villégiature à l'époque soviétique, mais des bâtiments modernes et huppés remplacent rapidement les structures construites dans les années 1950-1960, notamment dans le centre.
Sotchi donne également l'impression d'être une ville italienne. Avec son relief vallonné, certains endroits du centre offrent des vues panoramiques absolument époustouflantes sur la mer Noire.
La plus grande attraction du centre-ville est le terminal maritime de passagers qui a été construit dans le style stalinien au milieu des années 1950. Le bâtiment est surmonté d'une tour à trois étages de 71 mètres de haut et d'une flèche en acier inoxydable poli. La zone autour est l'un des principaux pôles d'activité de la ville. Il existe des services réguliers de ferry entre Sotchi et d'autres ports de la mer Noire en Russie et dans les pays voisins. Si le temps vous manque, la meilleure option est alors une virée d'une heure en bateau.
J'ai eu de la chance avec la météo et j'ai pris la mer par un après-midi chaud et ensoleillé. La plus grande surprise qui m'attendait était la vue sur les montagnes du Caucase depuis les eaux. Elles s'élèvent au-dessus de Sotchi comme un protecteur géant. Une plage de galets blancs se trouve en outre à quelques pas du terminal et, tout au long de mon séjour dans la ville, l'eau était suffisamment chaude pour s'y baigner.
Comme la ville a l'habitude d'accueillir des touristes du monde entier (grâce aux Jeux olympiques d'hiver de 2014), on trouve plusieurs restaurants de grande qualité sur le front de mer. Si vous n'êtes pas végétarien, ce serait un péché de quitter Sotchi sans essayer le rouget qui figure au menu d'à peu près tous les établissements de bord de mer.
La cité est également très attachée à son côté italien et un certain nombre de marchands de glace et de restaurants italiens ont vu le jour dans le centre-ville. Disons que les glaces italiennes de Sotchi sont plus authentiques que les plats principaux italiens qui y sont proposés et qui ressemblent à des versions russifiées, malgré les efforts des chefs pour être authentiques.
Les restaurants du centre-ville s'adressent spécialement aux touristes, et les prix sont donc comparables à ceux que vous payeriez à Moscou.
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Ce qui rend Sotchi unique, ce sont bien sûr ses palmiers. Imaginez une ville de Russie avec des palmiers verts et une température de +14°C, même en février !
Lorsque je suis en vacances, je cherche toujours un endroit où je peux trouver un peu de paix et de tranquillité et lire un livre ou griffonner dans un journal. À Sotchi, l'endroit idéal pour ces activités paisibles est l'Arboretum (Dendrarium, comme on l'appelle en russe). Ce parc magnifiquement aménagé regorge de vastes pelouses, de fontaines, de pavillons néoclassiques et d'une grande variété d'arbres. Il compte 24 espèces de palmiers, 80 espèces de chênes et 76 espèces de pins. Un téléphérique se rend jusqu'au sommet d'une colline, mais il n'était pas fonctionnel lorsque j'ai visité le jardin. Cependant, arrivez à 8 heures du matin et vous aurez l'endroit entier pour vous.
Lorsque vous vivez comme un local avec une famille russe à Sotchi, vous voyez une autre facette de la ville. Il s'agit d'un Sotchi exempt de touristes (et de prix touristiques). Conduisez à quelques kilomètres de là et vous apercevrez une série de nouveaux lotissements en bordure de forêts tempérées vallonnées.
En parcourant ces collines, nous avions l'impression de nous trouver dans n'importe quelle forêt d'automne de Russie centrale. Le feuillage, les champignons et l'odeur fraîche du pin nous ont accueillis sur la piste. Nous avons également pu voir de charmantes et pittoresques maisons en bois sur ces hauteurs boisées. Ce qui est étonnant, c'est que les zones touristiques ne sont qu'à une courte distance en voiture, mais elles pourraient aussi bien être dans une autre partie du continent. La paix et la tranquillité sont telles !
À l'écart du centre, on trouve également de petites boulangeries et des cafés qui servent des plats d'Arménie et d'autres régions du Caucase du Sud. C'est là que j'ai goûté pour la première fois au djach, un ragoût à base de tomates, et à une variété de plats à base de boulghour. Certains cafés servent également du tchatcha, une eau-de-vie de raisin claire et forte. La teneur en alcool varie de 40 à 65%. Assurez-vous donc de connaître sa teneur en alcool avant de l'engloutir comme une vodka !
Cette influence d'endroits comme l'Arménie, l'Adyguée, l'Abkhazie et la Géorgie (situées non loin de Sotchi) est également visible dans les marchés grouillants de la ville. L'une des meilleures façons de profiter de toutes les délicatesses de ces lieux est de faire des emplettes et des provisions sur ces marchés pour un pique-nique dans les forêts à l'extérieur du centre.
Nous avons également pu découvrir la scène culturelle florissante de Sotchi. Les salles de concert locales sont largement subventionnées et un billet pour un concert de musique d'orgue ne m'a coûté que 250 roubles (3 euros). En plus de la musique instrumentale de classe mondiale, nous avons eu la chance d'écouter des chanteurs interprétant des chansons traditionnelles des régions voisines.
À en juger par le ciel bleu, le soleil chaud, les nuages blancs comme du lait et la brise légère jusqu'au cœur de novembre, je peux finalement affirmer que ces régions rurales paisibles méritent vraiment une visite hors saison.
Dans cet autre article, nous vous présentions cette véritable favela apparue en plein cœur de Sotchi.
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