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« Il existe un mythe à l'étranger selon lequel la Russie serait à la traîne dans le domaine de la robotique », s’insurge Viktor Mourakhovski, un expert militaire russe de premier plan et rédacteur en chef du magazine Arsenal de la Patrie. Et ce alors qu’aucune autre armée au monde ne possède la variété de véhicules sans pilote et de drones dont peut se targuer la Russie. Et toutes les conditions préalables sont réunies pour que cette tendance aille en s’intensifiant.
« L'armée russe est l'héritière de l'Armée rouge, qui a créé des chars télécommandés dans les années 1930. Après la guerre, l'aviation sans pilote se développait activement en URSS et j'ai personnellement participé aux travaux sur le contrôle à distance des chars modernes. Désormais, ces domaines sont également développés très activement. Et s'il y a un certain retard par rapport au niveau de pointe des drones, en ce qui concerne les robots terrestres et maritimes, la Fédération de Russie a le programme le plus vaste au monde », explique l'expert.
Exercices pour robots
La Russie et son allié stratégique, la Biélorussie, ont organisé en septembre l’exercice à grande échelle Zapad-2021, au cours duquel des innovations techniques et tactiques ont été présentées. À cette occasion, le grand public a entendu pour la première fois parler des véhicules d'infanterie BM-19 avec le module de combat Epokha et des nouveaux drones militaires, meurtriers, mais portant le nom affectueux de Lastotchka (hirondelle). Cependant, la plus forte impression lors de Zapad-2021 a été produite par l'aviation et les systèmes robotiques au sol. Lors de l'épisode principal des exercices, les frappes sur un ennemi conventionnel ont été menées simultanément par trois types d'avions – Forpost, Lastotchka et Inokhodets - et deux modèles de robots de combat - Uran-9 et Nerekhta. Les autres jours, des robots Platform-M armés de mitrailleuses et de lance-grenades étaient également en action.
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La première expérience d'utilisation de robots au sol au sein d’une formation avec des humains a eu lieu lors de l'exercice Zapad. Coordonnant leurs actions avec des fusiliers motorisés, les Uran-9 et Nerekhta ont détruit diverses cibles. Les Uran, plus gros et plus lourds, ont tiré des missiles guidés sur des véhicules blindés de l’ennemi conventionnel.
Uran-9 est actuellement le plus grand robot russe. Ses « grandes oreilles » caractéristiques sont liées aux lanceurs situés sur les côtés, et le robot appartient aux complexes de classe moyenne. Uran-9 est armé d'un canon automatique de 30 mm, de missiles guidés antichars Ataka et de lance-flammes Chmel. La masse du véhicule de combat atteint 12 tonnes, ce qui est légèrement inférieur à celui du BMP-2.
Une multitude de drones et de robots russes sont encore en développement. Parmi les drones d'attaque, on peut citer des programmes comme Altius, Okhotnik, Sirius, Karnivora, les drones hélicoptères Platforma, le système groupé Molnia et d’autres. À l'avenir, les robots terrestres capables de transporter diverses armes seront rejoints par les systèmes lourds Chtourm et moyen Soratnik, les robots Marker et même, probablement, un char sans pilote Armata.
Selon l'expert russe dans le domaine des véhicules aériens sans pilote Denis Fedoutinov, les exercices passés Zapad-2021 se sont réellement distingués par l'utilisation à la plus grande échelle de divers systèmes sans pilote et robotiques, certains ayant été utilisés pour la première fois. Dans le même temps, souligne l'expert, ils ne couvrent pas tout le spectre des drones aériens créés en Russie : par exemple, le drone lourd Altius à haute altitude et l’Okhotnik, lourd et discret, rejoindront les Forpost et Inokhodets à l’avenir.
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« Surmonter le retard dans ce domaine, via la création d'une large gamme de base de systèmes de véhicules aériens sans pilote, a nécessité des coûts financiers et en temps importants, ce qui a constitué d’une certaine façon une leçon pour l'armée russe, qui accorde désormais une haute priorité aux véhicules aériens sans pilote », note Fedoutinov.
Dans le même temps, note Mourakhovski, en matière de robots terrestres, la Russie couvre aujourd'hui l'ensemble des classes existantes - des véhicules de reconnaissance, de déminage et de soutien aux véhicules de combat. « En termes de taille, la Russie possède toute la gamme, des modèles miniatures de forme sphérique pouvant être lancés à la main au sol, aux complexes lourds de type Chtourm basés sur les principaux chars. Et en termes de diversité de la charge utile des robots de combat, qu'il s'agisse de combat ou de reconnaissance, la Fédération de Russie est dans le peloton de tête », ajoute l'expert.
Divisions de robots
L'industrie russe travaille également au renforcement de l'automatisation des équipements et armes conventionnels contrôlés par l'homme. L'intelligence de l'ordinateur de bord Su-57, ou pilote virtuel, permet au chasseur d'effectuer la plupart de ses missions sans pilote assis à l’intérieur. Même les vieux obusiers tractés sont censés être à terme automatisés et contrôlés à distance.
À titre de comparaison : dans l'armée américaine, un système développé de véhicules aériens sans pilote est utilisé aujourd'hui, mais il existe une lacune dans le domaine des véhicules terrestres sans pilote. Auparavant, l'armée américaine avait lancé le programme « Systèmes de combat du futur » ; en particulier, il était prévu de créer un véhicule d'assaut robotique pesant jusqu'à 10 tonnes. Il aurait dû posséder les mêmes armements que l’Uran russe - un canon de 25 mm, une mitrailleuse et des missiles antichars guidés. Cependant, le projet a été annulé. Actuellement, les forces terrestres américaines n'utilisent que des minirobots armés de mitrailleuses ne dépassant pas 45 kilogrammes.
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Parallèlement à la robotisation, l'armée russe développe l'idée de créer un système unifié de reconnaissance et de frappe, très similaire aux opérations réseau-centrées proposées aux États-Unis. Les deux approches supposent que tous les équipements impliqués dans le combat - qu'il s'agisse d'avions et de drones dans les airs, de véhicules de combat, de soldats et de robots au sol, de satellites dans l'espace, etc. - sont regroupés au sein d’un système unifié par des canaux de transmission de données. De plus, cet échange d'informations devrait avoir lieu en temps réel. Cela permettra d'obtenir une supériorité informationnelle sur l'ennemi.
Des systèmes spécifiques de transmission et de traitement de données sont déjà installés sur certaines armes - des chars et des obusiers dotés de tels équipements, des hélicoptères d'attaque et des avions d'attaque ont été annoncés. L'inclusion de drones aériens militaires et de robots de combat dans un espace informationnel unique avec une utilisation toujours croissante d'éléments d'intelligence artificielle pourrait constituer l'une des futures étapes de ce programme.
Comme l'a noté Mourakhovski, à l'avenir, des zones entières du théâtre d'opérations militaires pourraient être entièrement affectées à l'utilisation d'unités robotiques. « Selon la vision de l'armée russe, il peut s'agir, par exemple, de tâches de protection des flancs, de garder des routes à l’arrière, ou peut-être de la prise d'assaut des positions ennemies. Ce sera un peloton avancé indépendant, qui effectuera ses tâches de manière autonome sans la participation des hommes, par exemple, dans un environnement urbain, dans lequel les batailles impliquent des pertes potentiellement élevées de personnel », précise l'expert.
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Selon lui, la Russie possède déjà des exemples d'exploitation indépendante de systèmes de combat sans pilote. Les missiles de croisière antinavires russes Onyx fonctionnent au sein d’un « essaim » qui comprend des missiles meneurs et des missiles suiveurs. L'algorithme d'action de cet « essaim » prévoit une grande variété d'options et la définition de la cible principale parmi les navires ennemis, la répartition des autres cibles au sein de l’« essaim », et le choix des trajectoires. « Le groupe fait tout cela de manière autonome », explique Mourakhovski.
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