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Plusieurs films mettront la Russie à l’honneur dans les deux programmes principaux du Festival, « Compétition des longs métrages » et « Un certain regard ». Trois d’entre eux nous sont proposés par des réalisateurs d’avant-garde.
« C’est rassurant de savoir que trois longs-métrages russes seront présentés au Festival, explique Joël Chapron *, expert des films russes reconnu à l’international et conseiller pour le Festival de Cannes depuis 25 ans. La dernière fois que c’est arrivé, c’était en 2007, avec Le Bannissement d’Andreï Zviaguintsev, Alexandra d’Alexandre Sokourov et Rebellion : l'affaire Litvinenko d’Andreï Nekrassov. Les films russes que nous découvrirons cette année décrivent très bien la société russe moderne », continue-t-il.
Léon Tolstoï croyait fermement que si toutes les familles heureuses sont semblables, toutes les familles malheureuses le sont chacune à leur façon. Les malheurs des Petrov sont cependant teintés de fantaisie.
Petrov est mécanicien, et son ex-femme bibliothécaire. Ils sont divorcés, mais vivent encore ensemble avec leur fils, élève à l’école primaire. Petrov est dans le bus pour rentrer chez lui après sa journée de travail quand il se sent soudainement fiévreux. Il se retrouve peu après dans un corbillard, où il boit de la vodka avec une connaissance. Ensuite, il continue de boire avec un professeur de philosophie. Il boit, boit, boit... puis rentre chez lui, où il retrouve son ex-femme et son fils, tous deux grippés. Cette expérience changera leur vie à tous les trois.
Réalisé par le cinéaste acclamé par la critique Kirill Serebrennikov, le film est dans la course pour obtenir la Palme d’Or du 74e Festival de Cannes. Dans Les Petrov, la grippe, etc., Serebrennikov manie différents genres avec autant d’adresse que des artistes de cirque qui marcheraient sur un fil tout en crachant du feu. Mélange de réalité et d’imaginaire, le film est porté par Semion Serzine, Tchoulpan Khamatova, Ioulia Peresild et Iouri Kolokolnikov (qui a notamment joué dans Game of Thrones).
L’œuvre est basée sur le roman éponyme d’Alexeï Salnikov, qui a été publié en 2016 et a reçu plusieurs récompenses.
Serebrennikov explique : « J’ai essayé de décrire notre mère patrie au travers de l’empathie, et de montrer mon enfance, mes peurs et mes joies, l’amour et la haine que j’ai ressentis, ma rage et mon adoration, ma solitude et mes rêves. Je voulais que ce film soit empreint de sensualité et d’amour. [...] Il est totalement sincère et honnête ».
Ce sera le troisième film de Serebrennikov présenté au Festival de Cannes : en 2018, son film Leto était en compétition pour la Palme d’Or, et son drame Le Disciple a été présenté dans la catégorie « Un certain regard » en 2016.
Une étudiante finlandaise prend un train de Moscou à Mourmansk pour essayer d’échapper à son admirateur secret. La jeune fille en fuite se retrouve à partager son compartiment avec un sombre mineur russe. Cette situation, que les protagonistes n’apprécient pas au début, les aidera finalement à combler leur solitude.
Compartiment n° 6 est une coproduction finlandaise, allemande, estonienne et russe qui se déroule à la fin des années 1990. Des producteurs, scénaristes et acteurs russes de pointe ont travaillé sur ce projet, tels que Sergueï Selianov (Le Frère et Le Frère 2) et Iouri Borisov, tête d’affiche du film biographique Kalachnikov. Compartiment n° 6 est réalisé par Juho Kuosmanen, dont le premier long-métrage, Olli Mäki, a gagné le prix principal du programme « Un certain regard » au Festival de Cannes de 2016.
Kuosmanen a tourné Compartiment n° 6 à Saint-Pétersbourg, Moscou, Mourmansk, Petrozavodsk et dans le village de Teriberka, où Andreï Zviaguintsev a créé Léviathan.
Le ministère russe de la Culture a soutenu la création de Compartiment n° 6. « Nous sommes très heureux de voir que le film sera projeté au programme principal du Festival de Cannes. Il est rassurant de savoir que c’est le premier résultat prometteur du concours de coproduction minoritaire organisé par le ministère en 2019 », déclare la ministre de la Culture, Olga Lioubimova.
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Ce drame raconte l’histoire d’un professeur d’université d’âge moyen qui se bat pour ses idéaux de justice sociale et pour la vie elle-même. Il critique les autorités locales sur les réseaux sociaux, et se retrouve bientôt assigné à résidence. Il a alors le sentiment de mener une bataille perdue d’avance.
Merab Ninidze, Anna Mikhalkova, Rosa Khaïroullina, Svetlana Khodtchenkova, Alexandre Pal et Alexandra Bortitch apparaissent dans le film.
Son réalisateur, Alexeï Guerman, est quant à lui un vétéran des festivals. Son drame Soldat de papier a remporté le Lion d’argent à la Mostra de Venise en 2008, son autre drame Sous les nuages électriques a gagné l’Ours d’argent de la meilleure contribution artistique à la Berlinale 2015, et son film Dovlatov a obtenu la même récompense à la Berlinale 2018.
Delo fera sa première mondiale dans le cadre du programme « Un certain regard », réservé aux réalisateurs expérimentaux et prometteurs.
« Pour moi, c’était une expérience, car le film n’a été tourné que dans un seul lieu. C’est une vraie fierté qu’il soit au Festival de Cannes », déclare le réalisateur.
C’est un film minimaliste mais ayant de grandes ambitions :
« Dans l’ensemble, ce film est notre déclaration d’amour à la grande littérature russe : à mes bien-aimés Gogol, Griboïedov et Dostoïevski. Pour moi, le sujet du respect et de la responsabilité que tout citoyen a envers son pays est très important. Notre héros se bat, de son point de vue, pour un futur meilleur, pour la justice ».
Zaour est un papa poule qui couve ses enfants à chaque heure du jour et de la nuit. Ses enfants, eux, sont fatigués de la surprotection fanatique de leur père. La famille vit dans le village de Mizour, dans les montagnes de l’Ossétie du Nord. Le fils ainé, Akim, fuit le village dès qu’il en a l’opportunité et se rend dans la grande ville la plus proche, Rostov-sur-le-Don, pour chercher du travail. Son jeune frère, Dakko, ignore encore tout de la vie, tandis que sa sœur, Ada, cherche également à échapper à son père et à trouver la liberté.
« La première impulsion à la création de cette histoire est une phrase du roman L'Intrus de William Faulkner, qui dit que peu d’entre nous peuvent supporter l’esclavage, mais que personne ne peut supporter la liberté », explique la réalisatrice Kira Kovalenko. Son long métrage fait partie des films marquants du programme « Un certain regard ».
Kira Kovalenko est une étudiante d’Alexandre Sokourov, un maître du cinéma montrant les coins les plus sombres de l’âme humaine. Son premier film, Sofitchka, basé sur l’histoire éponyme de Fazil Iskander, a été présenté au Festival du film Nuits noires de Tallinn de 2016.
Les poings desserrés est produit par Alexandre Rodnianski, qui a auparavant créé le primé Elena, l’oscarisé Léviathan et Faute d’amour d’Andreï Zviaguintsev, ainsi que Tesnota, une vie à l'étroit et Une grande fille (qui a d’ailleurs obtenu le prix de la mise en scène dans la catégorie « Un certain regard », en 2019) de Kantemir Balagov.
Selon Rodnianski, Les poings desserrés est « un travail audacieux et étonnamment mature, qui mêle une profonde compréhension de la psychologie humaine et les talents artistiques évidents de l’auteur. Il est aussi inhabituel dans le sens où il met en lumière l’Ossétie du Nord, qui était jusque-là peu montrée dans le cinéma, presque une terre inconnue ».
Ce drame mystique suit un homme qui essaye de retrouver sa mère disparue dans la steppe kalmouke. Quand il la retrouve enfin, ils entreprennent un voyage métaphysique, pour lequel ils n’avaient jamais eu le temps auparavant. « C’est un mythe moderne, que ceux qui ont perdu quelqu’un de cher ou une part d’eux-mêmes comprendront », déclarait la réalisatrice Ella Manjeïeva.
Cela fait sept ans qu’elle travaille sur White Road. Ella Manjeïeva et ses productrices, Elena Glikman et Victoria Lupik, espèrent pouvoir obtenir des subventions au Festival, et ainsi faire passer le projet à la vitesse supérieure, avec un tournage prévu en septembre.
« Nous avons le soutien du ministère de la Culture russe, et nous avons trouvé des coproducteurs mongols et français. Maintenant, nous avons besoin de trouver un représentant et un distributeur. Nous espérons que notre participation à l’Atelier de la Cinéfondation nous permettra d’atteindre nos objectifs », déclare Victoria Lupik.
L’Atelier donne en effet une chance aux réalisateurs du monde entier d’entrer en contact avec des professionnels de l’industrie et de trouver des financements pour réaliser leurs films. Une quinzaine de projets de longs-métrages est sélectionnée et leurs réalisateurs sont invités au Festival de Cannes, où ils peuvent faire avancer leur projet grâce au réseau qu’ils y construisent.
C’est la première fois en quinze ans qu’un film russe est sélectionné à l’Atelier de la Cinéfondation.
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Il s’agit d’un projet de divertissement multiformat qui encourage les enfants à « explorer le monde magique qui se trouve sous le coussin d’un vieux canapé ».
Under the pillow met en avant Mormitten, une peluche de chat cousue à la main qui deviendra bientôt le meilleur ami des enfants.
C’est une « histoire universelle, sur les valeurs de la famille », qui plaira aux enfants comme aux adultes. L’œuvre fait d’une pierre deux coups, puisqu’il s’agit à la fois d’une histoire interactive en réalité virtuelle et d’une série animée, disponible en anglais et en russe.
Les amateurs d’animation pourront voir Under the pillow au Marché du Film, rendez-vous des professionnels du film qui se déroule conjointement au Festival de Cannes.
* Les propos ont été retraduits de l’anglais
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