Ces villes uniques de Russie dépaysant les Russes eux-mêmes

Evgueni Sofrioneïev, Elena Afonina/TASS; Kirill Braga/Sputnik
Des temples bouddhistes, une forteresse antique et une ville où l'on ne vend pas d'alcool… Aussi étonnant que cela puisse paraître, tout cela se trouve en Russie.

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Près de 200 peuples autochtones vivent en Russie et, dans de nombreuses régions, ils ont conservé leur culture et leur langue traditionnelles. Les villes présentées ici sont frappantes dans leur identité et se distinguent nettement des autres cités du pays.

Kyzyl, capitale de la République du Touva

Place centrale de Kyzyl avec, en fond, le Théâtre national d'art musical et dramaturgique

Le Touva, ou Tyva, est une petite république du Sud de la Sibérie connue comme le berceau du chant guttural. Kyzyl (qui signifie « rouge » en langue touvaine), sa capitale et sa plus grande ville, compte près de 110 000 habitants, dont beaucoup communiquent entre eux en touvain, qui est reconnu comme langue officielle de la république, au même titre que le russe. Les médias locaux sont diffusés en touvain (le présentateur des informations régionales sur la principale chaîne fédérale est d’ailleurs même vêtu d’un costume traditionnel) et les pièces de théâtre sont également jouées dans cette langue turque proche du mongol (même des classiques comme Roméo et Juliette sont traduits).

Kyzyl ne ressemble pas à une ville russe ordinaire : on y trouve de nombreuses sculptures inhabituelles de héros des épopées du Touva, des temples bouddhistes et un grand tambour de prière, cadeau de moines bouddhistes d'un monastère indien. « Les traditions occupent une place très importante dans la vie du Touvain moyen : respect des anciens, modestie asiatique, révérence pour la nature, déclare Daïan Dansiourioun, un photographe de Kyzyl. Actuellement, approche la fête traditionnelle de Chagaa, et on peut facilement voir les gens porter fièrement leur tenue traditionnelle dans les rues ». Dans la ville, où l’architecture asiatique est omniprésente et qui est d’ailleurs considérée comme le cœur géographique de l’Asie, sont organisés des festivals de musique folklorique, des compétitions de sports traditionnels comme le tir à l'arc et des ateliers d'artisanat traditionnel.

Un membre de la société chamanique Adyg-Eeren (

Bien que le bouddhisme et le chamanisme soient majoritaires parmi les Touvains, les habitants font preuve de respect envers les quelques orthodoxes des environs. « Depuis mon enfance, je me souviens que le jour de Pâques, notre famille exprimait sincèrement ses vœux à nos voisins russes pour la fête », se remémore Dayan.

Lire aussi : Kyzyl, ou lorsque la Russie devient centre de l’Asie, contée par un Français

Derbent, République du Daghestan

Vue depuis la forteresse d Naryn-Kala

« Derbent est l'une des plus anciennes villes de Russie, elle ne peut donc pas ne pas être différente de toutes les autres, explique Margarita Samoïlova, qui a quitté la Sibérie pour venir travailler ici. Les bâtiments, les rues ne sont pas comme ceux de ma ville d’origine ». La ville de Derbent, au Daghestan (Caucase), est effectivement l'une des plus insolites du pays. Tout d'abord, elle a plus de 2 000 ans (cette date anniversaire a été célébrée en 2015). L'ancienne forteresse de Derbent avec la mosquée de Djouma est conservée dans la ville depuis le milieu du VIIIe siècle.

Participants du festival des cultures des peuples du Daghestan lors des célébrations des 2000 ans de Derbent

Deuxièmement, cette ville est considérée comme la plus multiculturelle de Russie, à l’image du Daghestan, qui est en réalité une mosaïque de petits peuples. Cette cité de 125 000 habitants possède à la fois des mosquées (chiites et sunnites), des églises orthodoxes et des synagogues – et des festivals des peuples du Daghestan y sont organisés. « Il y a des dizaines d’ethnies qui vivent ici, témoigne Margarita. Bien sûr, ils parlent leurs propres langues entre eux, mais avec moi, ils parlent le russe ».

Elista, capitale de la République de Kalmoukie

Elista et son principal temple

Petite ville au milieu des steppes du Sud de la Russie, elle est un centre de la culture bouddhiste et la capitale des échecs de Russie. Les deux tiers des 100 000 âmes qui y résident sont des Kalmouks, peuple originaire d’Asie, mais vivant dans la partie européenne du pays. Ils pratiquent le bouddhisme et l’on retrouve donc des temples bouddhistes dans et autour de la ville. « Beaucoup est fait maintenant pour préserver la culture et l'héritage du peuple kalmouk », déclare Alan Makht, un habitant de la région. Elista abrite d’ailleurs le plus grand khouroul (nom donné aux temples bouddhistes) d'Europe, appelé L'Adobe d'or du bouddha Shakyamuni et inauguré en 2005.

Moulins à prières installés autour du temple de L'Adobe d'or du bouddha Shakyamuni

Par ailleurs, en 1997, la Cité des échecs a été érigée au sud-est de la ville pour le Championnat du monde d'échecs, afin d’héberger les participants. « C'est l'un de mes endroits préférés en ville », assure Alan. Chaque bâtiment y a un nom en lien avec cette discipline : la Dame, la Tour blanche... Le bâtiment principal est le Palais des Échecs, dont le sol ressemble à un échiquier (et sur lequel on peut jouer).

Lire aussi : La Kalmoukie, cette Russie où se mêlent déserts et bouddhisme, explorée par un Français

Grozny, capitale de la République de Tchétchénie

Grozny est une métropole moderne avec des gratte-ciel, des centres commerciaux, de larges avenues et une saveur orientale. L’islam étant ici la religion dominante, les femmes portent le voile et de longues jupes. Le tabagisme n'y est pas encouragé, c'est pourquoi on ne rencontrera presque jamais un homme avec une cigarette dans la rue. L'alcool n'est pas non plus à l'honneur : on ne peut en acheter qu'entre 8 et 10 heures du matin dans les grands supermarchés, et le soir dans un seul restaurant de cette ville de pourtant 300 000 habitants.

Il n'y a pas de bars ni de boîtes de nuit dans la capitale tchétchène, mais on y trouve un immense stade de football moderne, des théâtres qui accueillent des spectacles en russe et en tchétchène, ainsi que de nombreux parcs.

S’y trouve aussi la plus grande mosquée d'Europe, baptisée Cœur de la Tchétchénie, ayant une capacité de 10 000 places et disposant d'un somptueux jardin, de fontaines et d'un hôtel. « La mosquée Cœur de la Tchétchénie est l'un des plus beaux endroits de la ville, confirme Diana, professeur d'équitation. Et puis il y a le parc floral, la plateforme d'observation Escalier vers les cieux, le parc équestre Siradine... Pour moi, la ville est confortable à 100% ! ».

Elle affirme en outre que les invités à Grozny sont toujours accueillis chaleureusement. « Nous sommes heureux de voir chaque touriste et l’accueillons avec une âme pure ».

Iakoutsk, capitale de la République de Sakha (Iakoutie)

Vue sur Iakoutsk et le fleuve de la Léna

C'est l'une des villes les plus étonnantes de Russie, qui combine la culture iakoute, le froid sibérien et l'architecture typique du permafrost. Pour que la chaleur des édifices ne fasse pas fondre ce dernier, tous les bâtiments ici sont sur pilotis, tandis que les façades sont peintes de couleurs vives, aidant à se repérer (et à garder le sourire) dans le blizzard. En hiver, de nombreux habitants portent des bottes traditionnelles iakoutes « ounty » en fourrure et des valenki russes en feutre, car on ne peut pas aller bien loin avec des souliers ordinaires.

Poissonnière sur le marché central de Iakoutsk, par -43°

À Iakoutsk, de jeunes urbanistes travaillent activement à la création de nouveaux parcs et espaces de loisirs. « Les architectes veulent voir une ville moderne, et notre tâche est de créer des espaces publics en tenant compte du climat », déclare l'architecte Sergueï Permiakov. Néanmoins, ils s’efforcent d’y inclure l’identité iakoute, et même les conduites de chaleur de la ville sont par conséquent décorées de panneaux aux motifs traditionnels.

Dans cet autre article, explorez par vous-mêmes quelques-uns des plus extraordinaires lieux de Russie à l’aide d’images interactives.

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