Tchétchénie: que savoir avant de visiter cette région tristement (et faussement) réputée?

Yelena Afonina/TASS
Région russe considérée, à tort, comme l’une des plus dangereuses du pays, la République de Tchétchénie apparait en réalité tel un oasis d’authenticité et de lieux méconnus mais fabuleux. De par les traditions locales, certains aspects sont toutefois à garder à l’esprit si vous ambitionnez d’y séjourner. Russia Beyond vous présente ici ses meilleurs conseils.

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1. Est-ce sécurisé de se rendre en Tchétchénie?

Oui, ça l’est. Mais il faut comprendre qu’il s’agit d’une région très conservatrice, dont la population est majoritairement musulmane. Certains comportements sont par conséquent à éviter absolument, notamment ceux liés à la surconsommation d’alcool.

Les officiers de la police locale se montreront en effet toujours polis envers vous, mais n’hésiteront pas un seul instant à vous passer les menottes en cas d’actes jugés inadéquats. Il est d’autant plus préférable d’éviter de les provoquer, qu’en Tchétchénie tout policier est armé d’un AK et d’un pistolet, dont ils savent parfaitement faire usage, la région ayant été tourmentée durant des décennies par de violents groupes séparatistes.

Aujourd’hui, cette République est bien plus paisible et Grozny, sa capitale, a même été élue ville la plus sûre de Russie en 2016.

2. Comment y aller?

Il existe plusieurs moyens pour se rendre en Tchétchénie. Le premier est de réserver un vol direct de Moscou à Grozny. Deux allers-retours sont effectués quotidiennement et il s’agit du mode de transport le plus simple et rapide pour rejoindre les terres tchétchènes.

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Il est également possible de vous lancer dans un roadtrip. Grozny se trouve à 1 857 kilomètres de Moscou par la route, et vous devriez apprécier de parcourir des voies flambant neuves (ce qui est appréciable lorsque l’on connait la réputation des routes russes). Sur le chemin, n’hésitez pas à faire un détour par plusieurs grandes villes, notamment Voronej et Rostov-sur-le-Don. Ainsi, si vous souhaitez contempler la Russie provinciale avant votre arrivée en Tchétchénie, cette variante est parfaite. Si cette alternative vous séduit, mais que vous ne voulez pas prendre le volant, notez que des bus assurent la liaison quotidiennement. Pour ces 23 heures de trajet il vous faudra alors compter environ 3 200 roubles (44 euros).

Vous pouvez aussi opter pour le train ! Un billet en platzkart vous en coûtera 3 500 roubles environ (48 euros), mais le trajet dure tout de même 41 heures !

3. Comment communiquer avec les locaux?

Pour les habitants d’une région qui était il y a peu encore un véritable champ de bataille, les Tchétchènes sont étonnamment très sociables et curieux. S’ils n’ont pas l’habitude de voir beaucoup de touristes, en raison de l’image peu attirante dont souffre malheureusement encore la République, ils accueilleront chaleureusement toute personne souhaitant découvrir et apprécier leur terre à sa juste valeur.

Petit avertissement : si vous faites la connaissance de familles locales, il ne faut jamais rejeter leur invitation à diner. Si vous ne pouvez pas y aller ce jour-là, planifiez cela pour plus tard. Si vous déclinez leur offre, ils risquent de se sentir offensés et votre amitié pourrait en prendre un coup.

Accueillir et prendre soin des invités est en effet sacré pour les musulmans, et tout particulièrement dans cette région autrefois ravagée par les conflits, les locaux nourrissant le désir de prouver que la Tchétchénie a grandement changé depuis, et dans le bon sens. Les excès d’hospitalité ne sont donc pas rares.

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4. Quels vêtements porter?

En tant que région à majorité musulmane, la Tchétchénie implique différentes règles spécifiques en matière d’habillement.

Ici, une femme devra éviter d’exposer ses jambes et bras et d’arborer un trop grand décolleté. Cela pourrait engendrer des situations désagréables, telles que de mauvaises rencontres ou des protestations de la part des passants.

Pour ce qui est des hommes, les shorts et t-shirts trop fantaisistes sont à bannir. « Si seulement vous souhaitez être traité avec respect », nous recommande un guide local.

5. Où aller et que voir?

Nous préférons vous prévenir d’emblée : il vous sera difficile de vous procurer de l’alcool ou de la drogue en Tchétchénie. Même les cigarettes et les chichas ne courent pas les rues. Ces choses ne peuvent être trouvées dans les hôtels et restaurants un minimum raffinés, encore une fois en raison des traditions islamiques. N’ayant d’autre choix, les locaux se passent donc de ces produits nocifs et mènent souvent un mode de vie plus sain.

Le sport est par exemple sacré ici (de nombreux grands sportifs russes, lutteurs notamment, sont originaires des républiques musulmanes du Caucase) et les locaux considèrent traditionnellement leur région montagneuse comme la terre natale des guerriers. La plupart des hommes se sont ici au moins une fois dans leur vie essayés aux arts martiaux. La première chose que notre guide m’a montrée est d’ailleurs son fils luttant lors d’un tournoi local de Judo. Les Tchétchènes apprécient de regarder le sport et il n’est donc pas étonnant qu’un grand nombre de stades et salles aient été récemment érigés pour ce type d’événements. La plus belle est ainsi certainement l’Akhmad Arena, à Grozny, inaugurée par Ramzan Kadyrov en 2011 en présence de grands noms du football, tels que Diego Maradona et Fabien Barthez.

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Si vous préférez les sorties culturelles, prenez alors, à Grozny, la direction du Мusée national de la République de Tchétchénie, où vous pourrez vous familiariser avec l’histoire et les traditions de la région, ou encore de la Galerie d’art nationale A. A. Kadyrov. Le « Cœur de la Tchétchénie », plus grande mosquée de la région, est également un incontournable, magnifique joyau architectural.

Si la thématique des armes vous intéresse, la Tchétchénie devrait en outre particulièrement vous plaire. Le président tchétchène, Ramzan Kadyrov supervise en effet en personne la construction d’un centre d’entrainement des forces d’opérations spéciales. Il se situe à 33 kilomètres de la capitale, près de la ville de Goudermes.

Certains segments de ce lieu, officiellement appelé Centre russe des Spetsnaz, sont toujours en chantier, mais les propriétaires y ont d’ores et déjà ouvert des salles de tir, où vous pouvez littéralement vous servir de n’importe quelle arme, des pistolets aux lourde mitrailleuses, en passant par des lance-grenades (Oui, vous avez bien lu). En 2020, une fois la construction achevée, il sera même possible d’effectuer une séance de tir aquatique et de désamorcer des mines.

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Si vous êtes plutôt du genre à apprécier la beauté paisible de la nature, vous devriez cependant vous lancer dans une randonnée ! La République de Tchétchénie est en réalité idéale pour les amateurs de bivouac, de traversées de forêts et de montagnes. La sublime réserve naturelle d’Argounski, dans le Sud de la région devrait à cet égard vous enchanter.

6. Et la nourriture dans tout ça?

Vous devriez absolument déguster les chachliks (brochettes) et la viande de kebab locales. Surtout celles de mouton. De nombreux cafés et restaurants proposent de la cuisine traditionnelle tchétchène et tout conducteur de taxi des environs saura vous conseiller et vous conduire vers son établissement favori. Le tout, en 20 minutes à peine, la ville de Grozny étant de taille modeste.

Il existe de nombreux plats traditionnels tchétchènes savoureux : les kingalchs (galettes de pâte souvent fourrées à la courge sucrée), le jijig-galnach (petits bouts de pâte étirés servis avec de la viande), la jijig-tchorpa (soupe à la viande), les kholtmachs (boulettes de farine de maïs fourrées à l’ortie) et bien d‘autres encore.

N’oubliez pas qu’il est ici naturellement impossible de trouver du porc.

7. Autres choses à savoir

Il est préférable d’échanger votre devise contre des roubles avant de venir à Grozny. Gardez par ailleurs toujours sur vous de l’argent en liquide, l’utilisation de la carte bancaire étant ici assez peu répandue, en dehors des établissements chics.

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N’essayez également pas de draguer une habitante locale comme vous seriez tenté de le faire ailleurs. Les traditions sont encore bien ancrées en Tchétchénie et une femme ne peut fréquenter un homme que sur autorisation de sa famille (comprendre « de son père »). Il n’y a par conséquent aucune représentante de la gent féminine sur Tinder par ici, nous l’avons vérifié pour vous.

Mon meilleur conseil est avant tout de rester ouvert d’esprit et avenant. La Tchétchénie s’est avérée totalement différente de ce que j’avais vu à la télévision ou des témoignages peu engageants que j’avais ouïs.

Découvrir la Tchétchénie sera au contraire une expérience inoubliable, qui vous permettra de briser encore un peu plus vos aprioris sur cette vaste contrée qu’est la Russie.

Si vous souhaitez avoir un avant-goût de votre éventuel futur voyage en Tchétchénie, voici une autre publication dépaysante signée Russia Beyond.

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