Comment s’y rendre depuis Moscou ?
En prenant le train de banlieue depuis la gare moscovite d’Iaroslavl. Le trajet dure entre 1h15 et 1h40.
Quand ne PAS y aller ?
Durant les grandes fêtes orthodoxes : Noël (7 janvier) et Pâques. Le nombre de pèlerins et croyants étant important, vous pourriez être obligé de faire la queue pour visiter les églises.
Cette petite ville renferme une si riche histoire et en dévoile tellement au sujet de la culture et des traditions de Russie que toute personne souhaitant en savoir plus sur le pays doit impérativement la visiter. De plus, elle fait partie du célèbre circuit touristique de l’Anneau d’or et est certainement la seule cité le composant vers laquelle il est possible de prévoir une excursion d’une seule journée depuis la capitale.
Brève liste de ce qu’il est nécessaire de faire à Serguiev Possad :
Pénétrer dans la cathédrale de la Trinité
Trouver l’icône de la Trinité d’Andreï Roublev
Visiter la cathédrale de la Dormition
Trouver le cercueil en bois de Serge de Radonège
Compter les tours sur l’enceinte du monastère
Si l’entrée des remparts est ouverte, y monter et admirer le monastère depuis les hauteurs
Trouver la sépulture du tsar Boris Godounov et de sa famille
Acheter en guise de souvenir une icône ou un objet d’artisanat du monastère
Déguster des pirojkis ou d’autres mets préparés au monastère
Trouver le monument à Pierre et Fevronia, couple princier et sanctifié vénéré dans l’orthodoxie
« Possad », qui peut se traduire en français par « bourgade », est un mot qui désignait en Rus’ médiévale le territoire entourant les monastères et domaines princiers, où, en règle générale, s’établissaient artisans et marchands. C’est par décret de l’impératrice Catherine II, en 1782, que le « possad » du monastère de la Trinité-Saint-Serge s’est formé. Le monastère a quant à lui hérité du nom de saint Serge de Radonège.
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Pourquoi la laure de la Trinité-Saint-Serge est-elle connue ?
Selon la légende, Serge de Radonège serait venu ici dans les années 1340 (certains chercheurs avancent même la date précise de 1342). Il y aurait alors bâti une modeste demeure, puis érigé à proximité une église en l’honneur de la Sainte Trinité.
Visitez à tout prix la cathédrale de la Trinité. Sa version actuelle a été construite en 1422 (même si depuis elle a été maintes fois modifiée) et les plus grands maîtres du XVe siècle ont œuvré à la création de ses ornements intérieurs. Spécialement pour son iconostase, Andreï Roublev a réalisé sa célèbre Trinité, l’une des icônes les plus vénérées par les orthodoxes de Russie. Pour l’admirer, il vous faudra la trouver parmi les figures présentes sur l’iconostase. Elle se situe sur le rang inférieur, où elle occupe la première place à droite des portes menant à l’autel.
Petite astuce d’ailleurs, si vous ne savez pas comment se nomme une église russe, regardez l’icône en bas, à droite des portes, elle donne toujours son nom aux lieux (encore faut-il savoir ce qu’elle représente).
Par ailleurs, Ivan le Terrible appréciait particulièrement cette cathédrale. C’est ici qu’il a été baptisé, qu’il s’est marié, et il y organisait des offices religieux après ses victoires militaires.
La laure (monastère orthodoxe où les moines vivent en ermites la semaine) a survécu à l’assaut des Polonais durant le Temps des troubles, et a soutenu Pierre le Grand lorsqu’il a mis sur pied un coup d’État contre sa régente.
Le monastère compte une dizaine d’églises, qui ont été bâties à différentes époques, entre les XVe et XVIIIe siècles. Si l’on y pénètre, l’évolution de l’architecture religieuse de Russie est flagrante.
Il n’est toutefois pas nécessaire de s’aventurer dans chacune d’entre elles. Contentez-vous de la cathédrale de la Dormition, voulue par Ivan le Terrible en personne et reconnaissable grâce à ses coupoles bleues ornées d’étoiles dorées (d’ailleurs, qu’importe la cité de l’Anneau d’or où vous vous trouvez, ces coupoles signifient que l’église est dédiée précisément à la Dormition de la Sainte Vierge).
À l’intérieur, levez les yeux et contemplez les peintures. Vous trouverez également en son sein le cercueil en bois de Serge de Radonège. Ses reliques ne sont toutefois pas ici, mais dans la cathédrale de la Trinité.
Pourquoi Serge de Radonège est-il vénéré ?
Le nom de Serge de Radonège est, en Russie, associé au renouveau du pays à la fin du joug tataro-mongol et à la Renaissance russe. Lui et ses disciples ont fondé non seulement la laure de la Trinité-Saint-Serge, mais aussi une dizaine de monastères en Russie centrale (partie où se trouve Moscou). Il est ainsi probablement le plus vénéré des saints authentiquement russes. D’ailleurs, au XXe siècle il a également officiellement été reconnu par l’Église catholique.
Avant de devenir religieux, il portait le nom de Barthélémy, mais selon la légende, il rêvait de devenir moine depuis son enfance et a, après sa tonsure, adopté le nom de Serge. Il est né non loin de la ville de Rostov, dans la région de Iaroslavl (autre cité de l’Anneau d’or), mais par la suite sa famille a déménagé à Radonège, dans la région de Moscou (à 60 kilomètres au nord-est de la capitale).
Son incroyable parcours spirituel, son ascèse et ses sermons sur la vie hautement morale ont été appréciés par ses descendants, qui l’ont donc élevé au rang de saint, et lui ont accordé le titre de vénérable, qui souligne ses mérites monastiques exceptionnels.
En outre, Serge de Radonège a en réalité réformé l’ensemble du monachisme. Il a interdit aux moines de faire l’aumône et de franchir les limites du monastère. Ils ont donc commencé à cultiver la terre et à élever des animaux afin de subvenir à leurs besoins. De plus, il a introduit le principe de vie commune, qui impliquait pour les moines l’absence totale de biens privés. Cela leur a également permis de devenir aptes à accueillir les pèlerins et voyageurs, ce qui pour l’époque avait une signification très importante de « liant entre les terres et les personnes ».
L’autorité spirituelle de Serge était si grande, qu’il est même considéré comme l’unificateur de la Rus’. C’est en effet lui qui a appelé les princes de l’État féodal morcelé à se réunir autour d’un seul d’entre eux, celui de Moscou, afin de faire front contre le joug tataro-mongol. La Horde d’Or, principale tribu mongole, dépouillait et saccageait depuis longtemps déjà les terres russes (les Tatars avaient notamment anéanti le village où était né Serge, ce qui avait justement poussé sa famille à déménager à Radonège).
Juste avant l’une des plus célèbres batailles de la Rus’ médiévale, celle de Koulikovo, le prince Dmitri Donskoï a demandé la bénédiction de Serge. Le vénérable a alors décidé d’envoyer deux de ses moines-chevaliers se battre contre les Tatars.
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Que voir d’autre à Serguiev Possad ?
Les lieux d’intérêt de la cité ne se limitent pas à l’enceinte du monastère. S’y trouve une dizaine de petits musées, dont le principal est le Musée-réserve national d’histoire et d’art, qui renferme une vaste collection d’icônes anciennes et d’objets artisanat religieux, ainsi que d’autres pièces reflétant la vie de la Russie depuis le Moyen Âge jusqu’à l’époque soviétique.
Il est aussi possible de passer par le Musée du jouet, fondé en 1918. Vous y verrez tant des jouets russes anciens que soviétiques. Parmi eux figurent même des jouets des enfants du dernier tsar russe, Nicolas II.
Enfin, pour savoir à quoi ressemblait une izba ordinaire russe, rendez-vous au musée Jili-byli, où sont réunis des ustensiles de cuisine, des rouets, et autres instruments, soit tout ce que l’on pouvait autrefois apercevoir dans les foyers traditionnels du pays.
Que faire à proximité de Serguiev Possad ?
Tout près de la laure se situent trois lieux que vous ne regretterez pas d’avoir visités.
Le domaine d’Abramtsevo a été bâti par le marchand millionnaire Savva Mamontov, qui y invitait les plus illustres écrivains et peintres russes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. On peut dire qu’il s’agissait en quelque sorte d’un prototype des résidences artistiques d’aujourd’hui.
Le monastère de l’Intercession de Khotkovo a été le premier refuge du jeune moine Serge de Radonège. C’est précisément d’ici qu’il est par la suite parti fonder sa propre demeure. Au sein de la cathédrale de l’Intercession sont conservées les reliques de ses parents. S’y trouve également la cathédrale Saint-Nicolas, en brique rouge, érigée en 1904 dans le style byzantin.
Si vous êtes curieux d’apprendre de quoi avait l’air la propriété d’un noble moyen au XIXe siècle, n’hésitez pas non plus à aller à Mouranovo. Vous pourrez y admirer une demeure seigneuriale ainsi qu’un ravissant parc. De plus, vous vous familiariserez avec le poète russe Fiodor Tiouttchev, dont la famille a vécu ici.
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