Ce programmeur russe a trouvé sa femme à l’aide de ChatGPT

Sciences & Tech
DMITRI LISSOVSKI
Alexandre Jadan a automatisé le processus de recherche d’une amoureuse dans une application de rencontre grâce à un chatbot. Son alter ego à réseau neuronal artificiel a discuté avec 5 239 femmes jusqu’à ce qu’il trouve la seule et unique pour lui.

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Swipe à gauche, swipe à droite. Beaucoup de gens cherchent l’amour sur les applications de rencontre, mais ce modèle, selon le programmeur russe Alexandre Jadan, n’est pas idéal. « Ils offrent un très grand choix, mais en même temps ils freinent l’utilisateur – on veut tout regarder, parler à tout le monde, mais très souvent tu n’obtiens pas de réponse et es déçu », explique-t-il.

Pour « pirater » le système et gagner du temps, il a donc décidé de créer un robot de rencontre basé sur l’API (interface de programmation) de ChatGPT. Le bot sélectionnait les profils adéquats dans l’application Tinder en fonction de paramètres précis (par exemple, la présence d’au moins deux photos dans le profil), correspondait avec eux et, si tout se passait bien, leur proposait de se rencontrer en personne. Les premières versions du robot étaient rudimentaires et « hallucinaient » (dans ce domaine, une hallucination se produit lorsqu’une intelligence artificielle formule une réponse fausse présentée comme un fait certain) souvent – par exemple, le réseau neuronal proposait aux filles un rendez-vous dans les bois. Jadan a raconté toute l’histoire du développement de son système sur le réseau social X (anciennement Twitter). Sa page est devenue virale et a déjà été consultée plus de 7 millions de fois.

Après de nombreuses modifications, le chatbot a commencé à fonctionner correctement. Jadan l’a entraîné à partir de ses propres dialogues réels avec des femmes et a mis en place des filtres sur l’envoi de messages douteux. Il a personnellement confirmé ou annulé certains messages avant de les envoyer.

La nouvelle version a communiqué avec 160 filles sur 278 matchs (lorsque les deux utilisateurs se plaisent mutuellement, ce qui ouvre la possibilité d’une discussion), et Alexandre a rencontré 12 d’entre elles. ChatGPT a également contribué à la préparation des rendez-vous : il établissait le profil de chaque prétendante sur la base du dialogue. ChatGPT a en outre recommandé au programmeur de parler, en ligne et durant les rencontres réelles, de son enfance, de ses parents, de ses objectifs et de ses valeurs, afin de comprendre dans quelle mesure telle ou telle femme lui convenait.

Au total, le robot a fait connaissance avec 5 239 femmes, parmi lesquelles Alexandre a sélectionné les quatre correspondant le plus à ses attentes. Il a finalement choisi l’une d’entre elles, Karina. Étonnamment, le chatbot a réussi à communiquer avec elle dès sa première version. La troisième version, la plus avancée, a continué de discuter avec.

« La V3 m’a écrit lorsque la conversation avec Karina s’est intensifiée, est apparu un résumé de la discussion. Il comprend systématiquement que la discussion est négative ou émotionnelle. Pour que la V3 aille vers quelque chose, je lui ai indiqué que je devais maintenir et améliorer ma relation avec Karina. Et c’est ce qu’il a fait », décrit Alexandre sur X. Dans l’un des résumés de la conversation, le bot a directement suggéré qu’Alexandre devrait proposer à Karina de se marier, ce qu’il a fait. Elle a accepté.

Deux mois avant la demande en mariage, Alexandre a expliqué à Karina comment il avait utilisé le chatbot. « Elle a été choquée, bien sûr. Mais elle a fini par poser des questions sur la façon dont il fonctionnait, comment il réagissait aux différents scénarios, etc. Et alors ? Nous vivons ensemble depuis plus d’un an, nous nous connaissons depuis plus d’un an, et nous aimons vraiment passer du temps ensemble. Et nous sommes formidables l’un pour l’autre, empathiques et solidaires », a confié le programmeur.

Selon les calculs d’Alexandre, l’utilisation de ChatGPT lui a permis d’économiser plus de 5 ans et 13 millions de roubles (132 000 euros) dans sa recherche d’une bien-aimée. Et cela a été une économie pour lui, mais aussi pour des filles avec lesquelles il n’aurait pas pu nouer de relations, souligne-t-il. Il a fallu environ 120 heures pour développer le projet et 1 432 dollars pour accéder à l’API des réseaux neuronaux artificiels. Pendant la même période, Jadan a en outre dépensé environ 200 000 roubles (2 000 euros) dans des restaurants pour des rendez-vous.

Pour de nombreux internautes qui ont lu le fil de publications sur la page X de Jadan, une telle approche a semblé cynique et consumériste. Néanmoins, Alexandre accueille calmement les critiques : « J’ai ma propre position, et ils ont la leur. Ils peuvent ne pas être d’accord avec moi. Et c’est tout à fait normal. La polarité des opinions, c’est cool ».

Selon Jadan, les réactions négatives à son projet s’expliquent par le fait qu’il ne correspond pas aux méthodes habituelles de rencontre. « Il s’agit en fait d’un travail émotionnel important. Pour trouver la bonne personne, il faut commencer à discuter, puis se rencontrer. Et j’ai résolu ma situation d’une manière différente, pas de la façon habituelle. De plus, si l’on ne comprend pas la technologie, les gens pourraient penser qu’à ma place, c’est une personne totalement inanimée qui discutait avec les filles. Mais en travaillant sur le projet, j’ai personnalisé les questions et les réponses autant que possible. J’ai essayé de rendre la communication aussi efficace que possible, tout en la personnalisant », souligne-t-il.

Alexandre lui-même pense que l’intelligence artificielle ne remplacera pas les humains, mais plutôt que ceux-ci se feront évincer par les individus sachant utiliser ces technologies. « Il vaut mieux apprendre à utiliser les nouvelles technologies, parce que c’est notre époque et qu’elle ne fera que se développer », est-il convaincu.

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