Une momie munie d’une croix chrétienne découverte en Sibérie (photos)

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ERWANN PENSEC
À la recherche d’une forteresse disparue, les chercheurs ont été intrigués par son exceptionnel état de conservation.

Une expédition archéologique a permis, cet été en République de Sakha (plus connue sous le nom de Iakoutie), une fascinante découverte, rapporte le Siberian Times.

En effet, la momie d’une femme s’est révélée aux chercheurs, vêtue d’un costume traditionnel iakoute, dont la partie inférieure a survécu aux dommages du temps et composé de longs bas, de sous-vêtements et de torbassa (bottes de cuir typiques), le tout doublé de fourrure. De plus, fait surprenant, la défunte a également emporté avec elle dans l’au-delà une croix chrétienne en cuivre disposée sur sa poitrine.

Les archéologues ont en outre été surpris par le remarquable état de conservation de la dépouille, compte tenu du fait qu’elle se trouvait dans un sol sableux, à 70 kilomètres au nord de Iakoutsk, la capitale régionale, et non dans le permafrost.

« Cette femme enterrée dans un cercueil en bois a été très bien préservée, y compris ses tissus mous, dans le processus de momification naturelle, a déclaré Elena Soloviova, chercheuse de l’Académie des sciences de Iakoutie. J’ai néanmoins du mal à comprendre pourquoi le corps s’est momifié, le sable étant assez agressif pour toute matière organique. Probablement car elle a été enterrée en hiver ».

En ce qui concerne l’origine de cette femme, malgré ce symbole chrétien, les spécialistes semblent s’accorder sur le fait qu’elle était ethniquement Iakoute, et non Russe, en raison de sa taille modeste d’environ 1,50 mètre et de son habillement. De plus, l’analyse des inscriptions ornant sa croix a permis de déterminer que celle-ci avait probablement été confectionnée par un artisan local iakoute, car d’aspect peu traditionnel et comportant des erreurs dans le lettrage.

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Cependant, jusqu’à présent, les scientifiques ont refusé, pour des raisons éthiques, de mener des études anthropologiques plus poussées à l’aide de son crâne.

« Je ne pouvais pas le faire pour des raisons éthiques. Cette femme était momifiée, elle n’était pas juste des os éparpillés, et je ne pouvais pas me résigner à séparer la tête du corps », a confié Soloviova.

Malgré l’incertitude enveloppant encore l’identité de la défunte, sa découverte a cependant été synonyme de déception pour les chercheurs.

En effet, ceux-ci avaient émis l’hypothèse que ce lieu d’inhumation aurait pu correspondre au site de Lenski Ostrog, premier point de peuplement russe en Iakoutie, fondé en 1632 par le chef cosaque Piotr Beketov, l’un des plus célèbres explorateurs de la Sibérie, et depuis lequel, l’année suivante, un groupe mené par Ilia Perfiliev et Ivan Rebrov, suivra le cours du fleuve Lena pour atteindre le rivage de l’océan Arctique.

Or, si la datation au carbone 14 de différentes sépultures sur ce site avait laissé penser que leurs origines remontaient à une période comprise entre 1440 et 1670, la découverte de cette momie chrétienne en bon état de conservation implique que ces tombes dateraient finalement de la moitié du XIXe siècle.

S’il est toutefois possible que ce cimetière ait été fondé sur un site plus ancien, aucune preuve appuyant cette thèse n’a été trouvée, laissant planer le mystère quant à l’emplacement exact de l’ancienne forteresse de Lenski Ostrog qui, seulement deux ans après sa construction, avait été victime d’une inondation, et donc délaissée au profit de l’actuelle Iakoutsk.

À noter que cette expédition était conduite par l’Académie des sciences de Iakoutie, la branche locale de la Société russe de géographie et la Société panrusse de protection des monuments historiques et culturels.

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