Du supporter de canapé au hooligan: le guide ultime des fans de foot russes

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EKATERINA SINELCHTCHIKOVA
Amateurs de statistiques, «dinosaures» du football, trolls, hooligans, patriotes, et bien d’autres encore, vous rencontrerez certainement tous ces personnages typiques de la faune footballistique lors de la Coupe du Monde de la FIFA 2018™ en Russie. Nous vous présentons donc ce qu’il faut en attendre, lequel d’entre eux est le plus agité et lequel fait simplement partie du décor.

Le patriote

Il n’est pas le plus fin spécialiste de football et ne connait qu’un ou deux joueurs de l’équipe nationale (et ce sont certainement ceux qui ont tourné dans une pub pour des chips). Il devient un fan de ballon rond uniquement à l’occasion des matchs importants, notamment la Coupe du Monde et le Championnat d’Europe, et seulement si les « nôtres » y participent. En signe de dévouement à l’égard de l’équipe nationale, il a pour habitude d’arborer sur son visage les trois couleurs du pays et d’enfiler un t-shirt « patriotique », par exemple avec un ours, un aigle bicéphale, Poutine ou une kalachnikov. Le patriote ne connait pas les slogans des supporters et agit donc de manière situationnelle. Dans le stade ce gaillard hurle cependant plus fort que tous les autres « En avant la Russie ! » (Rossia vperiod !). Après l’échec de l’équipe russe, il se reconvertit momentanément en fan de hockey et se met à mépriser le football russe. Tout du moins jusqu’au prochain grand championnat, où tout recommencera à zéro.

Taux de dangerosité : 3/5

Le supporter de canapé

Convaincu qu’il s’y connait à la perfection en football, il sait tout à fait « comment on doit jouer ». En réalité, le supporter de canapé est on ne peut plus éloigné du sport. Il a l’habitude de discuter avec le téléviseur et de crier théâtralement après chaque passe manquée. Une autre variante consiste à marmonner de façon monotone tout ce qu’il pense face à ce qui se passe à l’écran. Les victimes de son analyse de salon deviennent alors sa femme, sa belle-mère et parfois son voisin, car ce sont les seuls à avoir le malheur de l’entendre. Il est presque impossible d’apercevoir l’un de ces énergumènes dans un stade. Même si sa ville figure sur la liste des hôtes de la compétition, il est peu probable qu’il troque ses pantoufles et son sofa enfoncé, où il est le roi, pour les tribunes.

Taux de dangerosité : 1/5

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Le troll internet

Le plus souvent, il s’agit d’un écolier persuadé de pouvoir rapidement devenir cool et populaire dans le domaine du foot. Sur les réseaux il se montre plus agressif qu’un guépard en chasse. Son trolling impitoyable cible d’ordinaires internautes ayant laissé un commentaire sur une publication au sujet d’un match. Parfois, il vise également d’autres trolls et s’en suit alors une bataille phénoménale. Sur les réseaux sociaux, le troll se délecte de son impunité et n’hésite pas à frapper fort, par contre, au stade, il est le plus calme et est toujours accompagné de son papa. De manière générale, le troll est inoffensif. Si ses parents le laissent aller à un match avec ses amis, il est possible qu’avant ou après l’événement il boive avec ses collègues dans une cour d’immeuble et régurgite le tout. Le plus important est de ne pas lui permettre de faire la connaissance des hooligans, qui pourraient enrôler cet être finalement fort manipulable.

Taux de dangerosité : 2/5

Le hooligan

Il incarne le stéréotype répandu dans le monde entier à propos du supporter de foot russe. C’est précisément lui qui a saccagé Marseille lors de l’Euro 2016 et qui figurait dans les violents affrontements ayant par la suite fait le tour de Youtube. Le hooligan vit en banlieue, ne retirerait pour rien au monde sa tenue de sport, ne se rend jamais à un match en étant sobre et connaît mille et une astuces pour faire passer de l’alcool dans le stade. En fait si, il accepte de retirer son maillot une fois dans les tribunes pour y apparaître torse nu, puis enflamme des feux de Bengale en scandant tous les slogans possibles et imaginables. Il va au moindre match, même sans importance, pour être sûr de ne rater aucune échauffourée et de ne pas mettre les « siens » dans le pétrin.

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On ne sait pas à quel moment il se range, puisque dans cette catégorie de fans sont inclus aussi bien des gamins de 18 ans que des hommes ayant dépassé la quarantaine. En raison de son comportement destructeur, tous les autres types de supporters souhaitent s’en tenir le plus possible éloignés, tout comme les clubs de foot d’ailleurs. Il est vrai que le hooligan ne frappe pas tout le monde frénétiquement. En fait, il ne s’en prend qu’aux hooligans de l’équipe adverse. Mais s’il rentre dans une rage folle et quitte son siège, alors n’importe qui peut se retrouver sur son passage. La seule chose qu’il reste donc à faire est de se tenir le plus loin possible de cet amateur de foot hardcore.

Taux de dangerosité : 5/5

Le poseur

Loin d’être constant dans ses sympathies, il virevolte d’un club à un autre en fonction de la situation. Il a intégré le monde du football car il a lu quelque part qu’il s’agissait de « la passion des vrais hommes ». Il a appris à la hâte la composition des grandes équipes telles que le Barça et la Juventus, a visionné deux ou trois interviews et s’est acheté le maillot de l’équipe d’Argentine de 1987. Le poseur ne se mêle pas des débats concernant le foot, car il ne peut y tenir un argumentaire convaincant, mais pour le reste, il imitera ce que font les autres. Il peut en effet jouer les caméléons au sein de n’importe quelle autre catégorie de supporters.

Taux de dangerosité : 3/5

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Le membre de la vieille école

Ayant la cinquantaine, cet homme semble se nourrir exclusivement de graines et de bière. Il ne fait jamais son apparition dans les tribunes seul, il est systématiquement entouré d’amis. Ce véritable « dinosaure » du monde footballistique se souvient encore de comment on suivait autrefois les matchs, l’oreille collée à la radio, et est très nostalgique de l’époque où le foot russe était au sommet (oui, il y croit vraiment). Il assiste aux rencontres sportives plus par habitude que par besoin. Cela fait en effet longtemps qu’il est déçu par ces « petites crapules » sur le terrain et c’est pour cela que parfois il se permet de crier quelques injures à l’encontre des joueurs, arbitres et fédérations, sans enthousiasme et nécessité cependant. Ce représentant de la vieille école ne prend pas part aux règlements de comptes entre fans. Il n’est pas du tout ici pour cela, mais pour discuter avec ses amis, les autres dinosaures.

Taux de dangerosité : 1/5

L’Ultra russe

Le football est toute sa vie. Il se prépare une semaine avant le match : il invente des slogans, décore des bannières et fait un stock de fusées de détresse. Dans les gradins, il réagit à toutes les performances et il suit son équipe favorite à tous ses matchs, même lorsqu’il faut parcourir plusieurs centaines de kilomètres. Il se tient à ses principes et vit selon les règles particulières de sa sous-culture. Il est difficile pour un non-initié de comprendre qu’il se trouve devant un Ultra russe : il ne porte pas de symbole de club, mais préfère des marques bien précises : Paul Smith, Stone Island, Fred Perry, Levi’s ou encore Lee. À ses pieds vous remarquerez des baskets blanches Adidas ou New Balance. À son appartenance à un club en particulier ne se réfèrent que quelques détails symboliques, tels qu’une jambe de pantalon retroussée.

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L’Ultra a des « ennemis » au sein des autres équipes, et parfois ils en viennent à « éclaircir leurs relations ». Cependant, cela ne se produit généralement pas au sein même du stade ou à côté, où la police est bien trop présente. Les Ultras privilégient en effet des lieux tels que les champs ou les forêts, et se mettent d’accord pour le lieu de rendez-vous. Il ne faut surtout pas l’attaquer en premier, il appellerait sans tarder ses alliés pour riposter.

Taux de dangerosité : 3/5

Le parieur

Il réside habituellement dans les agences de bookmakers ou sur leurs sites, car il connait parfaitement tous les points forts et faibles des joueurs, sait quel club a une politique de transferts sensée et qui payera pour cela. Ce fan a vendu son âme aux statistiques, et non pas à un club. Il croit aux chiffres et à la probabilité, et non pas à la chance mythique. Pour lui, le foot ce sont les affaires. Au stade, il se comporte avec retenue et ne se fait que peu remarquer. Repérer un parieur à l’organisation irréprochable et à l’impressionnant sang-froid est possible grâce à son regard concentré et ses coups d’œil fréquents sur son téléphone. Sur cet appareil il a en effet d’ores et déjà tout analysé et publié via une centaine de publications sur Twitter.

Taux de dangerosité : 1/5

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