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Un monastère fondé pour accueillir les reliques du prince Alexandre Nevski
En 1703, Pierre le Grand fonda une ville à l’embouchure de la Neva qu’il nomma en l’honneur de son protecteur céleste. Dix ans plus tard, il en fit la capitale de la Russie . Le tsar plaça également la ville sous la protection d’Alexandre Nevski (1221-1263), prince de Novgorod qui, en 1240, avait vaincu les Suédois lors de la bataille de la Neva. En 1704, Pierre Ier choisit l’emplacement du monastère qu’il voulait dédier au saint russe . La perspective Nevski fut tracée entre ce point et l’Amirauté, dont la construction fut lancée cette même année. En 1723, le Saint-Synode décida le transfert de la châsse contenant les reliques d’Alexandre Nevski de Vladimir à Saint-Pétersbourg. Elle fut installée en l’église dédiée au saint en septembre de l’année suivante .
Sur l’ordre de l’impératrice Élisabeth, fille de Pierre le Grand, une nouvelle châsse fut ouvragée en 1753. Il s’agit d’un imposant sarcophage en argent dans le style baroque, couvert de bas-reliefs illustrant les moments importants de la vie du prince.
En 1922 , après la Révolution d’Octobre, la châsse fut ouverte et transportée à l’Ermitage. Les responsables du musée obtinrent qu’elle ne soit pas fondue. En 1932 , les reliques du saint furent, quant à elles, déposées au Musée des Religions et de l’Athéisme ouvert dans l’église de Kazan. En juin 1989, elles furent rendues à la laure. La châsse fut réinstallée au monastère en septembre 2023. L’Ermitage reste chargé de veiller à sa bonne conservation.
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Un monastère dont la construction dura un siècle
Le projet architectural du monastère fut dessiné par le principal architecte de l’époque pétrovienne, Domenico Trezzini. C’est à lui que l’on doit l’église Saints-Pierre-et-Paul dans la forteresse du même nom, les Douze Collèges et beaucoup d’autres bâtiments de Saint-Pétersbourg, dont des maisons construites dans un style unique.
L’église de l’Annonciation fut érigée selon les plans de Domenico Trezzini entre 1717 et 1724. Elle est aujourd’hui la plus ancienne église de la ville encore debout.
La construction du monastère ne fut achevée qu’à la fin du XVIIIe siècle, sous le règne de Catherine II (1729-1796). L’architecte Ivan Starov apporta d’importantes modifications aux plans de Domenico Trezzini. En 1778 et 1790, il fit ériger l’église de la Trinité, qui est un bel exemple du classicisme.
Aux XIXe et même au XXe siècle, plusieurs bâtiments vinrent compléter l’ensemble architectural de la laure.
Le monastère le plus riche de l’Empire qui obtint la distinction de laure
Le premier monastère de la juridiction du Patriarcat de Moscou à obtenir le statut de laure fut celui des Grottes de Kiev en 1688 . Le second, en 1744, fut celui de la Trinité-Saint-Serge. Ce sont deux fondations de longue date où sont conservées des reliques de saints orthodoxes et qui, de ce fait, sont des lieux de pèlerinage. En 1797 , peu de temps après l’achèvement de sa construction, le monastère Saint-Alexandre-Nevski fut également élevé au rang de laure. Cette distinction lui fut accordée par le Saint-Synode sur ordre de l’empereur Paul Ier. Tout au long du XIXe siècle, ses descendants suivirent son exemple et dotèrent généreusement la laure en argent et terres. Plusieurs dizaines de moines y vivaient. Elle accueillait aussi un séminaire et une maison d’édition.
En 1742 fut créée l’éparchie de Saint-Pétersbourg (jusque-là, la région dépendait de la juridiction de l’archevêque de Novgorod). Les évêques, puis archevêques, puis métropolites de Saint-Pétersbourg occupaient et occupent toujours la fonction d’archimandrite du monastère Saint-Alexandre-Nevski.
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Nécropole de personnages illustres de l’Empire
Sous l’Ancien Régime, il y avait quatre cimetières dans l’enceinte du monastère Saint-Alexandre-Nevski. Ils existent toujours mais ne dépendent plus tous formellement de la laure. Si les empereurs et leurs parents proches sont inhumés en l’église Saints-Pierre-et-Paul, le cimetière près de l’église Saint-Lazare du monastère Saint-Alexandre-Nevski était traditionnellement depuis 1713 le lieu du dernier repos des familles aristocratiques.
Ce cimetière, où l’on ne procède plus à aucun enterrement, est aujourd’hui une nécropole-musée qui se visite. S’y trouvent, entre autres, les tombes de Boris Cheremetiev (1652-1719), un des proches de Pierre Ier ; de l’académicien Mikhaïl Lomonossov (1711-1765) ; du dramaturge Denis Fonvizine (1745-1792), de Natalia Gontcharova (1812-1863), la veuve d’Alexandre Pouchkine et d’autres représentants de familles aristocratiques. Chacune des pierres tombales est un chef-d’œuvre de l’art funéraire.
Usages civils des bâtiments à l’époque soviétique
Après la Révolution d’Octobre, les bâtiments du monastère servirent d’habitation collective, d’entrepôt de légumes, d’aéroclub, de centre de transfusion sanguine et de bien d’autres locaux à usage civil.
Les trésors de la laure furent confisqués pour « servir aux besoins des nécessiteux ». Les moines furent persécutés et tentèrent de se réorganiser en confrérie informelle pour s’opposer à l’arbitraire du pouvoir soviétique. Le monastère resta cependant actif jusqu’en 1932, lorsqu’il fut entièrement nationalisé. Les offices furent interdits, les moines, arrêtés et envoyés en camps de travail.
L’église de la Trinité fut rouverte au culte à la fin des années 1950. Il fallut attendre le début des années 1990, lorsque le monastère fut rendu à l’Église, pour qu’y reprenne la vie monacale.
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