Comment visiter la région la plus reculée de Russie, la Tchoukotka?

Viatcheslav Viktorov
Il ne suffit pas d'acheter un vol, de réserver un hôtel et de se rendre aux confins du continent. Mais cela ne veut pas dire que vous n'y serez pas le bienvenu.

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Un monde merveilleux de froid arctique, d'aurores boréales et de toundra sans fin – c'est ainsi que l'on peut décrire cette terre lointaine. En fait, la Tchoukotka est la véritable frontière non seulement de la Russie, mais aussi de tout le continent eurasien. Elle est traversée par le 180e méridien, qui sépare les hémisphères occidental et oriental et sert de point de référence pour la ligne de changement de date, qui divise le temps en « hier » et « aujourd'hui ». On y trouve également la frontière maritime entre la Russie et les États-Unis (la distance entre les îles Diomède, dont l'une est russe et l'autre américaine, n'est que de 4 kilomètres).

Les gens s'y rendent pour admirer une nature étonnante et presque vierge, où se promènent des ours bruns et polaires, pour observer des morses (bien que la question de savoir qui observe qui se pose toujours) et même pour faire une bataille de boules de neige en été (grâce au permafrost !). Ou encore, pour se lancer un défi et atteindre le point le plus oriental d'Eurasie, le cap Dejnev. Nous avons déjà écrit au sujet des meilleurs endroits de la région, alors voyons maintenant en détail comment s'y rendre.  

Qui vit en Tchoukotka ?

Il s'agit d'une région très étendue (une fois et demie la France métropolitaine !) et de la moins peuplée de Russie, avec seulement 50 000 habitants, dont la moitié sont des Russes, un quart des autochtones tchouktches et un autre quart des représentants d'autres peuples. Les peuples nomades de la toundra s'adonnent principalement à l'élevage de rennes et les habitants autochtones du littoral sont surtout chasseurs en mer.

La capitale de la Tchoukotka, située en son centre, est Anadyr. C'est la ville la plus chère de Russie, mais aussi la plus haute en couleur – tous les immeubles y sont peints de teintes gaies afin de compenser le manque de végétation et le rude climat. En périphérie de la cité, les touristes gravissent les collines et explorent l'estuaire d'Anadyr en bateau.

La partie occidentale comprend les villes de Bilibino (où se trouve la seule centrale nucléaire sur pergélisol au monde) et de Pevek (la ville la plus septentrionale de Russie), le lac Elguyguytguyn et l'île Wrangel (également surnommée « l'île aux ours »). 

La Tchoukotka orientale est quant à elle la partie la plus intéressante de la région, où vous pouvez voir des morses, des baleines et des orques à l'état sauvage, ainsi que rendre visite aux peuples indigènes. Vous pouvez également gagner le cap Dejnev et voir le point de rencontre des océans Arctique et Pacifique.

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Le visa russe n’est pas suffisant

En général, un étranger peut organiser lui-même son voyage en Russie : obtenir un visa, réserver un hôtel, acheter les billets d'avion et de transports locaux. Néanmoins, dans le cas de la Tchoukotka, il est préférable de s'adresser à des voyagistes locaux et de vous y rendre en groupe. Et ce, même si vous connaissez très bien le russe. La bonne nouvelle, c'est que cela s'avère moins cher et plus sûr que d'essayer d'organiser un voyage par soi-même.

En plus du visa russe, vous aurez en effet besoin d'une autorisation du bureau régional du FSB, car le district autonome de Tchoukotka est un territoire disposant d’un régime de visite réglementé. Dans un groupe de touristes, l'autorisation sera gérée par l'agence de voyage (pour en savoir plus, cliquez ici). 

Cependant, même si vous pouvez obtenir un permis par vous-même, vous serez confronté à un autre problème. Se rendre d'une localité à une autre n'est parfois possible que par avion, hélicoptère ou véhicule tout-terrain. Or, les agences de voyage peuvent aisément réserver des vols charters pour les groupes et organiser les transferts. Et il ne s'agit pas de quelque chose d'extrême – c'est le moyen de transport local habituel. 

Par ailleurs, pour des raisons de sécurité, il est recommandé de voyager en groupe : animaux sauvages, climat rude et changeant rapidement, sans service de téléphonie mobile en dehors des agglomérations.

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Comment se rendre en Tchoukotka ?

Trois villes du Tchoukotka relient cette région au reste du monde. La plupart des voyages partent d'Anadyr. L'aéroport se trouve dans la colonie d'Ougolnye Kopi, de l'autre côté de l'estuaire, que l'on peut atteindre en ferry ou en hélicoptère, selon la saison. Les avions y arrivent depuis Moscou (8-9 heures), Irkoutsk (5-6 heures), Novossibirsk (6-7 heures), Vladivostok (5-6 heures), Petropavlovsk-Kamtchatski (5 heures), Iakoutsk (5-6 heures) et Khabarovsk (4-5 heures). La deuxième ville est Pevek. Vous pouvez vous y rendre en avion depuis Magadan (5 heures) et Iakoutsk (6 heures). La troisième, enfin, est Bilibino, où l'on peut voler uniquement depuis Magadan (3 heures).

Il existe également des aéroports dans des villages (relativement) importants : Egvekinot, Lavrentia, Providenia, Mys Chmidta, où opère la compagnie aérienne locale Chukotavia.

Il n'y a ici pas de chemins de fer, en raison des sols marécageux et du permafrost, et presque pas de routes automobiles – ce sont principalement des chemins de terre et seulement dans certaines localités elles sont en béton, car aucun asphalte ne peut supporter ce climat. En hiver, les gens utilisent les « routes de glace », c’est-à-dire circulent à la surface des cours d’eau gelés.

N'oubliez pas qu'en Tchoukotka, c'est la météo qui décide de tout : en règle générale, l'hiver dure environ neuf mois, tandis que de juin à août, y règne une sorte d'été venteux avec un soleil radieux. En raison de la topographie, le temps peut être différent même sur une courte distance, alors soyez prêts !

Dans cet autre article, nous vous emmenions à la découverte du premier glamping de Tchoukotka, un endroit où vous ne regretterez pas de faire une halte.

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