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Serpentant le long de la rivière sur plus d’un kilomètre, la muraille du kremlin de Pskov, fière et robuste, semble être de ces monuments intemporels observant les âges défiler, tel le cours d’eau à ses pieds, sans en subir les effets.
Reflets d’une grandeur révolue
Alors que les clapotis des flots bercent la rive, fouler les allées s’apparente ici à une promenade à destination du Moyen Âge. Vieilles pierres, atelier de tir à l’arc au cœur d’une forteresse, fastueuses demeures anciennes, églises pluriséculaires… cette cité russe, dont la première mention remonte à l’an 903 et se dressant à quelques kilomètres seulement de l’Estonie, ne manque pas de passerelles vers le passé.
Bien que de nos jours réduit à l’état de ruines, le bourg de Dovmont, parcelle de superficie modeste autrefois dominée, aux portes du kremlin, par une dizaine d’églises, offre d’ailleurs encore un aperçu de la gloire d’antan de cette ville, qui, à son apogée (XIV-XVIe siècles), a endossé le statut de capitale de la République indépendante de Pskov, membre de la puissante Ligue marchande hanséatique.
Même suite à son rattachement à la principauté de Moscou en 1510, elle demeurera encore quelque temps la deuxième plus importante cité du pays, véritable pont entre Europe et Russie. Un rôle qui lui vaudra d’ailleurs d’être la cible de bien des assauts ennemis et, en conséquence, le théâtre de la construction de multiples fortifications, dont certaines s’élèvent encore aujourd’hui au gré de ses étendues.
Cette opulence d’alors a en outre donné lieu à l’essor de savoir-faire artisanaux de renom. Ainsi, tandis que l’école de peinture religieuse de Pskov s’avère reconnue dans la Russie tout entière, de nombreux éléments architecturaux, désormais jugés emblématiques du pays, ont vu le jour précisément ici. Parmi les joyaux locaux, l’on trouve notamment les fresques de l’église de la Transfiguration-du-Sauveur du monastère de la Miroja, remontant au XIIe siècle et dont la beauté azurée invite à l’éternelle contemplation.
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Douceur de vivre provinciale
Par ailleurs, malgré le déclin de son influence, Pskov n’a depuis cessé de se réinventer, faisant bénéficier à ses habitants d’un cadre de vie particulièrement exceptionnel. L’une des merveilles en témoignant est le Parc finlandais, aussi appelé Parc Kuopio, du nom de cette ville finlandaise, jumelée à Pskov, dont les habitants ont pris part à l’élaboration de cet écrin de verdure. Entièrement réaménagé en 2015, il s’avère fendu en deux par la rivière et se distingue de ses homologues russes, dont les berges sont souvent malheureusement prisonnières du béton, par son allure sauvage, mais soigneusement entretenue, et son écosystème ainsi préservé, parsemé çà et là de pistes cyclables et d’aires de détente.
Bordée par une rangée de fastueuses villas dignes de la côte méditerranéenne, cette bande émeraude en milieu citadin s’étend jusqu’à l’embouchure de la Pskova, gardée par deux imposantes tours d’enceinte, véritables colosses.
De manière générale, Pskov, en dépit de sa modeste taille (210 000 âmes), abrite un large éventail de styles architecturaux, permettant au visiteur de voyager dans le temps, des riches résidences de marchands médiévaux à de parfaits échantillons de l’ère soviétique ou impériale, en passant par de multicolores immeubles contemporains et ravissantes maisonnettes de bois.
Tout cela, mieux vaut l’admirer entre deux collations. Or, en termes de plaisirs gustatifs, Pskov n’est pas non plus en reste. Si la cuisine géorgienne familiale du Khatchapournaïa fera des émules, l’incontournable est ici, subjectivement, je le concède, le bar Caverin, du nom de Benjamin Kaverine, auteur soviétique du roman Deux capitaines et natif de cette ville, où sont servis les meilleurs cafés qu’il m’a été donné de siroter en Russie, de loin, et s’avérant on ne peut plus propice à une agréable pause lecture dans une ambiance intimiste, sublimée par de divines gourmandises.
Izborsk, beauté imprenable
Toutefois, tout touriste de passage ne devrait se contenter de la seule capitale régionale, ses environs regorgeant de trésors historiques, à l’instar des Monts Pouchkine, composés des pittoresques domaines familiaux de l’illustre poète russe, étroitement liés à son art et sa biographie. C’est ici néanmoins sur le village d’Izborsk que nous nous attarderons, l’auteur de ces lignes n’ayant pu résister au charme de cette bourgade à l’indéniable authenticité.
Situé à moins d’une heure de bus de Pskov, Izborsk est de ces localités campagnardes russes à vous plonger instantanément en pleine féérie, parsemée de bâtisses en bois aux teintes les plus diverses et entourées de jardins aux milles fleurs.
La place centrale, dont les anciens pavés ont été foulés par bien des générations, est quant à elle encadrée de demeures prodigieusement restaurées, nous faisant alors hésiter quant au siècle s’écoulant sous nos yeux.
Son rang de destination touristique, Izborsk le doit cependant à sa citadelle, l’une des plus anciennes du pays (fondée au XIIe siècle, reconstruite en pierre au XIVe). Surplombant les environs du haut de sa colline, elle offre un grandiose panorama sur l’océan végétal dont elle émerge et que l’on peut à volonté scruter en parcourant le sommet de ses remparts.
Après avoir dégusté les fruits du verger abrité par son enceinte et être descendu aux pieds de la muraille, au milieu des hautes herbes fleuries effleurées par les vents, l’on ne peut que s’avouer vaincu par la grâce de ce lieu empreint d’histoire, survivant tant des assauts ennemis que du souffle du temps. Ainsi apparaît la province russe, parfois époustouflante, toujours résiliente.
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