L'un des domaines les plus vastes et les plus raffinés de Moscou était la résidence d'été de la célèbre famille des comtes Cheremetiev. Kouskovo appartenait déjà à cette lignée au XVIe siècle, mais c’est au XVIIIe que l'ensemble architectural doit la majeure partie de son apparence.
Le bâtiment principal a été construit du vivant du comte Pierre Cheremetiev, entre 1769 et 1775, dans le style du classicisme russe précoce, et était destiné aux réceptions. L'auteur du projet est inconnu, mais certains chercheurs sont enclins à penser qu'à Kouskovo ont été utilisés les plans de l'architecte français Charles De Wailly.
Le palais a été entièrement bâti en bois et enduit d’un crépi rose. La façade est décorée de trois portiques à colonnes, dont les frontons sont ornés de sculptures délicates. Devant l'escalier en pierre blanche menant à l'entrée principale, veillent en outre d’élégants sphinx. D'ailleurs, il était possible de conduire une charrette directement devant les portes de l’édifice.
Beaucoup de bâtiments de Kouskovo ont été conservés à merveille et sont ouverts aux visiteurs, et ce, car après la Révolution, ce territoire a immédiatement reçu le statut de musée-domaine. Cela l'a ainsi sauvé de la ruine ou de l'utilisation par les bolcheviks pour divers besoins économiques.
Depuis le XVIIIe siècle se trouve en outre à Kouskovo une église en pierre, dédiée au Saint-Sauveur. Érigée en 1737-1739 dans le style baroque d'Anna (c’est-à-dire typique du règne d'Anna Ivanovna), elle a remplacé un ancien lieu de culte en bois, puis n’a subi aucune reconstruction, ce qui lui a permis d’arriver jusqu’à nos jours dans son apparence originelle.
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Près d’elle se dresse un petit bâtiment rose, qui n’est autre qu’une annexe de cuisine, d'où les mets étaient directement amenés à la salle à manger de parade du palais. Cette dépendance a été conçue spécialement pour ressembler au palais par l'architecte Fiodor Argounov, dont tous les membres de la famille étaient les serfs des Cheremetiev.
Cheremetiev s’efforçait par tous les moyens de divertir les invités de son domaine, et y a donc fait construire plusieurs pavillons, tous plus intéressants les uns que les autres. Chacun d'entre eux est maintenant ouvert à la visite.
L'un des sites les plus exotiques du domaine est le pavillon baroque « Grotte ». Des structures similaires étaient apparues dans les jardins et les parcs d’Italie au XVIe siècle.
À l'intérieur de ces « grottes », l’on aménageait habituellement soit un bain, soit une fontaine. Elles sont devenues populaires dans de nombreux pays européens et, au XVIIIe siècle, cette mode a pénétré en Russie. Dans ce pays, elles faisaient toutefois généralement office de pavillon de parc.
À Kouskovo, il était également possible de se cacher de la chaleur de l'été dans la « Grotte », où des milliers de coquillages ont été utilisés pour la décoration. Les murs sont quant à eux parsemés de niches avec des statues en pierre blanche de dieux romains, tandis que le dôme est couronné d'un vase sculpté ressemblant à un jet de fontaine.
Un autre lieu de divertissement, le Pavillon hollandais, a été construit encore plus tôt. De par son allure, il rappelle immanquablement les bâtiments hollandais du XVIIe siècle. Le même style a été choisi pour l’intérieur.
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Voici le pavillon italien, un édifice voué à accueillir les petites réceptions. Au rez-de-chaussée sont conservés des objets rares : sculptures, tableaux de verre et de marbre colorés, maquettes miniatures de bâtiments. À l’étage sont également exposées des sculptures, mais l'aménagement laisse plus d'espace pour les convives.
Des oiseaux étaient par ailleurs gardés dans la Volière, et leur chant animait l’ambiance du parc. De nos jours, y résident encore des volatiles et même en hiver il est possible d’y admirer des paons.
Un jardin à la française et des serres ont été créés sur le domaine, où l'on cultivait des arbres et fruits exotiques : amandiers, grenadiers, pêchers, oliviers, citronniers. D'ailleurs, la « Grande serre en pierre » a également été construite par l'architecte serf Argounov en 1761-1762. Pierre Cheremetiev, qui aimait se distinguer du lot, n’hésitait ainsi pas à envoyer, par exemple, en décembre, un panier de pêches de ses serres à l'impératrice.
Cheremetiev appréciait aussi d’organiser des représentations théâtrales en plein air et sa troupe de serfs était célèbre dans tout l'Empire. À cela est liée une histoire très touchante : Nikolaï Cheremetiev est tombé amoureux de la comédienne serve Praskovia Kovaliova, dont le talent n’avait pour égal que sa sensibilité. Le comte a donc décidé d’accorder à toute la famille Kovaliov la liberté et a reçu l'autorisation du tsar de se marier avec elle malgré son rang inférieur. Praskovia est toutefois décédée à 34 ans peu après son accouchement.
Portrait de Praskovia Kovaliova
Vadim RazoumovLe comte a ensuite consacré toute sa vie à la charité. L’une des rues adjacente au domaine porte aujourd’hui le nom d’Allée Jemtchougova, pseudonyme de scène de la comédienne.
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