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Un pittoresque pays slave dans le Sud des Balkans, connu pour ses plages, ses roses et ses stations de ski. Voici certainement la première chose qui vous vient à l’esprit lorsque l’on vous parle de la Bulgarie, n’est-ce pas ?
Mais connaissez-vous l’autre Bulgarie ? Celle se situant en plein centre de la Russie.
En réalité, la nation de Bulgarie possède une cousine moins connue, cachée dans l’arrière-pays de la République du Tatarstan : Bolgar. Bien qu’elle soit moins célèbre, Bolgar dispose pourtant d’une histoire tout aussi illustre et s’impose comme l’une des plus anciennes cités de Russie.
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Les Proto-Bulgares: Koubrat et ses cinq fils
Bien avant les Mongols, les steppes d’Eurasie étaient dominées par un autre grand empire turcophone, celui des Protos-Bulgares, dont l’État était centré autour de la mer d’Azov et s’étendait sur une portion des territoires des actuelles Ukraine et Russie. Réputés doués aussi bien pour l’édification de leurs cités que pour l’art de la guerre, ils érigeaient d’imposantes citadelles de pierre partout où ils posaient les pieds. Sous le règne du légendaire khan (dirigeant des peuples turco-mongols) Koubrat, l’empire proto-bulgare est parvenu à couvrir la quasi intégralité du littoral de la mer Noire.
Suite au décès de Koubrat néanmoins, ses cinq fils ont décidé de se séparer, chacun partant dans une direction différente pour y fonder son propre État. Ceux ayant connu le plus de succès ont été Asparoukh, qui a fondé la Bulgarie que l’on connait tous, et Kotrag, qui a erré vers le Nord, le long de la Volga.
Renaissance sur la Volga
Finalement, Kotrag et les Protos-Bulgares l’ayant suivi se sont installés sur les berges du fleuve en un lieu fort plaisant, et y ont fondé la grande cité de Bolgar, véritable métropole eurasienne. Les Bulgares de la Volga, comme on les a baptisés, ont, après quelques campagnes contre leurs voisins, bâti un vaste empire au cœur de la Russie.
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En 922, le chef Aïdaï Khan s’est converti à l’islam et a entrepris la construction d’écoles coraniques et de mosquées. En parallèle, son État est devenu un important carrefour sur la Route de la soie. Des tombes attestent d’ailleurs de la présence d’importants quartiers juif et arménien, tandis que des voyageurs tels qu’ibn-Fadlan (lettré d’origine arabe et membre d’une délégation en provenance du Calife de Bagdad) ont encensé l’importance accordée par le khan à l’éducation. Bolgar est ainsi devenu le centre de la civilisation islamique en Europe de l’Est.
De nos jours, après le passage des Huns, des Mongols et des Russes, Bolgar reste un site important au sein du pays. La cité comprend des citadelles de pierre, des mosquées et des tombes, témoignant de la puissance de cet ancien État et de ses talents en architecture.
Ces vestiges de la Bulgarie de la Volga sont perçus comme l’origine de tous les musulmans vivant aujourd’hui le long de ce fleuve, et tout particulièrement des Tatars et des Bachkirs. Une fois par an, ces peuples se rendent donc à Bolgar dans le cadre d’un pèlerinage religieux connu sous le nom de « Petit Hajj » (Le Hajj étant celui réalisé par les fidèles vers la Mecque). À ce jour, de nombreux Tatars se considèrent eux-mêmes comme les premiers Bulgares.
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Importance nationale
Bolgar n’apparaît pas seulement comme un monument d’envergure régionale, puisque la cité est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO et est une partie intégrante de l’histoire nationale russe. En réalité, il a été le premier site culturel protégé de Russie.
En juillet 1722, Pierre le Grand a personnellement ordonné au gouverneur du Tatarstan de procéder à la rénovation des lieux : « Monsieur le Gouverneur ! Durant notre séjour à Bolgar, nous avons constaté que les anciens clochers bulgares étaient en ruines, et ils doivent être restaurés. Pour cette raison, envoyez-y sur-le-champ douze ou quinze maçons ».
Le fait est qu’avant même que le Palais d’Hiver, le Kremlin ou même la cité de Novgorod ne sortent de terre, se dressait Bolgar, cœur d’une mystérieuse civilisation ayant autrefois dominé l’Europe de l’Est. Ainsi, la prochaine fois que vous vous rendez en Russie, assurez-vous de faire un détour par la République du Tatarstan et de découvrir cette autre Bulgarie, dont l’importance est insoupçonnée.
Que visiter à Bolgar?
La meilleure façon de rejoindre Bolgar est de passer par Kazan, la capitale tatare. Des hydroptères effectuent la liaison quotidienne en suivant la pittoresque Volga. Ce site historique dispose en effet de son propre petit port, ainsi que d’un musée archéologique.
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La majorité des ruines présentes à Bolgar datent de la période où la cité a endossé le rôle de capitale de la Horde d’or. Mausolées, palais, et mosquées parsèment le terrain. Ne manquez pas la Mosquée-cathédrale, la Chambre noire, le Mausolée oriental ou encore la chambre funéraire de la noblesse bulgare, vieille de 700 ans. Admirez les vestiges du vaste palais des khans et le puits caché de Gabdrakhman, aux eaux duquel on attribue des vertus curatives.
Les édifices les plus récents de Bolgar sont tout aussi impressionnants. Le « Signe mémoriel », sanctuaire en hommage à l’adoption de l’islam, abrite le plus grand Coran imprimé du monde (l’ouvrage pèse 500 kilos !).
L’impressionnante Mosquée blanche est une réplique de son prédécesseur ayant été détruit au XVe siècle. Cet immense complexe est un véritable joyau de l’architecture tatare et a des airs de Taj Mahal.
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Après un tel festin visuel, vous pourrez satisfaire votre estomac directement sur place, le site comptant deux restaurants, le Zouleïka et le Genghis Khan, ainsi qu’un fastfood tatar, le Toubeteï. Quelques hôtels s’y trouvent également. Pour de plus amples informations, n’hésitez pas à consulter le site officiel de la cité.
Profitez-en pour faire une halte dans la merveilleuse capitale tatare, Kazan, l’une des plus belles villes de Russie. Dans cet article nous vous en présentons les incontournables.