Désert, Arctique, tropiques: comment la Russie teste ses armes dans des conditions extrêmes

Sciences & Tech
NIKOLAÏ LITOVKINE
Ces tests sont certainement les plus impitoyables au monde: seules quelques armes peuvent réussir.

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Si un fabricant d'armes souhaite que sa création soit adoptée par l'armée russe, il l'envoie dans un centre d'essais de la banlieue de Moscou pour 80 séances de « torture » consécutives. Ces essais ont été créés pour vérifier la fiabilité, la puissance de feu, la précision, l’ergonomie et divers autres aspects des armes, afin de déterminer en fin de compte si l’arme est adaptée ou non à des conditions de combat impitoyables et imprévisibles.

« Ces tests ont été créés juste après la Seconde Guerre mondiale, lorsque les systèmes d'armes soviétiques ont dû surmonter de graves difficultés. Toutes les armes à feu potentielles devaient devenir plus rigides et résistantes à la saleté, à l’eau, au feu, au froid et aux influences extérieures à long terme », déclare Ilia Davidov, chef du centre d’essais de TsNIITOTcHMACh.

Selon lui, les essais que les ingénieurs effectuent dans son site sont les plus difficiles au monde.

« Seules les véhicules blindés légers russes doivent traverser des rivières, des marais et des dunes de sable sans changer de châssis ou d'autres pièces essentielles. Sans oublier que nous sommes les seuls à créer des chars flottants qui tirent sur les ennemis en traversant les rivières », affirme l'expert.

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Essais climatiques

La plupart des tests effectués dans le site sont classés comme « secrets ». Pourtant, certains d'entre eux peuvent être révélés et ont été observés par l'équipe de tournage de Russia Beyond.

Selon les ingénieurs du site, les épreuves les plus difficiles auxquelles une arme puisse être soumise sont des épreuves consécutives de chaleur, de sable, d’eau et de froid extrême.

Jetons un coup d'œil aux tests de l'AK-74M, le principal fusil d'assaut russe, en service depuis 50 ans. Avant son adoption par l'armée, son prototype a été soumis à ces tests.

Au début, une carabine est placée dans une enceinte semblable à un four où son métal est chauffé jusqu'à 60 degrés Celsius. Juste après cela, les ingénieurs accordent une pause de quelques minutes à l’arme, puis la scellent dans une chambre qui imite les tempêtes du désert du Sahara avec un ingénieur. L'homme tire coup après coup tandis que de petites particules de sable s'encrassent dans les mécanismes de l'arme et ses parties les plus sensibles.

Après cela (si l’arme est toujours opérationnelle), quelqu’un emmène ce fusil poussiéreux dans la chambre de « pluie tropicale ». Ici, toutes les petites particules de sable se liquéfient et se transforment en morceaux visqueux de saleté susceptibles d’encrasser toutes les pièces mobiles d'une carabine, l’empêchant de fonctionner.

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Si une arme obtient la note « A » et « survit » à un tel essai, l’ingénieur la place dans quelque chose qui ressemble à un immense réfrigérateur. Ici, le fusil, avec toutes ses parties encore humides et sales, gèle à des températures de -60 degrés Celsius.

« Ce n’est que si une arme passe avec succès tous ces essais opérationnels que nous la soumettrons aux étapes suivantes, pour voir si elle convient ou non aux soldats et est suffisamment puissante pour percer les protections actuelles et futures », conclut Davidov.

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