Quelle marque de montres a remporté la «course à l’espace»?

Sciences & Tech
EKATERINA SINELCHTCHIKOVA
La plus haute reconnaissance de qualité pour des montres est sans doute leur envoi dans l’espace. D’ailleurs, jusqu’à présent, au moins deux marques revendiquent avoir été la première à avoir entrepris un voyage spatial.

Avez-vous déjà remarqué que dans beaucoup de films hollywoodiens dédiés à l’espace, tous les héros-astronautes portent toujours au poignet la même marque de montres - Hamilton ? C’est avec elle que Matthew McConaughey, dans le film Interstellar, vérifiait l’heure en retournant chez lui, où tout le monde avait entretemps vieilli. Matt Damon possédait une montre de cette même marque dans Seul sur Mars. Pourtant, dans la vie réelle, cette marque américaine n’a jamais été « spatiale », et ne l’est que sur grand écran.

Oui, la lutte pour le statut de « montre spatiale » a existé, car on ne peut pas imaginer une meilleure publicité pour un quelconque produit que son envoi dans l’espace. Mais si aujourd’hui, n’importe quelle montre peut accompagner un astronaute dans sa mission, cela n’a pas toujours été le cas. Et une fois, cela a failli coûter la vie à l’ensemble de l’équipage.

La montre de Gagarine

Il semble qu’il ne puisse pas y avoir de débat quant à la première montre ayant emprunté la route spatiale : comme tout le monde le sait, le Soviétique Iouri Gagarine a été le premier homme à effectuer un vol dans le cosmos, en 1961. Il a précédé cette mission révolutionnaire de sa fameuse phrase « Poïékhali ! » (« C’est parti ! »). Une montre soviétique de la marque Pobeda (« Victoire ») scintillait alors sur son poignet. Cette « montre de Gagarine » est restée en vogue dans le pays jusqu’à la Perestroïka.

Jusqu’au milieu des années 1980, les montres de la série « Chtourmanskié » (« De navigation »), similaires à celle que portait le premier cosmonaute, n’étaient pas disponibles en vente libre : elles étaient destinées aux forces aérospatiales du pays. Considérée comme la montre soviétique la plus sûre, elle était dotée d’un mécanisme antichoc et de la fonction d’arrêt de l’aiguille indiquant les secondes.

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Des rumeurs assurant que la montre n’avait pas supporté la pression et s’est arrêtée lors du démarrage ont circulé avec insistance. Néanmoins, aucune confirmation officielle n’est jamais parvenue. Bien au contraire, après cette mission, tous les produits ont reçu le fier nom « Raketa » (« Fusée ») et le modèle porté par Gagarine a été à maintes reprises perfectionné et testé par les meilleurs scientifiques du pays.

Première montre dans l’espace ouvert

Le deuxième record a été établi par la montre soviétique « Strela » (« Flèche »), en 1965 : elle a été porté par Alexeï Leonov, le premier homme à avoir effectué une sortie extravéhiculaire dans l’espace. Son apparence ne différait pas beaucoup de celle qui équipera les futurs participants au programme spatial SpaceX d’Elon Musk. Destinées au commandement des forces aérospatiales, ces accessoires étaient notamment dotés de barres télémétrique et tachymétrique et il est évident que les simples citoyens ne l’ont jamais arboré.

Ensuite, les montres aux noms romantiques « Okean » (« Océan »), « Vostok » (« Est »), « Slava » (« Gloire ») et, bien évidemment, « Poliot » (« Vol ») ont accompagné les cosmonautes soviétiques dans leurs missions.

 « Huston, nous avons un problème »

La « course lunaire » a, quant à elle, été remportée par la marque suisse Omega Speedmaster. En 1969, une montre de cette entreprise a été portée par Buzz Aldrin lors de son alunissage. D’ailleurs, c’était le seul équipement qui n’avait pas été conçu spécialement pour la mission spatiale. Aujourd’hui, les produits d’Omega sont les montres officielles de la NASA - la marque a juste remporté le combat de concurrence.

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Néanmoins, son odyssée spatiale a commencé bien avant la mission lunaire : en 1962, une montre de la marque avait en effet été portée par l’astronaute Wally Schirra, qui l’avait achetée à ses propres frais. Aussi, en 1965, la NASA avait en réalité acheté sous couvert de l’anonymat des montres des marques les plus célèbres, dont Longines, Rolex, Bulova, Hamilton, Elgin, Benrus et Omega et s’est mise à les tester. Or, c’est cette dernière qui a été la seule à passer toutes les épreuves. Il a cependant fallu défendre cette décision même devant le Sénat américain : l’alliance des entrepreneurs des États-Unis n’était point contente de voir que le choix s’était porté sur une marque suisse au détriment des fabricants locaux.

Quoi qu’il en soit, Omega a sauvé la vie d’un équipage entier : en 1970, la mission lunaire Apollo 13 était en route vers le satellite naturel de la Terre, lorsqu’un réservoir d’oxygène a explosé, entraînant une perte d’oxygène et d’électricité. Seul un calcul précis a pu sauver la situation, le système de navigation ne fonctionnant pas et toute faille de calcul du temps nécessaire pour retourner dans l’atmosphère pouvant coûter la vie. La montre a donc fait son travail et s’est vu par la suite décorée du prestigieux prix de la NASA, Snoopy.

Quelles montres porte-t-on aujourd’hui ?

Comme vous pouvez le voir sur des photos, parfois, les explorateurs de l’espace portent deux, voire même trois montres au poignet. D’habitude, l’une est destinée à mesurer le temps lors des expérimentations scientifiques menées à bord, l’autre calcule le temps de vol, tandis que la troisième montre l’heure sur Terre.

Ce qu’on ne prend pas dans l’espace, ce sont les montres électroniques qui cèdent face à l’irradiation. Pourtant, en URSS, on était persuadé qu’à l’avenir personne ne porterait de montres mécaniques. Une campagne publicitaire montrant des cosmonautes soviétiques poser avec les montres « Pulsar » a même été lancée.                     

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Au final, qui a décroché la victoire ? Encore une fois, les Suisses ! Depuis 1994, les produits de Fortis sont les montres officielles du Centre d’entraînement des cosmonautes et de l’agence spatiale russe Roskosmos. Quant à Elon Musk, pour son SpaceX il a choisi le suisse TAG Heuer.

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