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« Tout a tourbillonné très vite, un peu à la Moscovite. À peine l’idée est née, j’ai créé un site Web dédié à l’initiative et lancé des pages consacrées sur les réseaux sociaux. Et la réaction de la presse ne s’est pas faite attendre. Le premier dîner secret à Lille n’a pas tardé », relate Dimitri Levenets en évoquant le projet Яuskôf, dont il est un des initiateurs.
Depuis, une dizaine d’autres « soupers secrets » proposant à vingt invités – le nombre doit être strictement respecté – un menu composé de plusieurs plats de la cuisine russe, mais aussi de mets d’autres peuples de l’Empire qui a cessé d’exister en 1917, ont suivi, débarquant à chaque fois à une adresse différente. Pour y participer, le gourmet désireux de découvrir une palette de saveurs peu familières pour le fin palais français doit envoyer une requête sur le site du projet et attendre que l’invitation précisant la date et le lieu de la tenue ne lui soit envoyée.
Comme l’explique Dimitri, le projet réunit plusieurs jeunes aux origines différentes, mais liés d’une manière ou d’une autre soit à la culture slave, soit à la Russie. Les plats sont préparés par un chef arménien dans le strict respect des traditions culinaires et à base de produits authentiques, dont certains sont importés de Russie, assure-t-il.
Satisfaire la demande pour ce qui est russe
Arrivé en France il y a 4 ans, Dimitri dit s’être lancé à la recherche de symboles de l’amitié franco-russe et avoue avoir constaté que les Français manifestaient souvent un intérêt pour la culture du pays des tsars et que l’offre, selon lui, ne correspondait pas à la demande.
« À Lille, par exemple, nous n’avons qu’un seul resto russe et le premier supermarché proposant des produits russes n’a ouvert ses portes qu’il y a à peu près un mois. En même temps, les artistes de Russie viennent en tournée et pratiquement chaque saison la musique classique russe résonne dans la philharmonie locale. C’est ainsi qu’est née l’idée de proposer aux Français quelque chose lié à ce pays ».
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Parmi d’autres objectifs, il évoque celui de rendre la Russie plus proche et de mettre à l’honneur l’hospitalité qu’il considère comme étant l’un des plus grands traits de son peuple.
Il juge ne pas s’être trompé en misant sur la curiosité que suscite la Russie car à ce jour plusieurs centaines de demandes de participation ont déjà été reçue.
Interrogé sur le profil des clients, Dimitri répond que ceux qui ont vécu en Russie ou appris la langue de Pouchkine sont, contrairement aux attentes, minoritaires et ne constitueraient que 10% des participants. Les autres sont de vrais néophytes curieux de découvrir une culture et une cuisine différentes.
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Voile de mystère
Mais pourquoi rendre alors ces soirées secrètes ? Dimitri ne cache pas qu’il s’agit d’un certain jeu censé donner une saveur particulière à cette sortie.
« Je pense que les gens – je m’appuis sur ma propre expérience – sont lassés des sorties banales au restaurant. Nous sommes prêts à payer pour de nouvelles émotions et sensations. On cherche quelque chose, dont on aura envie de parler aux amis, ce qui n’est plus le cas d’un dîner ordinaire entrée-plat principal-dessert ».
Il précise qu’il s’agit d’un festin à l’impériale, dont le menu exact n’est pas entièrement dévoilé.
« Nous proposons quelque 8-9 petites portions pour que les invités puissent goûter à tout ».
Pour le moment, le menu ne varie pas, mais Dimitri avoue que dans les projets figurent le lancement du menu soviétique et, en perspective, l’organisation de soirées thématiques, par exemple dédiées au Noël orthodoxe. Mais, pour le moment, les auteurs du projet veulent consolider le format existant.
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Pas que le repas
Le repas s’accompagne d’une exposition d’objets symbolisant l’amitié franco-russe – journaux, assiettes, même le légendaire Chanel N°5 – et d’une initiation à la langue de Pouchkine.
« Nous familiarisons nos clients avec l’alphabet russe, leur apprenons à écrire leur nom dans cette langue et ils manifestent à vrai dire un vif intérêt. On avait prévu que cette partie ne prendrait que 25-30 minutes, mais au bout du compte elle dure une heure », insiste Dimitri, précisant que les invités posent des questions et affichent une véritable soif pour ce qui est nouveau.
En évoquant l’avenir de l’initiative de l’équipe, Dimitri ne cache pas que leur rêve est d’élargir sa géographie aux autres villes de France et, qui sait, la transformer en un vrai restaurant, voire en une sorte de centre culturel mettant à l’honneur son pays. Qui vivra verra.
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