Sur les traces du Normandie-Niemen: lorsqu’une expédition devient un pèlerinage

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DARIA GRIDIAÏEVA
À la fin de son long périple en hommage au régiment de chasse Normandie-Niemen, qui a combattu les nazis sur le Front de l’Est, le Français Jonas Berteau évoque le moment le plus symbolique de son expédition – la rencontre avec l’homme qu’il qualifie de l’un des « anges gardiens » des pilotes français.

Relier Mont-de-Marsan à Moscou à vélo en passant par de hauts lieux de mémoire du glorieux régiment de chasse Normandie-Niemen – le Français Jonas Berteau a tenu son pari. Surmontant la fatigue, cet ex-légionnaire a parcouru 5 000 km en 55 jours pour compléter son périple ce mardi sur la place Rouge en présence de journalistes et représentants de la diaspora française.

Rencontre avec un «ange gardien»

Le long de son chemin, de nombreuses villes vues et un accueil chaleureux qui suffiraient sans doute pour un long roman. Toutefois, de toutes ces rencontres, Jonas en distingue une qu’il qualifie de « moment le plus symbolique » de son expédition. Il s’agit de celle qui l’a réuni avec l’ancien mécanicien du Normandie-Niemen Valentin Ivanovitch Ogourtsov. Pour pouvoir rencontrer l’un des derniers vétérans du régiment historique aujourd’hui âgé de 93 ans, l’audacieux cycliste a même modifié le trajet de son périple, y inscrivant le nom de la ville d’Iaroslavl (plus de 280 km au nord-est de Moscou).

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« C’est là où l’expédition devient pèlerinage, lorsque je rencontre l’une des dernières mémoires vivantes de cette épopée. Les mécaniciens, c’étaient pour moi les anges gardiens des pilotes. Donc j’ai pu rencontrer un ange gardien du Normandie-Niemen encore vivant [...] et je considère que je suis privilégié de l’avoir rencontré », résume-t-il ses impressions de cet échange.

Ces « anges gardiens » restent à ce jour au nombre de quatre. En se mettant en route, Jonas l’ignorait encore et le fait qu’il ait changé son trajet spécialement pour rencontrer Valentin Ivanovitch, après avoir appris son histoire via la Renaissance française, compte beaucoup pour la famille de ce dernier, explique Alexandre Ogourtsov, son fils. D’autant plus, assure-t-il, que les mécaniciens du régiment n’ont jamais bénéficié d’une reconnaissance méritée dans le pays – pendant l’ère soviétique, tout lien avec des militaires étrangers était un sujet tabou.

Gêné par l’insistance de la presse, qui a selon lui brouillé en quelque sorte cette rencontre, il se dit ému par l’insistance avec laquelle Jonas a cherché à rencontrer son père.

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« J’ai pris très à cœur l’arrivée de ce Français, car grâce à lui j’ai pu comprendre comment étaient les pilotes du régiment Normandie-Niemen. Je peux l’assurer aujourd’hui – ils étaient comme Jonas. Ce qu’ils ont fait n’était ni de l’aventurisme, ni de l’envie de se montrer. Non, c’étaient des sentiments sincères, des démarches qu’ils ne pouvaient pas ne pas entreprendre », relate Alexandre Ogourtsov quelques jours après la rencontre.

Un exemple pour les générations futures

Commentant l’amitié née sous le ciel sombre de la guerre, Jonas attire l’attention sur le fait que le Normandie-Niemen, la seule unité combattante étrangère au sein de l’Armée rouge, inspire encore beaucoup de respect chez les Russes et les Biélorusses qui perçoivent ces pilotes comme « leurs » héros aussi.

Jonas est persuadé que les exploits passés ne doivent en aucun cas être recouverts par la poussière de l’oubli.

« Il y a un auteur français qui a dit que les longs souvenirs font les grands peuples et je pense qu’un peuple sans histoire commence à disparaitre. Les héros du Normandie-Niemen [...] étaient des patriotes qui ont refusé de se soumettre. [...] Après, c’étaient aussi des hommes d’honneur, des hommes braves, mais aussi des hommes loyaux envers leurs amis et leurs alliés. Je pense que c’est un code de conduite que nous avons reçu en héritage. C’est pourquoi il est important de se souvenir d’eux », conclut-il.

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