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Pierre le Grand avait déjà en son temps essayé de populariser la coutume de décorer un arbre de Noël. Au cours de ses voyages en Europe, il a vu comment les habitants décoraient leurs sapins pour les fêtes d’hiver. Selon d’autres sources, le monarque aurait en réalité observé cette coutume chez les Allemands vivant en Russie, dans un lieu bien précis – la Sloboda (quartier) allemande de Moscou. Quoi qu’il en soit, l’empereur projetait de mettre en ordre les célébrations de fin d’année dans le pays et en a profité pour initier ses sujets à la nouvelle tradition, en commandant : « Chez soi, sur les grandes rues passantes et éminentes, ainsi qu’aux gens nobles, et aux abords des maisons publiques de rang spirituel et séculaire, devant les portes de faire quelques décorations de bois et de branches de pin, de sapin et de genévrier, [...] et aux gens modestes au moins un arbrisseau ou une branche sur la porte, ou le mettre au-dessus de sa demeure ».
Cependant, la coutume ne s’est pas implantée et, après la mort de Pierre Ier, les arbres de Noël n’ont été laissés que dans les estaminets. Ils étaient placés à l’entrée ou sur le toit pour marquer ainsi les débits de boissons pour les personnes qui ne savaient pas lire. La Russie aurait par conséquent pu être privée de cette belle tradition si, près d’un siècle plus tard, l’épouse du futur empereur Nicolas Ier n’avait pas fait ce que le tsar réformateur n’était pas parvenu à réaliser.
En arrivant dans ce qui allait devenir sa seconde patrie, la princesse allemande Frédérique-Louise-Charlotte-Wilhelmine se languissait et pleurait de nervosité à l’approche de sa rencontre avec la famille de son fiancé, comme elle l’a avoué dans ses mémoires. Les Romanov l’ont néanmoins reçue chaleureusement, et son mariage avec Nicolas Pavlovitch, alors grand-duc, a été conclu non seulement par calcul mais aussi par sympathie mutuelle. Cependant, Alexandra Fiodorovna – le nom que la princesse a reçu lorsqu’elle est devenue orthodoxe – continuait à éprouver de la nostalgie à l’égard de sa maison et de sa famille.
Nicolas Ier
Vassili GolikeIl est possible que ce soit précisément ce manque vis-à-vis de sa terre natale qui a motivé Alexandra à demander à son époux à ce que, pour le 24 décembre 1817, soit installé dans ses appartements à Moscou un sapin décoré dans la tradition prussienne. L’année suivante, un sapin est apparu au palais Anitchkov de Saint-Pétersbourg et, en 1828, Alexandra Fiodorovna, alors déjà impératrice, a organisé le premier « sapin des enfants » pour la progéniture de la famille.
Ces célébrations sont devenues régulières et, progressivement, la noblesse de la capitale a adopté cette tradition étrangère. À la fin des années 1840, les arbres de Noël suscitaient un véritable engouement, mais tout le monde ne pouvait pas se permettre ce plaisir, car les décorations et les arbres déjà ornés s’avéraient très chers. Les citoyens aisés de Saint-Pétersbourg rivalisaient presque entre eux pour savoir quel sapin de Noël était le plus magnifique et le plus orné. Les sapins artificiels étaient quant à eux particulièrement rares.
Sont en outre apparus les sapins de Noël « publics ». Le premier, décoré de bouts de papier multicolores, a été installé en 1852 dans la gare d’Ekateringof à Saint-Pétersbourg. De là, les arbres de Noël se sont répandus dans les assemblées de nobles, d’officiers et de marchands, ainsi que dans les théâtres et les clubs.
Les célébrations annuelles du sapin de Noël, organisées par Sa Majesté elle-même, impliquaient non seulement ses propres enfants et neveux, mais aussi les courtisans. Les festivités commençaient la veille de Noël, après le service religieux nocturne, et étaient attendues dès le matin. « Nous étions toujours rassemblés en premier dans les chambres intérieures de Sa Majesté ; là, nous, tous les enfants, y compris ceux du tsar, nous battions et nous bousculions près des portes fermées de la salle de concert ou de la rotonde du palais d’Hiver, où se déroulait habituellement la célébration de l’arbre de Noël, pour voir qui serait le premier à entrer dans la salle sacramentelle », c’est ainsi que Maria Frederiks, demoiselle d’honneur au palais, a témoigné de ce jour saint.
Enfin, la cloche sonnait. « En raison de l’impatience, nous avions presque des convulsions », a décrit ce moment le grand-duc Constantin Nikolaïevitch, âgé de 12 ans, dans son journal. Rien d’étonnant à cela : la cloche était le signal pour faire entrer les enfants dans la pièce éclairée par « mille bougies ». Là, l’impératrice conduisait les petits un par un vers des tables individuelles avec des sapins de Noël décorés de sucreries et de fruits, et distribuait des cadeaux.
« L’on peut imaginer combien de joie, de plaisir et de gratitude se déversait à ce moment-là. Tout était si adorable, simple et cordial, malgré le fait que ce soit en présence du Souverain et de l’Impératrice ; mais ils savaient, par leur gentillesse et leur affection, enlever toutes les contraintes de l’étiquette », a relaté Maria Frederiks, notant qu’après la fête, l’arbre pouvait être emporté chez soi pour continuer à l’admirer et à profiter des ornements sucrés.
Lorsque les enfants grandissaient, les cadeaux changeaient et les jouets se transformaient en livres, robes et bijoux. Un jour, la fille de l’empereur, la princesse Alexandra, a trouvé sous le sapin un présent absolument farfelu : son fiancé, le prince Frédéric-Guillaume de Hesse-Cassel, qui était arrivé secrètement à Saint-Pétersbourg peu de temps auparavant. Les enfants impériaux eux-mêmes préparaient également des surprises pour leurs parents et entre eux, préférant produire quelque chose de leurs propres mains – dessin, broderie ou sculpture. Par exemple, les grands-ducs fabriquaient des meubles pour maisons de poupées lors des cours de menuiserie et les offraient à leurs sœurs.
Après la distribution des cadeaux, les participants à la fête se rendaient dans une autre salle où se trouvait une grande table, décorée d’objets raffinés en porcelaine et en cristal. Ici, une loterie était organisée avec des cartes à jouer : l’empereur annonçait la carte gagnante et l’heureux vainqueur s’approchait de l’impératrice pour recevoir son prix.
Le tsar avait lui aussi sa propre table avec un arbre personnel, bien qu’il ait « toujours été contre les sapins de Noël », comme l’a souligné la grande-duchesse Olga dans ses mémoires. Le tsar craignait en effet un incendie, et c’est l’arbre de Noël qu’il a soupçonné lorsque, le 17 décembre 1837, le palais d’Hiver a effectivement pris feu. Ce soir-là, les enfants avaient célébrait une « petite fête du sapin de Noël », organisée environ une semaine avant le « grand sapin de Noël » pour l’échange de « babioles » en petit cercle. Nicolas Ier a supposé que l’arbre décoré de bougies avait été renversé, mais sa supposition n’a pas été confirmée et la tradition s’est perpétuée dans la famille impériale.
Dans cet autre article, nous vous dévoilions ce que les Romanov s’offraient entre eux pour Noël.
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