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Combien gagnait un travailleur soviétique ordinaire ?
Le salaire moyen en URSS dans les années 1970 et 1980 était d’environ 150 roubles par mois. Les travailleurs de basse classe (manutentionnaires, infirmières, vendeurs, nettoyeurs, gardiens, concierges, etc.) recevaient environ 70-80 roubles. Les enseignants, les médecins, les chauffeurs de camions, les opérateurs de machines pouvaient gagner jusqu’à 120-150 roubles, les ingénieurs – de 130 à 220. Le salaire d’un travailleur expérimenté de haut niveau dans la production pouvait atteindre 300-350 roubles. Et le directeur général d’une usine pouvait toucher 300-450 roubles par mois.
Voyons donc à présent quelles catégories de citoyens bénéficiaient des revenus les plus conséquents.
Membres d’artel
« On dit souvent de moi – "le premier millionnaire", a déclaré Vadim Toumanov dans une interview de 2015. Oui, bien sûr, je gagnais beaucoup, car même les membres ordinaires d’artel, où que nous travaillions, recevaient plus que les secrétaires des comités régionaux du Parti ! Et les secrétaires en étaient fous ».
Vadim Toumanov était le directeur célèbre de plusieurs artels (coopérative de production soviétique), notamment spécialisés dans l’extraction d’or. Les artels créés par Toumanov seul, y compris celui baptisé d’après le fleuve Amour et qui opère encore aujourd’hui dans l’Extrême-Orient russe, ont extrait plus de 500 tonnes d’or au total (dans les années 1960, la production globale d’or en URSS était d’environ 150-170 tonnes par an, donc les coopératives de Toumanov effectuaient une part considérable du travail).
Les artels étaient des groupes de travail semi-formels ou des collectifs omniprésents dans l’économie de l’URSS. Ils produisaient des meubles, des jouets, travaillaient pour des industries saisonnières comme la pêche, la récolte des cultures, la collecte de baies comestibles, etc. Néanmoins, bien sûr, les artels d’extraction aurifère étaient les plus rentables. L’État avait besoin d’eux car seuls des mineurs expérimentés pouvaient extraire l’or efficacement. Les artels ont été actifs jusque dans les années 1980.
Combien les membres des artels de Toumanov gagnaient-ils ? En travaillant 12 heures par jour, sans jours de repos, dans des conditions nordiques difficiles, ils pouvaient toucher environ 10 000 roubles par saison (3-4 mois), ce qui était un salaire énorme, puisque les revenus d’un ministre officiel étaient d’environ 1 000 roubles par mois (après impôts).
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Fonctionnaires du Parti
Les fonctionnaires du Parti communiste étaient considérés comme les « riches » de l’URSS – tout le monde comparait son salaire à ceux des dirigeants du Parti. Ils étaient mieux lotis que les « simples » fonctionnaires de l’État – alors que le salaire d’un ministre du gouvernement de l’Union soviétique était d’environ 1 000 roubles, les secrétaires du Comité central du PCUS gagnaient environ la même chose, malgré un rang inférieur. Le secrétaire général du Comité central du PCUS (Nikita Khrouchtchev, Leonid Brejnev, Mikhaïl Gorbatchev ont tous occupé ce poste) gagnait 1 500 roubles par mois.
Musiciens et chanteurs
Être un chanteur, un musicien ou un artiste de la parole célèbre ouvrait vraiment des portes en URSS. Les célébrités n’étaient pas nombreuses à l’époque et, par conséquent, elles jouissaient d’un style de vie somptueux.
Les chanteurs, musiciens et autres artistes officiellement engagés par l’État gagnaient leur vie en fonction de leur statut. Les Artistes honorés des républiques ou, plus encore, de l’URSS, pouvaient gagner jusqu’à 40 roubles pour un seul concert, soit un tiers du salaire d’un ingénieur. Les Artistes du peuple gagnaient encore plus. Cependant, le véritable revenu était informel et reçu sous forme de cadeaux. Par exemple, la chanteuse Lioudmila Zykina a reçu un collier de 127 diamants de Heydar Aliyev, vice-premier ministre de l’URSS.
Les salaires officiels des chanteurs et des artistes pouvaient différer considérablement de leurs revenus réels. Par exemple, le salaire officiel de Vladimir Vyssotski pour un seul concert n’était que de 11,50 roubles, alors que ses spectacles clandestins et non officiels pouvaient lui rapporter jusqu’à 500 roubles chacun. Parallèlement, son salaire en tant qu’acteur était également très élevé – pour avoir joué le Maure de Pierre le Grand dans le film éponyme, Vyssotski aurait reçu 3 450 roubles.
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Écrivains et poètes
Les revenus des écrivains et des poètes en URSS se composaient de leurs honoraires en plus des redevances pour chaque exemplaire de leurs livres, ce qui signifie que plus l’ouvrage était édité, plus son auteur devenait riche.
Les honoraires pouvaient varier en fonction du statut de l’auteur – de 250 à 800 roubles pour 23-25 pages de texte imprimé. Cependant, le principal revenu provenait des droits d’auteur. Sergueï Mikhalkov, un poète pour enfants et l’auteur des paroles de l’hymne de l’URSS, était célèbre comme étant probablement le plus riche des écrivains soviétiques – la diffusion globale de ses livres dépassait les 300 millions d’exemplaires.
Le dramaturge Anatoli Barianov, qui est aujourd’hui pratiquement inconnu en Russie, a quant à lui reçu 920 700 roubles de royalties en 1949 pour la mise en scène de sa pièce De l’autre côté. À titre de comparaison, une Pobeda (Victoire), la voiture soviétique la plus luxueuse des années 1950, coûtait environ 15 000 roubles.
Cependant, les principaux actifs des écrivains, poètes et dramaturges ne leur appartenaient pas. En tant que travailleurs artistiques « officiellement reconnus », membres de l’Union des écrivains et d’autres syndicats créatifs, ils avaient le droit d’utiliser des sanatoriums corporatifs, recevaient des datchas appartenant à l’État et des appartements spacieux. Cependant, tous ces luxes pouvaient être révoqués à tout moment si l’homme de lettres tombait « en disgrâce » auprès de l’administration du Parti communiste.
Dans cet autre article, nous vous expliquions ce qui est arrivé aux personnes les plus riches de l’Empire russe après la Révolution de 1917.
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