En images: ces étonnantes pièces de monnaie frappées sous le règne des tsars russes

Collection numismatique nationale/Musée national de l'histoire américaine
Les premières pièces de monnaie en Russie sont apparues à la fin du Xe siècle sous le prince Vladimir Ier. Sur leur face était frappée l’inscription: «Vladimir, et ceci son argent». À partir de cette époque, presque tous les monarques ont fait frapper leur monnaie. Et ce, non seulement pour les paiements, mais aussi en guise de récompenses.

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Rouble carré

Frapper de l'argent n'est pas une affaire bon marché. Pierre le Grand l’a appris de sa propre expérience. Il a vu l'avènement des pièces rondes fabriquées par des machines au lieu de la simple monnaie difforme jusque-là en usage. Le seul problème était que l’on ne disposait pas de suffisamment de minerai d’argent, contrairement au cuivre, qui abondait dans l’Oural. Le plan du réformateur a ainsi finalement été mis en œuvre par sa femme Catherine Ire. En 1726-1727, dans les usines minières d'Ekaterinbourg, l’on a commencé à produire des lingots-plaquettes poinçonnés. Ils ne se distinguaient pas par leur beauté : un carré avec les armoiries russes aux quatre coins et avec la dénomination, le lieu et la date de fabrication, au centre. Les pièces de monnaie étaient émises de cette manière, des plus petits kopecks aux plus grandes unités de roubles. Plus c'était gros, plus c'était lourd. Par exemple, un kopeck pesait un peu plus de 16g, tandis qu’un rouble de cuivre de la taille d'une main pesait plus de 1,6kg !

Rouble de Sestroretsk

L’on pouvait planter des clous avec un rouble de Sestroretsk – cette pièce gigantesque pesait 930g. Et ce, alors qu’une pièce de cinq roubles ordinaire pesait 50g à l'époque. Ressemblant à un palet miniature, ce rouble de cuivre était utilisé pour échanger la première monnaie papier en Russie – les roubles d'assignation. C'est en tout cas l'idée qui a prévalu lorsque, en 1771, les Usines d'armement de Sestroretsk ont commencé à frapper des lots d'essai. Néanmoins, le processus est loin d'avoir été couronné de succès.

Pièces en platine

Quelques années seulement après le début de l’extraction du platine en Sibérie, il a été décidé d'en faire de la monnaie. Les pièces de trois, six et douze roubles sont devenues la première monnaie au monde fabriquée dans ce métal. Au cours de cette période, de 1828 à 1845, la moitié des 32 000kg de platine produits a été frappée sous forme de pièces. Il semblait que cette « pièce de luxe » allait définitivement prendre sa place aux côtés de ses homologues en argent et en or. Cependant, tout s'est arrêté brusquement, selon une version, en raison de la crainte que ce métal précieux soit sur le point de se déprécier. Tous les stocks de platine ont ainsi été vendus à l'Angleterre et plus aucune monnaie de ce type n'a été frappée.

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Pour un compte impair

Sous le dernier empereur russe, une réforme monétaire a eu lieu et le rouble a été rattaché à l'or. Outre les pièces de la dénomination habituelle, des pièces non standard sont apparues en circulation, comme celles de 7,5 roubles. Néanmoins, la Monnaie devait également frapper des unités beaucoup plus importantes. Par exemple, celles de 37,5 roubles en or. L'émission ronde de 1902 avec le profil de Nicolas II et les armoiries russes était à la fois deux dénominations – rouble et franc français, car il était destiné à des paiements à l'étranger. Il est possible que des pièces en or de titre 900 aient été nécessaires pour les cadeaux protocolaires – les principaux propriétaires de cette monnaie inhabituelle étaient les membres de la famille impériale.

Rus au lieu des roubles

Le ministre impérial des Finances Serge Witte a décidé de réinventer le rouble-or et d'augmenter sa valeur sur le marché international. Parmi plusieurs noms, il a choisi le mot francisé « rus ». En apparence, la nouvelle monnaie ne différait guère de l’ancienne, si ce n'est qu'elle indiquait une nouvelle dénomination. Par exemple, l'impérial d'or, c'est-à-dire 15 roubles, est devenu 15 rus. Et la dénomination valant deux tiers de la pièce d'or impériale, le dessiatiroublevik, est devenue la pièce de 10 rus. Nicolas II, après avoir étudié la circulation des lots d’essai, est cependant resté indifférent à l'idée de Witte. Le rouble a donc continué de circuler, et la nouvelle monnaie n’est restée qu’une ébauche.

Monnaie sibérienne

Un grave problème est apparu avec la mise en valeur des nouveaux territoires : l'argent frappé à Saint-Pétersbourg s'est avéré assez coûteux à acheminer dans les régions éloignées. Il a donc été décidé de frapper des pièces localement. À partir de 1766, l'argent destiné à la Sibérie était fabriqué dans l'usine locale de Souzoune (région de Novossibirsk) à partir des riches réserves de cuivre. Ces pièces n’étaient en circulation que sur le territoire sibérien, de la cité de Tara au Kamtchatka. Presque toutes, à l'exception d'une pièce de la plus petite dénomination, la polouchka, portaient au revers les armoiries du Gouvernement de Sibérie.

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Pièce sans portrait

Paul Ier a résolu les problèmes de l'importante dette extérieure et de l'inflation croissante simplement en détruisant les réserves de roubles d’assignation et en augmentant le volume de la monnaie métallique. Tous les moyens d'obtenir des matières premières étaient utilisés, et même les services d'argenterie des palais ont été envoyés à la fonte. C’est par ailleurs sous son règne qu’ont été frappées les premières pièces sans portrait du tsar – il a remplacé par le monogramme de quatre lettres « P » (« П » en russe) avec un I romain au centre. Au revers, étaient frappés des mots du Psautier : « Pas à nous, pas à nous, en ton nom ». D'ailleurs, en plus des pièces de 50 kopeks (poltiny) et de un rouble habituelles, l’on trouvait aussi des pièces d'essai nommées efimki. Ces pièces d'argent avaient une valeur nominale de 1,5 rouble.

Rouble de Constantin

Une chose étrange : le monarque Constantin Ier n'a pas existé en Russie, mais l’on trouve des pièces de monnaie à son effigie. En fait, tout est simple. Après la mort d'Alexandre Ier, qui n'avait pas d'enfants, il était prévu que son frère Constantin monterait sur le trône. Cependant, il a catégoriquement refusé de devenir empereur et il a été décidé que le trône serait transmis à un autre frère, le grand-duc Nicolas. Quelques années avant sa mort, Alexandre Ier a donc rédigé un document secret affirmant les droits de ce dernier. Cependant, tout le monde n'était pas au courant de ce manifeste. Par conséquent, la Monnaie de Saint-Pétersbourg a commencé à frapper de nouvelles pièces à l’effigie de Constantin sans attendre le couronnement. En conséquence, la quasi-totalité du tirage a été détruite, à l'exception de quelques exemplaires.

De l’or au lieu d’une médaille

Le dicton selon lequel l'or est le métal des tsars est vrai à cent pour cent. Dès leur couronnement, les monarques étaient couverts de pièces de monnaie précieuses, utilisées comme décoration et comme cadeaux. Les pièces d'or servaient pour récompenser les exploits militaires, et ce n'est qu'au XVIIIe siècle qu'elles ont été remplacées par des médailles et des ordres. Par exemple, de l'or a été attribué à Fiodor Golovine, qui a signé en 1689 le traité de Nertchinsk, qui a déterminé la frontière entre le Tsarat de Russie et la Chine.

Dans cet autre article, nous vous expliquions comment le rouble s'est imposé comme la monnaie de la Russie.

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