Cinq faits de la vie de Mikhaïl Lermontov, le «second» grand poète russe 

Culture
ALEXANDRA GOUZEVA
Au panthéon de la littérature russe, l’écrivain mort dans la fleur de la jeunesse égale presque Alexandre Pouchkine dont il admirait tant le talent.

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Rendu célèbre par la mort d’Alexandre Pouchkine

Mikhaïl Lermontov dessinait, jouait d’instruments de musique et composait des vers dès l’enfance. Au XIXe siècle, l’apprentissage de la versification faisait partie de l’éducation que recevaient les enfants de l’aristocratie. Mikhaïl Lermontov était dans ce domaine un élève talentueux.

Sa poésie devint largement connue après la mort d’Alexandre Pouchkine. Le duel et la mort du poète ébranlèrent Mikhaïl Lermontov, qui était l’un de ses grands admirateurs. Il rédigea alors La Mort du Poète dans laquelle il fait porter la responsabilité du décès d’Alexandre Pouchkine à la société. Ce poème fit alors beaucoup parler.

Les spécialistes de la poésie russe relèvent que Mikhaïl Lermontov fut fortement influencé par l’œuvre en vers d’Alexandre Pouchkine, en particulier par ses poèmes de jeunesse empreints de romantisme.

Exilé dans le Caucase

La Mort du Poète valut à Mikhaïl Lermontov d’être exilé dans le Caucase et affecté dans un régiment de dragons. Plus tard, officier de la garde, il revint dans cette région pour raisons de service. Elle exerça une profonde influence sur son œuvre.

La chaîne du Caucase lui inspira le poème Le Novice (Mtsyri). La plus grande partie de son roman Un Héros de Notre Temps  se déroule dans le Caucase. Ce fut également dans ces montagnes qu’il trouva la mort.

En Géorgie, Mikhaïl Lermontov s’éprit d’une belle jeune fille. Elle lui demanda de lui rendre un service : sortir de sa maison... le cadavre de son précédent prétendant. On ne saura jamais s’il s’agissait d’une histoire fantaisiste ou pas. En tout cas, il l’avait racontée dans des lettres à des amis. On sait par ailleurs qu’il aimait faire des blagues.

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Russe aux origines écossaises

La famille Lermontov descend du poète écossais Thomas Learmonth. Au début du XVIIe siècle, le lieutenant George Learmonth, mercenaire dans les troupes polonaises qui avaient envahi la Moscovie, fut fait prisonnier par les Russes. Les historiens le caractérisent comme un aventurier qui décida alors de commencer une nouvelle vie en proposant ses services au jeune tsar Mikhaïl Romanov.

Mikhaïl Lermontov fait référence à ses origines écossaises dans son poème Le Souhait dans lequel il regrette de ne pas être un oiseau des steppes en liberté  :

« Je volerais le long du mur où sont accrochés l’épée et le bouclier,

D’un battement d’aile, je les épousseterais ;

Je frôlerais une corde d’une harpe écossaise,

[...]

Je suis né ici, mais mon âme est d’ailleurs... »

Dans ce même poème, il dit de lui être « Le dernier descendant de guerriers intrépides ». 

Prophète ?

On raconte des histoires toutes les plus invraisemblables les unes que les autres au sujet de Mikhaïl Lermontov. La plus connue concerne la magie de ses dates de naissance et de mort : 1814-1841, soit cent ans avant le début de la Première Guerre mondiale et cent ans avant le début de la Grande Guerre patriotique.

En Écosse, Thomas Learmonth était considéré comme un prophète.  Certains en Russie pensent que Mikhaïl Lermontov le fut aussi parfois. Ils en donnent pour exemples le vers suivant :

« La Russie n’a pas de passé. Elle est tout entière dans le présent et l’avenir. »,

la première strophe caustique de ce poème de 1841 sans titre :

« Adieu, Russie malpropre,

Pays d’esclaves, pays de maîtres,

Et à vous, uniformes bleus,

Et à toi, peuple à eux asservi*. » 

Ou bien encore ces vers extraits du poème Borodino :

« Oui, oui, c’était une autre race...
C’étaient — on ne suit point leurs traces —
des héros, eux — pas vous !** 
» 

Tué en duel

Certains épisodes de la vie de Mikhaïl Lermontov ne sont pas sans faire écho à ceux de la vie d’Alexandre Pouchkine : l’exil, les poèmes romantiques, la mort en duel... Nikolaï Martynov qu’affronta Mikhaïl Lermontov lors de son dernier duel avait un temps servi dans le même régiment que Georges d’Anthès, qui blessa mortellement Alexandre Pouchkine.

Les contemporains du jeune poète se souvenaient qu’il lui arrivait d’être particulièrement insolent et querelleur. Il aimait railler les gens, même en société. Nicolaï Martynov écrivit que « dès son arrivée à Piatigorsk, Lermontov ne laissa pas passer la moindre occasion d’être désagréable avec moi. Il ne se privait pas de m’envoyer des saillies, des piques, des moqueries, en un mot, tout ce qui peut vexer un homme, sans parler de son honneur ».

Dans les faits, Mikhaïl Lermontov fit tout pour que Nikolaï Martynov lui jette le gant. Il le reconnut même par allusions.

La légende veut que le poète tira deux fois en l’air. Offensé, Nikolaï Martynov l’aurait visé à la poitrine. Mikhaïl Lermontov mourut à l’âge de vingt-six ans.

* Source

** Source

Dans cette autre publication, découvrez pourquoi Alexandre Pouchkine est considéré comme le principal poète russe.

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