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En Russie, Katia Lel est l’« héroïne d’une chanson » du passé presque oubliée. Et cette chanson, c’est Moï marmeladny (« Ma pâte de fruits », sorte de surnom mignon). Sortie il y a près de 20 ans, elle est devenue un tube de l’époque et la chanteuse elle-même – l’une des stars de la pop des années quatre-vingt. Cependant, depuis lors, elle n’a plus connu de popularité, et son unique tube ne pouvait plus être entendu que lors de soirées rétro.
Or, soudain, l’inattendu s’est produit. Début novembre, Moï marmeladny est devenue virale dans le segment étranger de TikTok et a donné naissance à une nouvelle tendance : sur ce morceau, les utilisateurs adoptent l’image de la soi-disant « fille slave » (essentiellement composée d’une chapka, d’un manteau de fourrure et d’un rouge à lèvres rouge) et essaient de chanter en même temps, sans vraiment comprendre le sens des paroles.
Plusieurs centaines de milliers de vidéos ont déjà été tournées avec cette chanson, certaines avec des millions de vues. Grâce à cela, en décembre, la chanson est entrée dans le top 3 des hits les plus viraux du classement Spotify, dépassant Is It Over Now? de Taylor Swift et My Love Mine All Mine de Mitski.
Cette nouvelle popularité a été une grande surprise pour l’artiste, qui y a vu une victoire pour « tout notre pays ». Elle a commenté : « Je félicite mon adoré et génial Max Fadeïev, l’auteur de cette super chanson, et notre pays tout entier pour cette victoire ! ».
De quoi parle cette chanson ?
« Essaye moua-moua, essaye djaga-djaga. Essaye hou-hou, j’en ai besoin-besoin. J’ai à nouveau l’impression d’avoir la tête qui tourne. Ma pâte de fruits, j’ai tort », chante le refrain accrocheur.
Le sens de ces lignes et de l’ensemble de la chanson a toujours été vague, même pour le public russophone. Et si, avec « moua-moua », l’on peut penser qu’il s’agit du bruit d’un baiser, qu’est-ce que « djaga-djaga » ?
De nombreuses personnes ont supposé qu’il s’agissait d’un euphémisme pour désigner un rapport sexuel, mais la chanteuse a remis les choses à leur place : « Chacun pense ce qu’il veut : c’est du sexe, c’est de la défonce. Dans mon cas, c’est juste "Hey, comment ça va ? Tout va bien !". C’est l’amour, la tendresse, c’est la joie de vivre. Tout ce que tu veux, tout ce qu’il y a de mieux, c’est djaga-djaga ».
Pour résumer le sens de la chanson, il est le suivant : l’héroïne – une femme sûre d’elle et de sa beauté – n’a pas encore décidé si elle devait accepter les avances de son admirateur et passer « au niveau supérieur », ou continuer à garder ses distances, en se comportant parfois de manière assez toxique.
La chanson la plus importante de sa carrière
Le titre Moï marmeladny est sorti en 2003 et est devenu la chanson principale non seulement de l’album Djaga-Djaga (2004), mais aussi de la carrière de la chanteuse.
Katia Lel (de son nom de naissance Ekaterina Tchouprinina) est apparue sur scène au milieu des années 1990, lorsqu’elle a reçu une formation musicale supérieure et déménagé de Naltchik à Moscou. Elle était choriste pour Lev Lechtchenko, un artiste populaire dans tous les sens du terme, jusqu’à ce qu’elle soit remarquée par l’homme d’affaires Alexandre Volkov. Ils ont commencé à se fréquenter et Katia s’est lancée dans une carrière solo.
Au début, elle chantait, comme le décrit le journaliste musical Oleg Karmounine, « de la musique pure et sincère, mais très simple, pour les masses peu prétentieuses ; pas à la mode, pas moderne, qui parle d’amour et de la lourdeur de la séparation ». Toutefois, ayant compris que sa carrière avait besoin d’être relancée, elle a engagé l’un des meilleurs producteurs et auteurs-compositeurs de l’époque, Max Fadeïev. Dans le cadre de la gestion de crise, il a eu pour mission de sortir un album à succès et de changer l’image de Katia Lel, « de la rajeunir ».
C’est ainsi que sont apparus le titre Moï marmeladny et le clip, pour lequel Katia Lel a dû perdre du poids, passant de 53 à 46 kilos. Habituée au maquillage « smoky-ice » et aux lèvres brillantes, la chanteuse a changé de style pour le tournage et a utilisé de la neige comme « produit coiffant ».
Et ça a fonctionné. Cette Katia Lel, qui parodiait un léger accent étranger dans la chanson et qui, dans la vidéo, était simplement assise sur un canapé et chantait, a explosé dans les classements nationaux. En 2003, la chanson a été diffusée par toutes les radios et Katia Lel est devenue un sex-symbol pendant un certain temps.
Une version anglaise de la chanson a même bientôt vu le jour : la chanteuse l’a interprétée dans l’émission humoristique Ostorojno, modern!.
Le producteur espérait un succès international, similaire à celui du groupe t.A.T.u., qui faisait fureur à l’époque, mais cela ne s’est pas produit. Le titre en anglais est passé inaperçu.
Des succès plus tangibles dans la carrière de la chanteuse n’ont pas été au rendez-vous. Max Fadeïev s’est engagé dans d’autres projets et Lel a poursuivi sa carrière solo sans sa participation active. Au total, elle a enregistré 10 albums au répertoire varié, allant de la pop-variété à des morceaux pour les raves et boîtes de nuit. Cependant, elle n’a pas réussi à se hisser au premier rang des stars de la pop. Dans la seconde moitié des années 2000, son activité créatrice a commencé à décliner et, jusqu’à cette année, Katia Lel ne faisait plus parler d’elle que par des histoires d’extraterrestres (elle croit en eux, pense qu’ils ont sauvé la Terre d’une guerre nucléaire à plusieurs reprises et qu’ils lui ont volé ses dents).
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