Tout ce que vous vouliez savoir sur Baba Yaga, la plus célèbre des sorcières russes

Culture
GUEORGUI MANAÏEV
Elle vit dans une hutte à pattes de poulet, garde l’entrée de l’autre monde et voyage dans un mortier. Rencontrez la méchante le plus effrayante de l’ancienne Russie.

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Dans les contes folkloriques russes, Baba Yaga est une vieille sorcière qui vit dans les bois. Son izba - ou hutte - se dresse sur des cuisses de poulet en lisière d’un pré, face à la forêt. Pour y entrer, il faut crier : « Chère hutte, s’il te plaît, tourne le dos à la forêt et fais-moi face ! » Ce n’est qu’après cela que l’hôte peut entrer dans la cabane, où se repose Baba Yaga, avec sa « jambe en os » et un nez qui a « poussé dans le plafond ».

Cet être mythique propose généralement un marché au protagoniste du conte ou lui fait subir une transformation après l’avoir placé dans son four magique. Baba Yaga est le grand « grand méchant » que les parents russes ont toujours brandi pour effrayer leurs enfants (nous avons un article séparé à ce sujet).

Pourquoi s’appelle-t-elle Baba Yaga ?

Baba Yaga pourrait bien être l’être le plus ancien du folklore russe. À tel point que les linguistes débattent encore des origines du nom. En russe, « baba » signifie « bonne femme ». Cependant, dans les langues indo-européennes, « baba » est un ancêtre. De nombreuses sculptures en pierre découvertes dans le sud de la Russie représentent une telle figure originelle.

Il n’y a pas de traduction claire de « yaga » en russe. Cependant, en sanskrit, « yaga » signifie « sacrifice ». Comme le soutient la chercheuse Olga Solianik : « Baba Yaga est un personnage très ancien, enraciné à l’époque du matriarcat, lorsque les gens adoraient une progénitrice et un totem féminins ».

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Pourquoi vit-elle dans une hutte aux pattes de poulet ?

Une autre caractéristique de Baba Yaga est sa cécité. Lorsqu’un protagoniste s’approche d’elle, elle ne connaît sa présence que par l’odorat. Le philologue Vladimir Propp soutient que c’est parce que Baba Yaga est en réalité une créature du monde des morts - parce que « les morts ne voient pas les vivants ». Cependant, Baba Yaga elle-même est visible à l’œil nu par tout humain ordinaire qui la rencontre.

C’est pourquoi elle vit dans une hutte en lisière de la prairie - Baba Yaga protège l’autre dimension (la forêt) des vivants. Mais pourquoi la hutte a-t-elle des cuisses de poulet ? Comme le soutient l’historienne Alexandra Barkova, cela provient de l’ancienne coutume des enterrements hors sol. Les Mokchas, ​​un groupe ethnique mordve vivant en Russie centrale, sont connus pour avoir pratiqué l’enterrement de leurs chamans de cette façon. Les enterrements hors sol n’étaient pratiqués que dans les cas impliquant des individus vénérés : « Un enterrement hors sol ne permet pas à l’esprit de partir vers le pays des morts », écrit Barkova. En étant gardé au-dessus du sol, à la frontière entre les deux royaumes, un chaman ou une sorcière peut encore être vénéré.

Les « cuisses de poulet » sont en réalité les souches de bois sur lesquelles repose un cercueil. À l’intérieur, un cadavre est allongé, c’est pourquoi Baba Yaga a une jambe en os et pourquoi elle est allongée « de coin en coin » avec le nez coincé dans le plafond : elle est allongée dans un cercueil en bois.

Pourquoi voyage-t-elle dans un mortier avec un pilon ?

Comme le soutiennent les historiens, Baba Yaga remonte à l’époque des chamans et des sorcières adorés par les anciens peuples slaves et pré-slaves. Mais avec le temps, elle a acquis certaines caractéristiques des temps ultérieurs. Des conteurs de la région de Vladimir, par exemple, ont déclaré en 1914 que Baba Yaga « vole dans un mortier, s’oriente avec un pilon et rame avec un balai ».

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Un mortier si grand qu’on pourrait s’y asseoir, avec un pilon tout aussi massif - de telles choses ne peuvent que surprendre les citadins modernes. Dans les villages russes, cependant, un mortier et un pilon étaient tout aussi courants qu’un balai ou un mixeur. Les mortiers étaient utilisés pour broyer le grain. Le processus n’était pas très difficile, mais demandait beaucoup de temps, c’est pourquoi il était souvent confié aux femmes âgées. Un mortier et un pilon étaient les attributs communs d’une vieille sorcière, ce que Baba Yaga était assurément.

Pourquoi est-elle si populaire dans la culture contemporaine ?

Le secret de la popularité de Baba Yaga peut être attribué, en particulier, à son caractère obscur. En effet, chaque enfant russe connaît le nom Baba Yaga, mais on sait peu de choses sur son lien avec le monde souterrain ou sur ses origines possiblement liées à une ancienne divinité féminine. Elle apparaît donc dans différents dessins animés et films russes. Gueorgui Milliar, un acteur masculin, a incarné Baba Yaga dans de nombreux films soviétiques des années 1930-60, parmi lesquels Vassilissa la très belleMorozkoLes Nouvelles Aventures du chat botté et d’autres.

Pour le public occidental moderne, Baba Yaga n’est souvent qu’un monstre slave générique - dans le film John Wick, par exemple, les créateurs ont involontairement confondu l’être féminin avec un autre méchant slave dont le nom rime en russe - le Babaïka.

Dans la saison 2 de The Witcher, la méchante Voleth Meir (Mère immortelle) emprunte quelques traits à Baba Yaga (sa hutte se dresse sur des pattes de basilic - une sorte de poulet infernal).

Dans le roman graphique Hellboy : The Chained Coffin and Others (Le Cercueil enchaîné), un épisode complet est dédié à Baba Yaga. Et dans le manga/animé Soul Eater, il y a un « château de Baba Yaga », utilisé par la sorcière Arachné comme base pour ses opérations.

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