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Ces dernières années, toutes sortes de produits faits main sont devenus un passe-temps de plus en plus populaire. Or, la fabrication de courtepointes, tissus matelassés avec une variété de motifs et d'ornements, s'est répandue parmi les adeptes de couture du monde entier. Des pièces de tissu sont cousues sur un support non tissé prêt à l'emploi (par exemple, de la ouate) ou assemblées. L'une des techniques du procédé, le patchwork, est très populaire en Russie depuis le XIXe siècle.
Un artisanat ancien
Les tissus ont toujours été traités avec soin en Russie. Chaque foyer possédait son propre rouet : les tissus filés à la maison étaient très appréciés et l'habileté de la couturière était un atout dans la recherche d'un futur époux. Les femmes fabriquaient leurs propres robes, ainsi que leurs propres dots – des couvertures pour le mariage ou les accouchements.
Il y avait très peu de pièces superflues de tissu filé à la maison – le plus souvent, l’on en confectionnait exactement à la bonne taille. Tous les restes ou parties de tissus endommagés, qui ne pouvaient plus être portés, étaient utilisés pour réparer d'autres vêtements et linges. Rien n’était jeté !
La tradition de la couture en patchwork a vu le jour en Russie au XIXe siècle, lorsqu’il existait de nombreuses usines textiles et que les tissus chintz avec des imprimés colorés se sont répandus. Les paysannes ont alors commencé à porter des robes en tissus de coton bon marché et colorés, et lorsqu'elles s’usaient, on leur donnait une seconde vie. Les grands morceaux étaient recousus sur des robes et d'autres vêtements, tandis que les chutes étaient soigneusement rassemblées et cousues en couvertures, tapis et serviettes de table sous forme de patchwork.
Au milieu du XIXe siècle, l'écrivain Vladimir Sollogoub a décrit que, dans une izba de paysan, derrière le poêle typique russe, se trouvait un lit recouvert d'« une couverture en patchwork de chintz ».
Au fil des siècles, chaque localité et région a développé ses propres méthodes, formes et images en matière d'art (même les chambranles de fenêtre sculptés étaient partout différents). Les motifs originaux et uniques étaient transmis de génération en génération et influençaient également l'artisanat.
« Dans la formation des principes artistiques et des techniques de création de compositions ornementales en patchwork, les artisanes ont été aidées par des siècles d'expérience de travail sur les vêtements paysans », estiment les experts du département d'art traditionnel du Musée Russe, à Saint-Pétersbourg. Dans les vêtements traditionnels, il était habituel de combiner les textures, les tissus et les motifs. Les habits russes étaient souvent composites, avec de nombreux éléments décoratifs, notamment de la dentelle et des inserts tissés, des rubans de soie et des tresses colorées.
La plupart des articles en patchwork étaient assemblés à partir de pièces triangulaires ou carrées d'à peu près la même taille, cousues selon différentes séquences – carré, cercle, motif ou zigzag.
Le patchwork est devenu un véritable art à la fin du XIXe siècle. Jusqu'à présent, on peut encore voir des panneaux textiles fabriqués à Kazan, capitale de l’actuelle République russe du Tatarstan, dans les années 1890. Ils sont constitués de centaines de détails miniatures cousus à la main, de carrés, de losanges et de triangles en tissu, rassemblés en une composition à grande échelle. Il ne s'agit pas seulement de pièces cousues, mais d'une mosaïque complexe de motifs.
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Regard soviétique
Les artistes de l'avant-garde se sont intéressés à la technique du collage traditionnel, ainsi qu'au loubok. Ils ont joué avec l'art populaire sous diverses formes, et la géométrie du patchwork se retrouve ainsi même dans le suprématisme de Malevitch.
Mais aussi dans ses créations de costumes pour l'opéra futuriste Victoire sur le Soleil.
Au début du XXe siècle, l'artiste Varvara Stepanova a inventé des motifs pour les tissus, dont beaucoup ressemblent à ceux du patchwork.
À l'époque soviétique, dans les petites villes et les villages, l’on pratiquait le patchwork comme loisir. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il ne s’agissait cependant plus d’un simple passe-temps, mais d’une sérieuse nécessité – les couvertures en patchwork servaient vraiment à se réchauffer, et non comme un élément de décoration. Plus tard, à une époque de grave pénurie, les ménagères soviétiques ont recommencé à coudre leurs propres vêtements et articles ménagers. Beaucoup avaient leurs propres machines à coudre.
Nombreux sont les Russes qui se souviennent encore des œuvres cousues par leurs mères et grands-mères : perlage, tricot, confection de vêtements ou de linge de maison – et bien sûr, utilisation des chutes pour en faire de nouveaux patchworks toujours différents.
En URSS, le patchwork était pratiqué par les filles durant les cours de travail manuel à l’école, et l’est toujours dans la Russie moderne.
Le patchwork n'a pas cessé d'être populaire en Russie aujourd'hui. Avec l'abondance de divers tissus et vêtements prêts à l'emploi, il n'y a cependant pas de besoin urgent de s’adonner à la couture, comme c'était le cas en URSS.
Dans toute la Russie, une communauté d'amateurs de patchwork est apparue. Les maîtres vendent leurs créations sur Internet, et organisent également des cours et des écoles, partageant leurs secrets. Dans le style du patchwork, l’on fabrique aussi bien des vêtements que des jouets, ou des revêtements pour les meubles d'intérieur.
De plus, par exemple, dans la capitale textile russe, la ville d'Ivanovo, qui était l'épicentre de l'industrie du chintz, est organisé le festival « Mosaïque patchwork de Russie ».
L'exposition « Patchwork russe » se tient au Musée Russe de Saint-Pétersbourg jusqu'au 13 septembre 2022.
Dans cet autre article, nous nous intéressions au rouet traditionnel russe, outil indispensable des femmes d’autrefois.
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