Nous vous informons que l’information présentée ci-dessous n’est plus d’actualité, car le programme initial des « Saisons Russes d’Avignon » a été changé. En raison des nouvelles mesures sanitaires, les artistes russes n’ont pas pu venir en France et les spectacles n’auront donc pas lieu. Seules les tables rondes dédiées au théâtre russe contemporain et à la coopération culturelle franco-russe se dérouleront comme prévu le 16 juillet, un spectacle de solidarité au Théâtre de la Scierie avec un atelier « marionnettes » dirigé par le metteur en scène Evgueni Ibraguimov sera organisé le 17 juillet.
C’est par la France qu’à l’aube du XXe siècle les toutes premières Saisons russes ont commencé à conquérir le public européen. Créées par l’un des premiers managers culturels au monde, Serge de Diaghilev, elles sont devenues une « carte de visite » de renommée mondiale et ont permis à l’art russe, et surtout au théâtre et au ballet, de se forger une place particulière en Europe. Les Saisons russes d’Avignon sont donc l’une des plus récentes tentatives visant à ranimer ce format d’événement. Ainsi, trois théâtres venus de Moscou, Ekaterinbourg et Norilsk respectivement seront accueillis pendant ce mois de juillet par les théâtres de l’Étincelle et de la Scierie de la ville d’Avignon.
Prévues au départ pour l’été 2020, mais reportées en raison de la Covid-19, les Saisons russes d’Avignonse tiendront finalement dans le cadre de l’Année de la coopération décentralisée entre la Russie et la France. L’idée initiale d’organiser un tel événement remonte à l’année 2019, lorsque, lors du Forum culturel international de Saint-Pétersbourg, un mémorandum d’accord pour la mise en œuvre de ce projet théâtral international a été signé entre la ville d’Avignon, la fondation « Saisons culturelles »dirigée par Elmira Cherbakova et l’association Compagnie IVA. Cette dernière, créée en 1985 par la comédienne russe Irina Vavilova, s’occupe de la production de spectacles originaux et internationaux axée notamment sur les échanges culturels entre la France et la Russie.
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« Ça faisait un moment que le théâtre russe n’était pas présenté à grande échelle au Festival d’Avignon. Ainsi, en considérant qu’il faut changer une telle situation et souhaitant du fond du cœur ramener les spécialités théâtrales russes en France, on a initié un tel projet », nous raconte comment tout a commencé Nathalie Conio-Thauvin, la directrice artistique de la Compagnie IVA. Metteuse en scène formée à l’École nationale de Chaillot et à l’Académie dramatique de Russie, Nathalie Conio-Thauvin explique que c'est dans la lointaine année 1997 que le Festival In d’Avignon avait organisé une mémorable saison russe, « qui, d’ailleurs, a beaucoup marqué les esprits ». Passionnée par le théâtre depuis toujours et grande amatrice de la culture russe, elle compare le festival d’Avignon à une compétition sportive où les théâtres provenant de tous les pays du monde « rivalisent » en quelque sorte : « il nous est impossible d'imaginer que les Jeux Olympiques aient lieu sans la participation d'athlètes russes. Pour moi, cela va de même pour un tel festival théâtral comme celui d’Avignon ».
Même s’il ne s’agit que du Festival off, le choix des spectacles doit se faire conformément aux critères établis par les organisateurs. « Il y a beaucoup de règles à suivre. Le plus important est que le spectacle ne doit pas durer plus de 1h10. Puis, dans le cas d’une mise en scène faite par un théâtre étranger, il faut que ce soit facile à comprendre et à percevoir pour le public francophone, à cet égard, en faisant notre sélection interne, nous avons privilégié des spectacles plutôt musicaux », nous explique les détails de sélection la directrice artistique de la Compagnie IVA.
Il est vrai que pour cette toute première édition des Saisons russes d’Avignon, la sélection des spectacles peut sembler modeste. Toutefois, ce qui importe, ce n'est pas la quantité, mais la qualité des performances. Cette dernière a été assurée, d’ailleurs, par l’expert théâtral français de longue date Jean-Pierre Thibaudat qui avait fait le tour de tous les théâtres représentés dans le cadre de cet événement. Alors que les trois spectacles ne sont pas liés les uns aux autres par une thématique précise, ils sont unis par l’originalité de mise en scène et par l’actualité des sujets abordés. D’après Nathalie Conio-Thauvin, tous les spectacles en programmation permettront de découvrir à la fois la Russie d’hier et d’aujourd’hui à travers son histoire, la littérature classique et les contes populaires.
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L’avant-première du spectacle Rêve de la terre Blanche présenté par le théâtre de Norilsk (Sibérie) est prévue pour le 11 juillet sur la scène du théâtre de la Scierie d’Avignon. Ainsi, les spectateurs français auront l’occasion du 13 au 16 juillet de se plonger dans les mythes et légendes de peuples autochtones du Taïmyr (Nganassanes, Nénètses, Énètses, Dolganes) vivant dans le Grand Nord.
Dans cette œuvre visuelle et sonore avec l’implication à la fois d’acteurs et de marionnettes, le metteur en scène Evgueni Ibraguimov pousse à réfléchir sur la relation de l'homme moderne avec la nature, en faisant parcourir tout un autre univers où la nature et tous les représentants du monde animal sont dotés d’un esprit sur un pied d'égalité avec l'homme.
Ensuite, la capitale russe sera présentée par le théâtre Romen dont la troupe jouera, sur la scène du théâtre de l’Etincelle d’Avignon, le cabaret La lampe verte du 13 au 28 juillet. Écrite par le dramaturge français Philippe Fenwick, c’est une pièce musicale et poétique qui immerge les spectateurs dans l’ambiance de Saint-Pétersbourg des années prérévolutionnaires à travers les mémoires du personnage principal le comte Rohozinski.
Le caractère immersif de cette création conjointe franco-russe, manifesté dans les tours de magie, numéros de cirque, danses et chants tziganes, fait revivre les courants littéraires de cette époque et permet aux spectateurs d’effleurer une ère perdue dans un tourbillon d'événements historiques mondiaux.
Le seul spectacle sous-titré en français dans le cadre des Saisons russes d’Avignon sera la nouvelle adaptation du célèbre roman Crime et châtiment de Dostoïevski réalisée par le théâtre indépendant de Kolyada de la ville d’Ekaterinbourg (Oural).
Ainsi, du 18 au 30 juillet sur la scène du théâtre de l’Etincelle, sans aucun décor, avec un seul banc au centre, les trois acteurs du théâtre interpréteront le chef-d’œuvre classique de la littérature russe. Dans cette pièce, le réalisateur Nikolai Kolyada tient à rapprocher les héros de Dostoïevski à la réalité d'aujourd'hui, tout en essayant de répondre à la question : qu’est-ce que les jeunes d'aujourd'hui sont prêts à faire afin de devenir célèbres et avoir quelques minutes de gloire sur Internet ou à la télévision ?
Ainsi, s’appuyant sur les références laissées par Dostoïevski, le spectacle aborde un phénomène largement répandu dans la vie d’aujourd’hui dans le monde entier. Une telle combinaison ne laissera certainement pas indifférent les spectateurs français.
Outre les spectacles, des tables rondes sur les projets culturels franco-russes et sur le théâtre russe contemporain ainsi que la lecture du livre « Passant par la Russie » par son auteur et le comédien français Denis Lavant, seront organisées le 16 juillet au sein du Village de l’OFF du festival d’Avignon.
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