Le label franco-suisse Belka Records: la musique indé’ russe dans votre lecteur cassette

Belka Records
Belka Records est un projet aussi unique qu’original: un label musical fondé sur l’initiative de trois jeunes, deux Français et une Suissesse, dans le but d’exporter en Occident les pépites de la scène indépendante russe, le tout sous forme de cassettes audio. Alors que leur deuxième compilation Russian Tour 2 est sortie en septembre dernier, Russia Beyond s’est entretenu avec l’un de ces russophiles mélomanes.

Russia Beyond : Tout d’abord, qui se cache derrière ce fameux label Belka Records ?

Belka Records : Belka Records, c’est le projet de trois passionnés de musique et de la Russie. Céline [Céline Massy, 30 ans] et moi [Grégoire Chesnot, 28 ans] habitons à Moscou depuis plusieurs années et Romain [Romain Evain, 29 ans] travaille à Paris. Romain et moi nous connaissons du lycée et j'ai rencontré Céline à Moscou.

Quel est votre lien initial avec la Russie ?

On a tous un parcours assez différent avec ce pays et la CEI. Céline a étudié à Saint-Pétersbourg, et j’ai commencé à travailler à Kiev par exemple.

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Le choix de l’écureuil (« belka » en russe) comme symbole de votre petite entreprise a-t-il une signification et une origine particulières ?

Au début on aimait surtout bien la sonorité de « Belka », et puis cet animal agile et mignon va un peu à l’encontre du cliché du gros ours russe. Or, avec le label on espère aussi déconstruire un peu les stéréotypes, dont ceux sur la musique russe et sa fameuse balalaïka.

Comment vous est venue l’idée de faire découvrir la scène musicale indé’ russe à l’Occident ?

Avant, avec Romain on partageait nos coups de cœur musicaux sur un blog, mais on voulait être plus actifs dans la promotion de groupes. Aussi, en Russie on va souvent à des concerts et on a découvert une scène dynamique et originale. Nos amis, qui ne connaissent rien à la Russie, ont plutôt apprécié le son qu’on leur envoyait, et donc on s’est dit qu’il y avait du potentiel. Et puis il y a des groupes russes comme Motorama ou Pompeya qui tournent déjà beaucoup en Europe et en Amérique, alors pourquoi pas d’autres ?

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Avez-vous réussi à en faire votre métier ou est-ce pour vous un loisir ?

C’est vraiment seulement pour le plaisir.

Bien que vos compilations Russian Tour soient téléchargeables en format numérique sur votre site, vous avez décidé de vendre leur version matérielle sous forme de cassettes, plutôt que de CD voire de vinyles, qui sont, malgré la crise, des formats plus répandus de nos jours. Comment justifiez-vous ce choix audacieux ?

On était tous d’accord pour sortir Russian Tour sous format physique. C’est assez naturellement que l’on s’est tourné vers la cassette, qui offre de nombreux avantages. Le coût, bien moindre que pour le vinyle, la facilité de production, surtout pour des petites séries, et une grande liberté de création et de customisation du support. C’est un objet vintage et chaleureux qui correspond à l’image nostalgique et légère du label.

Et puis, le marché de la cassette, même s’il reste une minuscule niche, est super dynamique. Tout comme les vinyles, les ventes repartent à la hausse depuis plusieurs années et de nombreux labels et artistes en Russie et dans le monde entier s’y mettent. Il y a une communauté impressionnante.

Qui sont exactement vos clients ? Êtes-vous parvenus à toucher un auditoire occidental, qui ne connaissait pas spécialement la Russie ?

Un magasin japonais nous a récemment commandé 10 cassettes, on envoie régulièrement des colis un peu partout en Europe, donc je pense que oui. C’est notamment grâce au support proposé. Je pense que nos « clients » sont avant tout des gens curieux.

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Quels sont leurs retours ?

Les retours varient beaucoup, mais sont positifs. Ça va du « Ah il n’y pas que t.A.T.u. en Russie ! » au « Le chant en russe ça passe bien pour le punk ! ».

Comment fonctionne exactement votre collaboration avec les artistes russes ? Comment réagissent-ils en général face à votre initiative ?

On a rencontré la majorité des groupes en concert mais pas toujours, car certains sont basés à plusieurs milliers de kilomètres de Moscou. Ils sont souvent très curieux vis-à-vis de notre démarche, parce qu’ils ne pensent pas que leur son puisse intéresser un plus large public, ou se focalisent uniquement sur la création et pas la promotion. C’est par exemple parfois difficile de leur expliquer l’intérêt d’avoir une page sur Facebook, VKontakte [ l’équivalent russe ] reste la référence, et ils ne maitrisent que très rarement l’anglais.

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Y a-t-il un partenariat qui vous a particulièrement marqué(s) ?

On est en fait souvent très surpris par la variété des histoires ou des backgrounds de chaque groupe. Je pense que nos compilations reflètent bien ces différences sociales et géographiques. La musique de Park17, deux jeunes filles qui jouent du ukulélé au bord de la mer Noire, et celle de Buerak, groupe post-punk hipster sibérien, n’ont rien à voir par exemple. Mais les deux sont comme des clichés parlant de la jeunesse russe.

Vos cassettes sont-elles disponibles à l’achat uniquement sur Internet ou sont-elles proposées dans certains points de vente ?

Internet, 2-3 magasins, et via les groupes parfois.
Avez-vous peut-être prévu d’organiser des événements tels que des concerts etc ? (Si cela n’a pas déjà été fait !) On a déjà organisé un concert à Moscou et une petite soirée à Paris. On espère refaire cela rapidement.

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Quels sont vos plans pour l’avenir ?

On a quelques idées en tête : élargir la zone géographique aux autres « pays de l’Est », sortir le vinyle d’un groupe… Ce qui nous manque, c’est surtout le temps.

Les compilations Russian Tour et Russian Tour 2 sont disponibles à l’achat en cassette sur le site de Belka Records et en version numérique. Alors, prêts pour un road trip en Russie à bord de votre Lada, équipée bien évidemment de son lecteur cassette ?

Propos recueillis par Erwann Pensec

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