«Oulitsa», «pereoulok», «prospekt»… ces types de rues à distinguer en Russie

Éducation
GUEORGUI MANAÏEV
Les Russes aiment les routes et les rues, et possèdent une pléthore de noms pour leurs différents types. Voyons ce qu'ils signifient et comment les différencier.

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Selon une étude du moteur de recherche russe Yandex, la longueur totale des rues du pays atteint le nombre stupéfiant de 395 000 kilomètres. Si un piéton se déplaçait à la vitesse de cinq kilomètres par heure sans jamais s'arrêter, il lui faudrait plus de neuf ans pour les parcourir toutes. En fait, si l'on disposait la longueur des rues russes en une ligne droite pointant vers le ciel, on pourrait atteindre la Lune (qui est même plus proche, à 384 400 km de la Terre).

En Russie, « oulitsa » (« rue ») n'est pas le seul mot que l'on peut utiliser pour désigner un axe routier. À l'instar des Inuits, qui ont de nombreux noms pour désigner les différents types de neige, les Russes ont une douzaine de termes pour décrire les rues. Bien que la majorité d'entre eux se retrouvent probablement en français et dans d'autres langues, il en existe quelques-uns qui semblent être uniquement russes.

Oulitsa (« rue »)

« Oulitsa » est le terme le plus courant pour désigner une rue. C'est une route à l'intérieur de toute localité russe, où les bâtiments d'un côté sont numérotés en chiffres pairs, et impairs de l'autre. Les édifices voisins ont généralement des numéros voisins, ce qui permet aux facteurs de les trouver facilement.

Loubianka, Varvarka, Petrovka – les premières rues de Moscou à avoir reçu un nom distinct – semblent être apparues vers les XIV-XVe siècles, lorsque la cité asseyait peu à peu sa domination sur les terres alentours. Ces noms de rue étaient formés à l'aide d'un nom propre (comme Saint Petr (Pierre) ou Sainte Varvara (Barbara)) fusionné avec le suffixe « -ka », précédé du terme « oulitsa » : Oulitsa Petrovka, Oulitsa Marosseïka etc.

Plus tard, à partir du XVIIIe siècle, les noms de rues ont commencé à être accompagnés d'adjectifs : Tverskaïa oulitsa (Rue de Tver), Torgovaïa oulitsa (Rue marchande, du marché), et ainsi de suite.

Pereoulok (« ruelle »)

« Pereoulok » signifie littéralement « ce qui traverse les rues ». En Russie, les ruelles sont ainsi principalement des petites rues qui en relient de plus grandes. À Moscou, jusqu'au milieu du XXe siècle, le pereulok était l'objet d'adresse le plus courant. Au début du XIXe siècle, la ville comptait en effet 142 oulitsas et 518 pereouloks, et au début du XXe siècle – 404 oulitsas et 936 pereouloks. Actuellement, « pereoulok » est toutefois un mot obsolète dans la toponymie. Les nouvelles ruelles sont plutôt baptisées « proïezd » (« passage »).

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Proïezd (« passage »)

Littéralement « passage », « proïezd » est la façon dont les nouvelles ruelles reliant deux rues sont maintenant appelées en Russie. Certains proïezds dans les banlieues nouvellement construites apparaissent en fait avant d'être officiellement nommés par les autorités, ils sont donc temporairement désignés « Proektirouïemy proïezd » (« proïezd en projet »), plus un numéro. À tout moment, il y a ainsi des dizaines de ces proïezds à Moscou, qui est la ville qui se développe le plus rapidement en Russie. Plus tard, ils deviennent des parties de rues ou reçoivent leur propre nom.

Toupik (« impasse »)

Toupik signifie « cul-de-sac », « impasse ». Certains toupiks ont néanmoins cessé d'être des voies sans issue au gré des reconstructions de la ville : par exemple, le Chvedski toupik (« Impasse de Suède ») à Moscou est devenu une rue reliant deux autres axes en 1973, suite à la démolition d’anciens bâtiments, mais a conservé son ancien nom.

Linia (« ligne »)

Une « linia » est une rue droite, généralement pré-projetée comme telle. Il y a beaucoup de linias à Saint-Pétersbourg, notamment sur l'île Vassilievski – elles devaient être des canaux traversant l'île, mais le projet n'a pas été mis en œuvre parce que le niveau de l'eau aurait été trop élevé pour être confortable, avec des inondations constantes.

Prospekt (« perspective »)

Le mot « prospekt » est apparu dans la toponymie russe avec la construction de Saint-Pétersbourg. Sa rue principale a d'abord porté le nom de « Route perspective vers le monastère Nevski », mais en 1781, son nom a été raccourci en « Nevski prospekt » (« Perspective Nevski » en français). Actuellement, les prospekts sont de grandes avenues dans les centres-villes qui relient ses différentes parties, par exemple pour rejoindre un pont sur une grande rivière, ou d'une banlieue au centre-ville.

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Chossé (« autoroute »)

Dérivé du français « chaussée », en Russie, ce mot désigne tout simplement une autoroute – une grande rue qui commence à l'intérieur d'une localité, mais qui en sort et continue au-delà de ses frontières.

Alleïa (« allée »)

L’alleïa est une rue où il y a beaucoup de végétation. Il y a beaucoup de rues nommées de cette façon en Russie : Listvennitchnaïa alleïa (Allée des mélèzes) à Moscou, Platanovaïa alleïa (Allées des platanes) à Sotchi, Kachtanovaïa alleïa (Allée des châtaigniers), Sosnovaïa alleïa (Allée des pins) et bien d'autres.

Bоulvar (« boulevard »)

Les boulevards russes n'ont probablement rien de spécial, si ce n'est qu'ils sont apparus très tard – seulement au XVIIIe siècle, lorsque les fortifications en bois et en terre de Bely Gorod (« la Ville blanche »), à Moscou, ont été démolies et remplacées par une suite de boulevards, connue sous le nom d'Anneau des boulevards. 

Siezd (« sortie »)

Dans les différentes régions de Russie, ces rues peuvent porter des noms encore plus différents : « spousk », « vzvoz », « podiom », « raskat » – mais ils ont tous la même signification : une voie descendante ou montante, reliant les endroits bas et hauts des villes. Presque toutes ces rues ont un profil en pente. La rue la plus connue de ce type était Vassilievski spousk – une ancienne rue en pente derrière la cathédrale Saint-Basile, aujourd'hui appelée « place Vassilievski spousk », car il n'y a plus d’édifices à cet endroit, en dehors de la  cathédrale.

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