Les dix surnoms les plus populaires de Moscou

TomasSereda/Getty Images
Moscou est l'une des rares villes de Russie à avoir gardé son nom inchangé au fil des siècles. Cependant, elle possède également plusieurs titres non officiels – parfois humoristiques – qui reflètent son statut particulier et sa riche histoire!

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Grand Village

Cour à Moscou, par Vassili Polenov (1878)

« Москва – большая деревня » [Moskva – bolchaïa derevnia]

Moscou est un grand village. Cela semble ridicule, n'est-ce pas ? Pourtant, il s'agit d'une expression très courante, synonyme de « petit monde ». À Moscou, tous les habitants ne se connaissent pas, comme ils le feraient dans un village, mais, chose incroyable, même dans une ville de près de 12 millions d'habitants, vous pouvez facilement croiser votre ex dans le métro : c'est ainsi que la capitale russe est construite.

L'expression a une autre signification : on dit que de nombreux Moscovites viennent de villages, ce qui est une façon russe de dire qu'ils ne sont que des Moscovites de première génération, alors que leurs parents viennent de province, et que c'est, soi-disant, la raison pour laquelle ils présentent un certain degré de « retard » dans la tradition, le comportement ou la langue, qui n'est pas inhérent aux citadins.

Catherine la Grande a été la première à dire « Moscou est un village ». Cela s'explique probablement par le fait que Moscou ne ressemblait pas à Saint-Pétersbourg, qui se développait de manière planifiée. Cependant, Moscou a été fondée et construite comme une ville dès le début.

Un autre étranger, un personnage français de Guerre et paix de Léon Tolstoï, a également mentionné que Moscou ressemblait à un village. Néanmoins, cette fois, c'était un compliment ! Il voulait signifier par là que c'était aussi beau que la campagne française, surtout comparé à la saleté de Paris.

La Troisième Rome

« Третий Рим » [Treti Rim]

« Deux Rome sont tombées, une troisième est debout, et il n'y en aura pas de quatrième », disait le moine médiéval Philothée, en faisant référence à Moscou. Selon cette logique, la deuxième était Constantinople – le successeur direct de Rome. Cette idée était populaire parmi ceux qui cherchaient à faire de la Moscovie un empire. Moscou était perçue comme le prochain successeur et un important centre chrétien orthodoxe. Même le mot « tsar » trouve son origine dans le latin « caesar ».

L'idée du XVIe siècle est devenue populaire parmi les philosophes panslaves au XIXe. Cependant, après la révolution de 1917, elle a perdu son sens, bien que les bolcheviks aient retransféré la capitale de Saint-Pétersbourg, ville impériale, à Moscou.

Lire aussi : Pourquoi les Russes appellent-ils Moscou la «Troisième Rome»?

La Ville sur sept collines

« Город на семи холмах » [Gorod na semi kholmakh]

Le centre de Moscou est situé sur plusieurs collines. En fait, il y en a même plus de sept, mais comme Rome était appelée « la ville aux sept collines » et que Moscou voulait être la troisième Rome, sept collines « principales » ont été mises en évidence : celles de Borovitski, Sretenski, Tverskoï, « des Trois montagnes », Taganski, Lefortovski, et du Mont aux moineaux. C'est pourquoi le relief est si varié dans la ville, ce qui peut rendre les trajets à vélo, ou tout simplement la marche, particulièrement sportifs. En contrepartie, vous bénéficiez de vues magnifiques du haut de ces nombreux sommets.

La Première couronnée

« Первопрестольная » [Pervoprestolnaïa]

Cette expression signifie littéralement « la ville du premier trône » – ou la première capitale. Ce surnom est apparu au XVIIIe siècle, lorsque Moscou avait perdu son statut de capitale au profit de Saint-Pétersbourg, sur décision de Pierre le Grand, fondateur de la « Venise du Nord ». Or, pour ne pas offenser Moscou, on continuait à la respecter comme la toute première capitale russe, la ville qui avait unifié la Russie et celle où les premiers tsars avaient été couronnés.

La Ville aux coupoles d’or

Kremlin de Moscou. Cathédrales, par Apollinaire Vasnetsov

« Златоглавая » [Zlatoglavaïa]

La ville aux coupoles d'or est un autre surnom qui remonte au Moyen Âge. Il est apparu aux XV-XVIe siècles, à l'époque où l'on trouvait de petits bâtiments en bois tout autour de la ville. Les seuls édifices élevés étaient en fait les églises, tandis que le clocher d'Ivan le Grand du Kremlin était la structure la plus haute, et il était interdit de construire quelque chose de plus haut que lui. À cette époque, les dômes dorés des nombreuses églises orthodoxes pouvaient être vus de pratiquement n'importe où dans la cité.

La Cité de pierre blanche

Vue du Kremlin de Moscou, par Piotr Verechtchaguine

« Белокаменная » [Belokamennaïa]

Aujourd'hui, Moscou est associée à la couleur rouge : après tout, c'était la capitale de l'Empire soviétique « rouge », on y trouve la « place Rouge », le Kremlin aux briques rouges et d'autres bâtiments similaires. Cependant, le premier kremlin en pierre construit à Moscou par Dmitri Donskoï était blanc, fait de calcaire. Les murs maçonnés n'ont remplacé les remparts blancs qu'au XVIe siècle. Cependant, de nombreux bâtiments en pierre, notamment des églises, continuaient à être édifiés en blanc, et il existait un autre immense mur défensif à Moscou, qui entourait une zone appelée Bely Gorod (« Ville blanche »). Au XVIIIe siècle, Catherine II a ordonné la démolition de cette enceinte et l’Anneau des boulevards est apparu à sa place.

Lire aussi : Saint-Pétersbourg, la ville aux mille noms

Le Port de cinq mers

« Порт пяти морей » [Port piati moreï]

Si nous regardons la carte, nous pouvons voir que Moscou n'a accès à aucune mer. Que signifie alors cette expression ? Il s'avère que ce surnom relativement nouveau a été mis en place par Joseph Staline, qui l'a utilisé lors de la grande inauguration du canal de Moscou, qui a permis de relier la Moskova et la Volga. Après l'achèvement de ce grand projet de construction soviétique, il est devenu possible d'atteindre depuis la capitale cinq mers sans quitter le navire : la mer Noire, la mer Blanche, la mer Baltique, la mer Caspienne, ainsi que la mer d'Azov.

Non caoutchouc

« Нерезиновая » [Nerezinovaïa]

« Moscou n'est pas faite de caoutchouc », pouvait-on facilement entendre dans les années 1990. Cela signifie que la ville ne peut pas être étirée à l'infini et adaptée à tous ceux qui veulent s'y installer. Bien que cette phrase ait sans aucun doute une teinte xénophobe, elle était librement utilisée même par les Moscovites qui n'étaient pas originaires de la ville, c'est-à-dire ceux qui avaient réussi à s'installer plus tôt et qui ne voulaient pas être concurrencés par de nouvelles personnes pour obtenir une place sous son soleil doré.

Ponaïekhovsk

« Понаеховск »

Voici une autre version de la ville « non caoutchouc ». Elle illustre à nouveau les pensées de certains Moscovites snobs qui ne sont pas heureux du fait que tant de gens déménagent à Moscou à la recherche d'une vie meilleure. Ce nom est un dérivé du verbe « понаехать » (ponaïekhat), signifiant « débarquer en grand nombre ».

La Ville par défaut

Les Moscovites se comportent généralement comme s'il n'y avait pas d'autres villes et fuseaux horaires dans le monde que Moscou. Ils disent même en plaisantant qu'« il n'y a pas de vie au-delà du périphérique de Moscou ». Ainsi, lorsque vous avez une conversation en ligne et que quelqu'un pose une question ou mentionne des noms de rue sans préciser la ville, vous pouvez être sûr que vous parlez à un Moscovite. Les habitants des régions se moquent des Moscovites qui pensent qu'ils vivent dans la ville « par défaut », d'où l'origine de ce surnom. En toute honnêteté, la majorité des personnes qui ne viennent pas de la capitale aiment s'en moquer, la pauvre Moscou étant souvent considérée comme n'étant même pas la « vraie Russie ». Le surnom sarcastique est donc compréhensible.

Dans cet autre article, nous nous intéressions aux surnoms les plus exotiques des villes russes, de Petrik à Barneo, en passant par N-sk.

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