Ces lieux de Moscou qui portent encore les cicatrices de la guerre

Tourisme
IOULIA AFANASSENKO
La capitale russe a été violemment bombardée en 1941-1942, mais il ne reste que quelques traces de la guerre.

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1. N°10, rue Mokhovaïa

Deux immeubles situés aux numéros 10/1 et 10/2 sur la rue Mokhovaïa semblent constituer un complexe de deux bâtiments de même style, sauf que la façade du second ne contient que trois fenêtres (10/2). En fait, ce sont des parties d'un seul et même immeuble résidentiel construit en 1892. En août 1941, il a été touché par une bombe tombée à travers les quatre niveaux. Elle a explosé près de la cave (alors utilisée comme abri anti-bombes) et a démoli une partie du bâtiment. Des fragments de bombe ont également pris feu. Le reste du bâtiment a tenu bon malgré les dégâts, et décision fut donc prise de le conserver.

Les habitants de l’immeuble n’ont pas déménagé dans un autre bâtiment (il n’y avait en fait pas d’endroit pour les accueillir à l’époque) et, après des rénovations, elle s’est transformée en deux bâtiments entre lesquels on peut apercevoir le Kremlin.

2. Cinéma Velikan

Le bâtiment situé à l'entrée du parc Gorki depuis la rue Krymski Val est apparu à la fin du XIXe siècle en tant que section d’un chantier de construction navale. En 1923, l'architecte Alexeï Chtchoussev en a fait une salle d'exposition et, en 1933, elle a été reconvertie en un cinéma appelé Velikan (« Géant »). C'était l'un des premiers cinémas sonores de Moscou. Velikan a fonctionné jusqu'en 1942. Cette année-là, une bombe a frappé la partie centrale du bâtiment. Cette partie a été détruite, mais les ailes latérales droite et gauche ont survécu à l'explosion. La partie détruite n'a jamais été reconstruite - la façade centrale cache un espace vide sans toiture.

De nos jours, les ailes sont occupées par le parc Gorki et le musée d’art contemporain Garage. En 2016, un projet de reconstruction a vu le jour et, en 2019, il a finalement été approuvé. On s’attendait à ce que le bâtiment conserve son apparence et accueille un cinéma, mais la finalité du projet n’est pas encore claire.

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3. Musée national des beaux-arts Pouchkine

Le musée Pouchkine, situé au N°12 de la rue Volkhonka, n’était pas ouvert pendant les années de guerre. Ses objets les plus précieux ont été évacués vers la Sibérie, le musée lui-même ayant traversé des moments difficiles. En août 1941, environ 150 bombes incendiaires sont tombées sur son territoire. Elles ont provoqué un incendie au deuxième niveau. À l’époque, Moscou était bombardée de façon intense et il n’y avait pas assez de pompiers professionnels. Les employés du musée ont donc dû faire face eux-mêmes aux flammes. Ils n’ont pas réussi à sauver le panneau décoratif Un cimetière à Athènes d’Alexandre Golovine, qui l’avait peint spécialement pour le musée.

En octobre, une bombe est tombée sur le territoire du manoir des princes Golitsyne. Il est situé à côté du musée Pouchkine, de sorte que l’onde de choc a brisé sa verrière qui n'a été reconstruite qu'en 1944. Pour cette raison, l’intérieur du bâtiment était recouvert de neige en hiver. De nos jours, de nombreux impacts situés au sommet de la façade avant du musée rappellent les bombardements.

4. L'auditorium de l’Université d'État de Moscou

Le bâtiment de l'auditorium de l'Université d'État de Moscou (rue Mokhovaïa, N°9) a été gravement endommagé en 1941-1942. Le 29 octobre 1941, une bombe est tombée près du bâtiment, brisant toutes ses portes et fenêtres. Le dôme de verre apparu lors de la reconstruction de 1901-1904 a également été détruit. Un terrible désordre régnait dans la bibliothèque scientifique de l'Université située dans le bâtiment adjacent : les étagères ont été détruites, tous les livres ont été jetés au sol et les portes et fenêtres ont été soufflées. La clôture de style Empire a également été pliée sous l’effet du choc.

En février 1942, une bombe détruit les laboratoires de mécanique contenant de nombreux équipements précieux. En 1944, le bâtiment subit une reconstruction. Le monument  à Mikhaïl Lomonosov est un rappel de la guerre : dans un premier temps, le fondateur de l’Université était commémoré au moyen d’un buste en bronze dans la cour, mais la bombe de 1941 a détruit son piédestal. En 1944, une sculpture temporaire a été installée et, en 1957, la statue finale que nous voyons aujourd'hui est apparue.

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5. Angle de la rue Nikolskaïa  et de la ruelle Bogoïavlenski

Le 26 juillet 1941, un bombardier abattu s'est écrasé sur un vieux bâtiment de deux étages de la rue du 25 Octobre (maintenant rue Nikolskaïa), au numéro 6. Un violent incendie s'est déclaré et les pompiers ont passé plusieurs heures à l'éteindre. L’immeuble a été détruit, mais la brigade a sauvé les bâtiments environnants : la rue Nikolskaïa  et son quartier sont bâties de façon très dense, de sorte que le feu aurait facilement pu se propager.

Plus tard, un nouveau bâtiment y fut construit, mais il n’a pas occupé tout l’espace détruit par l’avion abattu. Il y a un petit espace vide, où la rue Nikolskaïa  fait l’angle avec la voie Bogoïavlenski. Le bâtiment nouvellement construit se trouve à une certaine distance de la rue Nikolskaïa.

6. Hôpital évangélique

L'hôpital évangélique situé au N°14 rue Vorontsovo Pole et au N°5 ruelle Ouboukha a été fondé par une communauté luthérienne au début du XXe siècle. Il était pleinement opérationnel pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1941, le quartier a souffert du bombardement de la gare de Koursk, située à moins d'un kilomètre. Une bombe est tombée près de l'hôpital et ses éclats ont frappé le mur faisant face au N°16 rue Vorontsovo Pole. Ils n'ont pas détruit l'épais mur de briques rouges, mais l'ont recouvert de nombreux cratères profonds qui subsistent encore aujourd'hui : le bâtiment n'a jamais été restauré, bien qu'il s’agisse d’un beau monument architectural.

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La raison, suppose-t-on, est que l'hôpital s’y trouve toujours : il héberge une polyclinique et un centre de recherche neurologique de l'Académie russe des sciences médicales.

7. Monument à Timiriaziev

La statue en granit du grand botaniste russe Kliment Timiriaziev a été installée sur le boulevard Tverskoï près de la place Nikitskié Vorota en 1923. Le 5 août, une bombe a explosé à proximité. Il y avait une unité anti-aérienne située place Nikitskié Vorota - très probablement, c’est elle qui constituait la cible de l’attaque. L'explosion a laissé un énorme cratère dans le sol, détruit des rails de tramway, cassé toutes les fenêtres du quartier et fait tomber la statue de Timiriaziev de son piédestal. Elle s'est fissurée en deux parties : il existe une légende selon laquelle la tête a volé à travers une fenêtre de l'un des bâtiments les plus proches. Mais en réalité, elle s’est juste rompue. Le monument a été restauré très rapidement, mais a subi des dommages visibles. Plusieurs trous sur le piédestal et sur la partie inférieure du manteau de la statue, ainsi qu’une fissure sur le cou, sont encore visibles.

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