En images: dans quels carrosses les tsars russes se déplaçaient-ils?

Sciences & Tech
ALEXANDRA GOUZEVA
Les «garages» des palais impériaux possédaient d’immenses collections de carrosses pour toutes les occasions. En voici quelques-uns.

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Au Moyen Âge et à l’ère pré-pétrovienne (antérieure à Pierre Ier), les tsars se déplaçaient principalement dans de lourds carrosses couverts, de construction plutôt simple et sans fioritures particulières dans la décoration. On les appelait « kolymaga » et, à ce jour, ce mot est toujours utilisé en russe pour désigner des véhicules encombrants et peu manœuvrables.

La kolymaga de Boris Godounov

Il s’agit de l’un des plus anciens carrosses subsistant à ce jour et de l’un des premiers pouvant être qualifiés de chics. Brodé de velours, de fils d’or et de perles, il a été fabriqué à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle en Angleterre, pays alors réputé pour son commerce de véhicules de ce type. En 1603, le roi Jacques Ier d’Angleterre a offert cette « kolymaga » au tsar russe Boris Godounov.

Les parois du fiacre sont ornées de reliefs à plusieurs figures. Les roues et les compositions au-dessus sont également sculptées et décorées de manière artistique.

Un drôle de carrosse hivernal

En hiver, les traîneaux étaient utilisés pour les déplacements. Dans le cadre de longs trajets, les tsars pouvaient avoir toute une caravane de « vozoks » (charriots sur patins typiquement russes) – les coffres contenant les vêtements et les icônes, par exemple, étaient transportés dans des traîneaux séparés. Les enfants du tsar Ivan V (frère de Pierre Ier) avaient quant à eux l’habitude de monter dans ces « drôles » de traîneaux en hiver. Les murs sont décorés d’ornements dorés et de motifs représentant des fleurs et des oiseaux exotiques. De petites fenêtres en mica sculpté y sont également présentes.

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Traîneau d’hiver de Pierre Ier

Pierre le Grand était connu pour son austérité et sa simplicité dans sa vie quotidienne. Ce modeste carrosse hivernal de faible gabarit lui appartenait. Néanmoins, il était très maniable. Une telle conception avait été observée par Pierre durant son voyage en Europe : le corps du fiacre pouvait être retiré de ses roues et placé sur des patins pour se reconvertir en traîneau, de sorte que le même modèle était utilisé toute l’année.

Au début du XVIIIe siècle, lorsque Saint-Pétersbourg a été fondée et que la capitale y a été transférée, la Russie a commencé à s’efforcer de s’européaniser. Puis, les visites officielles des tsars dans de luxueux carrosses ont commencé à avoir lieu. Les fiacres eux-mêmes étaient de véritables œuvres d’art ; ils étaient commandés aux meilleurs artisans européens. Plus tard, les maîtres d’équipage russes ont porté l’activité de transport à un niveau supérieur, puis ils ont progressivement rejeté les commandes de l’étranger. Les gracieux carrosses d’été de type coupé à deux places et les « berlines » à quatre places sont également devenus très populaires.

Le carrosse d’Anna Ivanovna

Ce petit carrosse biplace en acajou a été fabriqué dans les années 1730 et appartenait à Anna Ivanovna. L’impératrice, cependant, n’est pas allée très loin avec, s’en servant seulement au sein du parc du palais.

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Les voitures d’Élisabeth Ire

Élisabeth Ire était une grande amatrice de baroque et de luxe. Elle avait de nombreux carrosses, tous très décorés, sculptés et dorés. Pour les célébrations de son couronnement en 1742, par exemple, un fiacre allemand biplace a été utilisé.

Les décorations et les peintures sur les portes et les parois de la carrosserie sont particulièrement intéressantes. L’on y trouve des anges baroques et le symbole impérial de l’aigle bicéphale.

Au début des années 1740, Élisabeth a reçu de Vienne un magnifique carrosse en érable et en bronze.

La décoration principale du véhicule est constituée de sculptures en bois dorées et volumineuses.

Un tel fiacre à deux places de type coupé, fabriqué par des artisans allemands, a quant à lui été offert à l’impératrice par le roi de Prusse Frédéric II en 1746.

En 1753, le comte Kirill Razoumovski a commandé aux artisans français ce carrosse à quatre places pour la monarque.

En dehors de toutes les luxueuses sculptures, la voiture est particulièrement remarquable pour les panneaux pittoresques ornant les portières.

Le carrosse d’hiver d’Élisabeth Ire

L’impératrice Élisabeth Ire, la fille de Pierre le Grand, voyageait dans un tel carrosse sur la neige et la glace pour de longs trajets. À bord et tractée par de nombreux chevaux, elle a effectué le trajet Saint-Pétersbourg-Moscou en un temps record pour son couronnement – en trois jours.

Le carrosse a été fabriqué dans les années 1730 en chêne et en bouleau, et peint à l’huile directement sur le bois.

Les carrosses de Catherine II

Catherine II, de nationalité allemande, considérait l’amour du luxe d’Élisabeth comme un gaspillage. Elle préférait les décorations plus simples et son style préféré était le classicisme.

De plus, Catherine voyageait et se déplaçait beaucoup, la commodité était donc primordiale pour elle – voici par exemple à quoi ressemblait le carrosse de voyage de l’impératrice.

Ce fiacre de type berline (à quatre places avec un toit convertible) a été fabriqué pour Catherine par l’artisan de la cour Johann Conrad Bukendal en 1769.

La voiture était tapissée de velours, de soie et de cuir et, bien sûr, l’accent principal était mis sur les sculptures en bois doré.

De son côté, ce carrosse à deux places a été offert à Catherine II par son favori, le comte Grigori Orlov. Il a été conçu en Angleterre dans les années 1770.

Les roues arrière étaient décorées de figures de saint Georges terrassant le dragon et celles de l’avant – d’aigles.

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Le carrosse de Paul Ier

Paul, resté peu de temps sur le trône, souffrait de paranoïa, craignant la persécution, et a donc construit d’imprenables châteaux (ce qui ne l’empêchera pas d’être assassiné par des conspirateurs directement au sein du château Saint-Michel). Cependant, pour les sorties privées avec sa femme Maria Fiodorovna, Paul, sans se soucier de la sécurité, a acquis ce fiacre dans le style du classicisme.

Après la mort de son mari, l’impératrice douairière se déplaçait dans cet élégant phaéton avec parapluie, qui lui a été offert en 1821 par l’ambassadeur du Danemark. Il n’y a ici pas de siège pour le cocher – celui-ci était assis directement sur le cheval.

Les carrosses de Nicolas Ier

Nicolas avait un style complètement nouveau. Il préférait les carrosses légers et très élégants, comme ce cabriolet (comme on l’appelait), qui avait un toit inclinable.

Sa femme, l’impératrice Alexandra Fiodorovna, disposait quant à elle d’un « fiacre automoteur » très moderne qui ne nécessitait pas de cheval. Le carrosse à trois places était en effet propulsé par une pédale manuelle à l’arrière. La personne assise à l’avant se contentait de diriger le véhicule.

Les carrosses d’Alexandre II

Les carrosses ont joué un triste rôle dans le destin de l’empereur, qui a été tué par une bombe terroriste alors qu’il voyageait à bord de l’un d’eux à Saint-Pétersbourg. Cette voiture a survécu et les dommages causés par l’explosion sont visibles sur la paroi arrière.

Cette voiture compacte et maniable était appelée « brougham » (écrit et prononcé « broum » en russe), du nom du seigneur écossais qui en a lancé la mode, Henry Brougham.

Concernant ce carrosse miniature, il appartenait aux enfants d’Alexandre II. L’héritier du trône, le futur empereur Alexandre III, fait partie de ceux qui l’ont emprunté dans les allées du parc.

Les moyens de transport de Nicolas II

Conformément au protocole, le dernier tsar russe prenait place dans un carrosse lors des cérémonies. Cependant, il ne les aimait pas trop : d’abord, il aimait monter lui-même à cheval, et ensuite, les premières automobiles étaient déjà apparues en Russie. Or, Nicolas était le propriétaire d’une impressionnante collection de voitures.

Ici, par exemple, le tsar s’avance vers sa Rolls-Royce.

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