Pourquoi le chasseur russe Checkmate est-il déjà convoité par les acheteurs?

Sciences & Tech
GRIGORI VOÏEVODINE
La conception du chasseur Checkmate n'a été annoncée pour la première fois qu'à l'été 2021. Cependant, l'intérêt des acheteurs étrangers pour l’appareil de 5e génération est déjà très élevé.

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La Compagnie aéronautique unifiée (OAK) travaille à la création du premier chasseur monomoteur de Russie, nommé Checkmate. Son prix devrait être très intéressant - 30-35 millions de dollars. Compte tenu de son faible coût et de la conjoncture politique, de nombreux pays, privés de la possibilité d'entrer aujourd'hui dans le club des propriétaires de chasseurs de 5e génération, pourront le faire avec l'aide du fabricant russe.

Le prototype de l'avion est actuellement exposé au salon aéronautique de Dubaï, qui se déroule aux Émirats arabes unis du 14 au 19 novembre 2021. Le chasseur est présenté par la société d'État Rostec dans un pavillon fermé. La présentation de l’appareil s'est entre autres déroulée en présence du Premier ministre des Émirats arabes unis, l'émir de Dubaï, Mohammed ben Rashid al-Maktoum.

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Une technologie réservée aux happy few

À ce jour, le seul chasseur de 5e génération vraiment populaire sur le marché international de l'armement est le F-35 Lightning américain. Outre les États-Unis, il est en service dans neuf pays - Australie, Grande-Bretagne, Hollande, Danemark, Israël, Italie, Norvège, Corée du Sud et Japon. Le F-35 possède toutes les caractéristiques de la 5e génération : faible signature radar, vitesse de vol supersonique, avionique moderne, rapport poussée/poids accru, compartiments pour placer des armes à l'intérieur du fuselage. L'une des options supplémentaires du F-35 est la possibilité de décoller et d'atterrir en mode vertical, ce qui permet d'utiliser ces avions, par exemple, à partir de navires amphibies universels, dont le pont est trop court pour que les avions conventionnels en décollent.

En d'autres termes, le Lightning américain est capable de renforcer considérablement les capacités de combat des forces aériennes de n'importe quelle armée dans le monde.

La vraie faiblesse du F-35 ne réside pas dans le matériel en lui-même, mais dans son prix. Selon des sources ouvertes, le coût moyen minimum d'un avion varie entre 80 et 100 millions de dollars. De plus, ce prix, si l'on prend les exemples d'autres fournisseurs occidentaux d'aviation militaire,  peut être nettement plus élevé en fonction du client (un pays peut obtenir un appareil pour 50 millions, un autre pour 150). Dans de telles circonstances, seuls les pays les plus développés disposant de budgets de défense suffisants peuvent s'offrir un avion de chasse américain sophistiqué de 5e génération en quantités importantes.

Un autre aspect crucial qui réduit considérablement la disponibilité du F-35, ce sont les considérations politiques. Pour l'instant, les États-Unis ne sont prêts à vendre cet avion qu'à leurs alliés les plus proches ou à des pays qui, de l'avis des États-Unis, sont profondément enracinés dans leur sphère d'influence. Cependant, même dans le cas de ventes à des alliés, tout ne se passe pas toujours bien. La Suisse, qui souhaitait acheter des F-35 américains, n’a pas pu le faire, malgré le fait qu'elle disposait à la fois de moyens financiers suffisants et du statut d'alliée. Elle en a été empêchée par ses collègues européens, qui ont déclaré qu'une telle décision sapait les positions des entreprises européennes qui ont développé et produit l'avion de combat Eurofighter Typhoon.

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Un autre exemple d'obstacles politiques à la vente du F-35 est la Turquie. Ankara, qui a acheté un régiment de systèmes de missiles antiaériens S-400 Triumph à la Russie, a essuyé un refus des États-Unis, qui ne lui fourniront pas de chasseurs de 5e génération. La partie américaine propose de fournir à la Turquie au maximum des chasseurs F-16 de 4e génération.

Beaucoup peuvent se permettre l’avion russe

Si le Checkmate russe, dans le contexte de la situation susmentionnée, commence à être produit en série dans un délai raisonnable, il peut constituer une offre vraiment attrayante sur le marché mondial de l'aviation de combat, explique Rouslan Poukhov, analyste militaire russe, directeur du Centre d'analyse des stratégies et technologies (CAST).

« Un chasseur monomoteur de cinquième génération avec des paramètres déclarés de coût modérés tant pour son achat que pour son exploitation sera d'un intérêt incontestable pour un large éventail de clients, tout d'abord ceux qui ne peuvent pas, pour des raisons politiques, acheter des chasseurs américains F-35. En conséquence, il peut constituer une "porte d'accès à la cinquième génération" pour les forces aériennes de nombreux pays du monde, tout comme le F-35 joue actuellement ce rôle pour les forces aériennes des alliés privilégiés des États-Unis », explique Poukhov à Russia Beyond.

L'expert rappelle que le Checkmate (qui possède, selon les développeurs, toutes les caractéristiques de la 5e génération), en plus de son coût total, devrait selon les développeurs se distinguer favorablement du F-35 en termes de coût d'exploitation. « Le concepteur en chef de l'avion tactique léger a déclaré que le chasseur afficherait un coût de vol par heure sept fois inférieur au F-35 américain. Actuellement, pour le F-35, il est estimé à 31-33 000 dollars », a déclaré le directeur de la CAST.

« L'avion devrait rivaliser avec le chasseur américain F-35 Lightning II et le suédois Saab JAS-39E/F Gripen NG (chasseur de 4e génération), qui, apparemment, sont considérés comme ses principaux concurrents sur le marché à l'avenir », note Poukhov.

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Les concepteurs précisent que le premier vol du premier prototype de l'avion devrait avoir lieu dès 2023. La sortie des prochains prototypes de vol est prévue pour 2024-2025, l'achèvement des tests d'État - en 2026. Les premières livraisons des nouveaux chasseurs aux clients devraient avoir lieu la même année. Dans le plan d'affaires de la Corporation aéronautique unifiée, le volume potentiel des exportations de ce chasseur pour les 15 prochaines années est de 300 appareils.

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