FaceApp, l’appli virale «made in Russia», met-elle en danger la confidentialité de vos données?

Serguey Pyatakov/Sputnik; FaceApp
Cette application qui «vieillit» vos selfies a d’abord provoqué un flash-mob sur les réseaux sociaux, puis suscité l’inquiétude des utilisateurs au sujet de la sécurité de leurs données personnelles.

Qui a créé FaceApp?

C’est Yaroslav Goncharov, diplômé de la faculté de mécanique et de mathématiques de l’Université d’État de Saint-Pétersbourg et fondateur de FaceApp, qui a poussé une horde d’internautes des quatre coins du monde à « vieillir » leur portrait en souriant.

Auparavant, il a occupé le poste de directeur technique à SPB Software, compagnie spécialisée dans le développement d’applications et de jeux destinés aux appareils portables et smartphones. En 2011, SPB Software a cependant été racheté par le géant de l’Internet russe Yandex pour la bagatelle de 38 millions de dollars. Deux ans plus tard, Goncharov a quitté cette entreprise pour fonder sa propre société. Baptisée Wirless Lab, sa firme relève aussi du domaine des applications mobiles.

Elle s’est lancée dans le développement de plusieurs projets basés sur l’entraînement des réseaux de neurones artificiels, mais c’est FaceApp qui a connu le plus grand succès. Cette application a fait son apparition sur l’AppSore fin janvier 2017. Dès février sortait une version pour Android et déjà en avril elle se classait en première ligne du palmarès de l’AppStore aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans plusieurs autres pays.

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De quoi FaceApp est-elle capable?

Premièrement, vous vieillir ou vous rajeunir, mais aussi changer votre sexe et vous rajouter un sourire, le tout, sur vos photos bien entendu.

L’application peut en outre changer la couleur des cheveux, dessiner une barbe ou maquiller la personne représentée sur la photo. La version pro, payante, ouvre accès à des filtres supplémentaires, permet d’enlever le filigrane des photos traitées et désactive la pub. Ce service vous coûtera 249 roubles par mois (3,5 euros), 1 490 roubles par an (21 euros) et 2 990 roubles (42 euros) pour une période illimitée.

Par le passé, l’application contenait le filtre dit « chaud » – hot mode – mais suite aux plaintes assurant qu’il rendait la peau plus claire, rendant l’apparence plus européenne, il a été supprimé et la firme a présenté ses excuses.

Cela étant dit, en août 2017 FaceApp avait également présenté des filtres « ethniques » capables de doter les personnes sur les photos de traits asiatiques, amérindiens, etc... Mais après s’être vu accuser de racisme, Goncharov a également supprimé ces filtres-ci.   

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La nouvelle vague de popularité, à quoi est-elle due ?

Il est difficile de donner une réponse univoque. L’un des facteurs est sans doute lié au fait que le réseau de neurones dans la nouvelle version de l’application est devenu plus sophistiqué – les clichés traités paraissent très naturels.

Et c’est justement le filtre « vieillissant » qui est le plus populaire. Un hashtag #faceappchallenge a même vu le jour en ligne et, à l’heure actuelle, il recueille plus de 76 000 publications sur Instagram.

Une internaute russe a, par exemple, fait vieillir le visage de la fille dont la photo arbore le célèbre chocolat russe Alionka

Les vedettes russes n’ont, elles non plus, pas boudé l’appli. La célèbre présentatrice et ex-candidate à la présidence, Ksenia Sobtchak, a ainsi été l’une des premières à rejoindre le flash-mob.

Elle a en outre posté les clichés de Vladimir Poutine, Dmitri Medvedev et du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov « vieillis ».

Les stars étrangères n’ont pas été épargnées par les filtres. L’utilisatrice de Twitter @dasha0dreamer a essayé de « rajeunir » Kim Seok-jin, vocaliste du boys band sud-coréen Bangtan Boys (également connu comme BTS).

Le rédacteur de Comic Book, Brandon Davis, a imaginé l’apparence de l’Homme-araignée en 2099.

Bien évidemment, la série Game of Thrones a elle aussi fait l’objet de transformations de ce type.

Enfin, un designer graphique du Maroc s’est servi de l’application pour lancer une fausse publicité pour Nivea.

Mais cette application vole-t-elle vraiment les données personnelles?

Dans la politique de confidentialité de l’application, il est indiqué que FaceApp recueille des informations sur l’emplacement de l’utilisateur et tout l’historique de navigation sur Internet. En outre, elle sait de quels autres services vous vous servez, depuis quel téléphone vous l’ouvrez. Certes, elle a accès aux photos que vous téléchargez soit via cette application, soit via Facebook (seulement si vous vous êtes connecté via ce réseau social. En outre, il est indiqué que l’appli collecte « d’autres données qui aident à perfectionner le service », sans que des détails soient fournis.

Les développeurs de FaceApp assurent qu’ils ne transmettront pas les données de leurs utilisateurs à une tierce partie et que toute l’information est rendue anonyme. Cependant, la firme ne cache pas qu’elle partage des informations avec des « partenaires publicitaires tiers ».

Cela a été suffisant pour que certains utilisateurs s’imaginent que des hackeurs russes sont derrière FaceApp.

Mais le réseau social le plus populaire au monde, Facebook, se sert d’une politique de confidentialité similaire. Il n’est donc pas question de danger, mais de la disposition des utilisateurs à partager leurs données personnelles.

Russia Beyond a sollicité un commentaire du directeur général de FaceApp Yaroslav Goncharov, mais n’a reçu aucun commentaire au moment de la publication du présent article.

Dans cet autre article, nous vous présentons cinq applications gratuites pour apprendre le russe.

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