Qualifiant cela de « nouvelle incroyablement excitante », le président des États-Unis Donald Trump a révélé mercredi dernier que les célébrations longuement préparées du 4 juillet, fête nationale du pays, incluraient un survol d’avions de chasse russes de modèle Su-24, a sarcastiquement écrit l’auteur américain Andy Borowitz dans une colonne humoristique publiée dans le New Yorker.
Or, la satire s’est ici rapprochée au plus près de la réalité, puisqu’en août 2017, un avion militaire russe a survolé la capitale américaine pour prendre des photos du bâtiment du Capitole et du Pentagone.
Cet événement a ébranlé le public américain. Pourtant, tout cela avait été rendu possible grâce à un accord signé et ratifié par 34 nations, dont la Russie et les États-Unis : le traité Ciel ouvert.
Le traité Ciel ouvert autorise ses membres à envoyer des avions de renseignement militaire survoler le territoire d’un autre membre. Bien sûr, cela se fait en échange d'un vol d'observation similaire sur son propre territoire.
Cet accord avait été proposé pour la première fois durant la guerre froide, en 1955, afin d’accroître la transparence entre les États-Unis et l’Union soviétique. À l'époque, il avait été rejeté, pour finalement être ratifié par les États-Unis en 1993 et la Russie en 2001, permettant une entrée en vigueur en 2002.
« Depuis lors, il y a eu plus de 1 200 vols de surveillance au-dessus du territoire des uns et des autres », précise Viktor Litovkine, analyste militaire de l'agence TASS.
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Selon lui, chaque pays établit à l'avance son itinéraire de vol au-dessus des bases et des structures militaires de l’autre nation membre, et fait la liste de l’ensemble du matériel photo et vidéo qui sera utilisé dans ce cadre.
« Puis les deux pays négocient les détails du vol et ensuite la magie opère au bout de quelques mois. C’est toujours transparent et tout le monde sait à quoi s’attendre les uns des autres », poursuit l’expert.
« De nos jours, la Russie et les États-Unis sont dans l'impasse dans le cadre de cet accord, les technologies s’étant considérablement développées depuis le début des années 2000 et les dispositifs optiques et électroniques modernes fournissant des images et des informations plus claires et de meilleure qualité sur les bases et activités militaires », souligne de son côté le professeur de l'Académie de sciences militaires, Vadim Kozouline .
Un Tu-204
Dmitry Zherdin/WikipediaSelon lui, les États-Unis ne permettent ainsi pas à la Russie d’utiliser son dernier Tu-204 doté d’un équipement de reconnaissance et ne souhaitent pas améliorer leurs propres avions de reconnaissance par le biais des équipements photo et vidéo dernier cri. Cela, pour une raison évidente.
« Ils peuvent d’ores et déjà recevoir ces informations non pas par la reconnaissance aérienne, mais par les satellites survolant le monde. Installer de meilleurs équipements dans les avions et laisser la Russie faire de même signifie que Moscou obtiendra de meilleures informations en matière de renseignement. Les Américains veulent-ils cela? Bien sûr que non », conclut-il.
Néanmoins, le traité Ciel ouvert pourrait conduire les pays à élargir leurs zones de reconnaissance à l'avenir. Par exemple, il autorise les vols au-dessus des zones d'urgence écologiques ainsi que la surveillance des territoires et des actions dans les régions d'opérations de maintien de la paix de l'OSCE.
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