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Sergueï Essenine
Le fêtard espiègle qu’était Sergueï Essenine n’hésitait pas à jouer des poings, et il n’avait même pas besoin de raison valable pour cela. Un jour, par exemple, Essenine a frappé si fort le poète Ivan Pribloudny avec une chope de bière que ce dernier a dû être emmené à l’hôpital. Le poète réglait également ses comptes avec sa première épouse Zinaïda Reich en faisant des esclandres - les amoureux allaient parfois jusqu’à la confrontation physique.
Mais les bagarres les plus dramatiques ont opposé Essenine et Boris Pasternak. Selon une version, Essenine pensait que les poèmes de son adversaire étaient médiocres et que seule l’herbe appelée panais (signification littérale du mot « pasternak » en russe), et non le poète, resterait dans l’histoire. Leurs joutes verbales menaçaient de dégénérer à tout moment. Les poètes ont organisé une de leurs rixes dans la rédaction du magazine Krasnaïa Nov : un mot déplacé, puis un autre, et Essenine ivre tenait déjà son collègue par le chemisier en cherchant à le frapper à l’oreille, Pasternak visant en riposte la pommette. Ce dernier a écrit plus tard qu’il n’aurait pas pu agir autrement, mais, se souvenant de ce combat, a indiqué qu’il détestait et méprisait son rival.
Ossip Mandelstam
Une bagarre a eu des conséquences funestes pour la réputation du poète : selon les mémoires de l’écrivain Korneï Tchoukovski, la cause en était une dette financière. Le poète n’a pas restitué 75 roubles empruntés à son voisin et collègue Sergueï Borodine. Lorsque ce dernier est venu réclamer son dû, une altercation verbale a éclaté. Selon une autre version, c’est Borodine qui aurait emprunté de l’argent à Mandelstam, mais n’était pas pressé de le restituer. Une querelle a commencé, dégénérant en une bagarre dont a fait les frais l’épouse du poète, Nadejda, qui pendant longtemps ne parvenait pas à croire que son voisin lui eût laissé des bleus. Tout s’est terminé par un « tribunal amical » : son président, l’écrivain Alexeï Tolstoï, a déclaré les deux combattants coupables. Mandelstam en a été profondément offensé et, rencontrant Tolstoï par la suite, il l’a légèrement giflé. Il a expliqué que cela visait à punir le bourreau qui avait autorisé à frapper sa femme.
Konstantin Balmont
Le poète avait l’alcool mauvais : une petite quantité suffisait pour qu’il perde le contrôle. En 1913, Balmont est revenu à Saint-Pétersbourg après plusieurs années de vie à Paris. Il a célébré toute la nuit son retour dans la « capitale du Nord » et, au petit matin, il était complètement ivre. Ainsi, lorsque le poète Morozov s’est approché de lui pour lui exprimer son admiration, Balmont a déclaré qu’il n’appréciait pas la voix de son interlocuteur et lui a lancé un « mon vieux, va te coucher ». Une bagarre s’est ensuivie : un verre de vin a volé au visage du poète, Morozov a été passé à tabac par Balmont et d’autres, et la poétesse Anna Akhmatova, qui était présente, a eu une crise d’hystérie.
Alexandre Kouprine
L’auteur du Bracelet de grenats était un bon vivant : il aimait boire, faire la fête et se battre. Une
fois, un festin amical accompagné de la lecture de nouvelles a dégénéré en bagarre avec l’écrivain Leonid Andreïev. Ils venaient de se complimenter et d’admirer leur talent mutuel, quand tout à coup Kouprine a décidé en plaisantant d’infliger plusieurs coups de boxe à son ami et a commencé à l’étouffer. Cela ne lui semblait pas suffisant, c’est pourquoi d’autres collègues de l’écrivain ont été frappés au passage. Il a été difficile de ramener Kouprine au calme.
Un jour à Tchernigov, on lui a parlé d’un vétérinaire local qui monopolisait la table de billard toute la journée et ne laissait personne jouer. Kouprine a immédiatement décidé de régler le problème à sa façon. Ils se sont opposés lors d’un long pugilat, et le lendemain matin, le vétérinaire est venu faire la paix avec l’écrivain : il a indiqué qu’il était amoureux de sa sœur et qu’il ne se serait pas battu avec lui s’il avait eu connaissance de cette relation de parenté.
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Joseph Brodsky
L’écrivaine Lioudmila Stern a un jour assisté à une scène choquante : dans la cour de son immeuble, le poète Joseph Brodsky passait à tabac Anatoly Naïman, poète et traducteur, sur une table de ping-pong. Il s’est avéré que Brodsky avait craché aux pieds de son collègue et Naïman, en réponse, avait décidé de renverser la table sur laquelle Brodsky était perché.
Vladimir Maïakovski
Le principal poète de la révolution russe n’aimait pas se battre. Il a expliqué simplement : « Si je commence, je suis capable de tuer. » Jacques Izraelievitch, grand admirateur de Lili Brik, la bien-aimée de Maïakovski, a donc eu de la chance. Après avoir lu une lettre écrite par Izraelievitch à Lili, Maïakovski s’est rendu à Petrograd, où il a tabassé Izraelievitch en pleine rue. Il a frappé si fort qu’il en avait des bleus sur les mains. Les deux tapageurs se sont retrouvés en garde à vue et seule l’intervention de Maxime Gorki a permis de faire libérer Maïakovski. Le poète faisait de la boxe et comprenait bien la puissance d’un coup ; même dans sa jeunesse, il préférait frapper pour interrompre une bagarre plutôt que pour en déclencher une.
Sergueï Dovlatov
Sergueï Dovlatov a été impliqué dans une bagarre épique qui, comme on pouvait s’y attendre avec cet écrivain, était liée à une femme. Alors qu’il était ivre, il a décidé de demander la main de l’écrivaine Lioudmila Stern. Logiquement, le mari de cette dernière était loin de soutenir l’initiative ; une bagarre a éclaté, à la suite de laquelle Viktor Stern a attrapé Dovlatov par l’oreille, seule l’intervention de la nounou des Stern ayant permis de mettre fin à la rixe. Dans la soirée, Dovlatov s’est plaint à son ami Joseph Brodsky que Stern lui avait arraché l’oreille. Mais le lendemain matin, après avoir dessaoulé, il a présenté ses excuses.
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