Pourquoi les orthodoxes font-ils le signe de la croix avec trois doigts?

Natalia Fedossenko/TASS
Non seulement les signes de croix orthodoxes et catholiques sont différents, mais il existe un type de croisement des doigts propre aux vieux-croyants.

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Dans les églises et cathédrales orthodoxes russes, le fait de se croiser à la manière catholique peut parfois donner lieu à une conversation malaisée avec les membres de la paroisse. Il est donc recommandé d'utiliser le signe de croix orthodoxe, qui est différent – ou, si vous êtes un fervent catholique, il est préférable de ne pas se croiser du tout.

Dans le christianisme, le signe de croix est une bénédiction rituelle que l'on fait en traçant avec la main l'image d'une croix verticale sur son corps. Ce qui diffère entre le catholicisme et l'orthodoxie russe, c'est le nombre de doigts utilisés et l'ordre dans lequel la croix est tracée.

Signe de croix catholique

Chez les chrétiens occidentaux, cinq doigts ouverts sont utilisés pour faire le signe de croix. Les cinq doigts symbolisent les cinq plaies sacrées que Jésus-Christ a subies sur la croix.

Le geste s'effectue en touchant successivement le front, le bas de la poitrine ou le ventre, puis les deux épaules. Les chrétiens occidentaux (y compris les catholiques et les protestants) touchent l'épaule gauche avant la droite. Cet ordre symbolise l'opposition chrétienne traditionnelle selon laquelle le côté droit est le lieu des justes et le côté gauche celui des damnés.

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Signe de la croix dans l'orthodoxie orientale

Dans les églises orthodoxes orientales et catholiques byzantines, les extrémités des trois premiers doigts (le pouce, l'index et le majeur) sont rapprochées, tandis que les deux autres (l'annulaire et l'auriculaire) sont pressés contre la paume. Les trois premiers doigts expriment la foi en la Trinité, tandis que les deux autres doigts représentent les deux natures de Jésus, divine et humaine.

Contrairement aux catholiques, les chrétiens orthodoxes orientaux touchent l'épaule droite avant la gauche. Ils demandent ainsi à être comptés parmi les sauvés et à être délivré du sort des perdus.

Il existe également dans l'orthodoxie orientale un signe de croix spécial réservé aux prêtres et aux évêques. Seuls les membres ordonnés du clergé sont autorisés à l'utiliser. Il s'agit de la « bénédiction de la main du prêtre ». En l'exécutant, le prêtre tient ses doigts de manière à former l'abréviation grecque de Jésus-Christ, « IC XC » : l'index est tendu vers le haut pour faire le « I » ; le majeur est légèrement plié, signifiant la lettre « C » ; le pouce touche l'annulaire abaissé pour représenter le « X », tandis que l'auriculaire forme également la lettre « C ».

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Signe de croix des vieux-croyants

La Boyarine Morozova, par Vassili Sourikov

Avant les réformes ecclésiastiques du patriarche Nikon (milieu du XVIIe siècle), les chrétiens orthodoxes russes faisaient leur signe de croix en utilisant deux doigts, l'index et le majeur, symbolisant la double nature du Christ. Selon la décision du Conseil de l'Église de 1551 (connu sous le nom de Conseil des cent chapitres) à Moscou, toute personne qui violait cette règle devait être excommuniée de l'Église.

Cent ans plus tard, après la réforme de Nikon, le Synode de l'Église de Moscou de 1656 et, plus tard, le Grand synode de Moscou de 1666 ont anathématisé tous les croyants qui utilisaient l'« ancienne » façon de faire le signe de croix à deux doigts. La manière de se signer – à deux ou trois doigts – est alors devenue un sujet de grand débat parmi les croyants orthodoxes russes. Les vieux-croyants, ceux qui ne voulaient pas accepter le signe de croix à trois doigts (ainsi que de nombreuses autres innovations de la réforme du patriarche Nikon), se sont opposés aux « rites Nikon » dans ce qui a été connu sous le nom de Schisme de l'Église russe (« raskol »). Des communautés de vieux-croyants demeurent à ce jour, respectant les anciennes pratiques pré-Nikon.

Dans cet autre article, nous vous expliquions comment vous comporter dans une église orthodoxe russe.

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