Voyage au pays des vieux-croyants

Le village de Bergoul à proximité de Novossibirsk se trouve à la croisée des marais et d’une plaine dans la partie sud-ouest de la Sibérie. C’est là que les vieux-croyants Théodosiens vécurent pendant plus d’un siècle.

Ce groupe de vieux-croyants russes se forma au début du 18e siècle à côté de Novgorod. Les vieux-croyants Théodosiens, comme tous les vieux-croyants, s’opposèrent à la réforme de l’église, entreprise par le Patriarche Nikon et le Tsar Alexis 1er entre 1650 et 1661, qui avait pour objectif d’uniformiser le rite de l’Eglise orthodoxe russe et celui des Eglises orthodoxes grecque et byzantine.

Les Théodosiens se distinguaient par leur rejet du gouvernement et leur ascétisme stricte. Ils pensaient que poursuivre la vie de l’humanité constituait un péché et que le règne de l’Antéchrist avait commencé.

Afin de préserver leur foi et leur culture, les vieux-croyants durent abandonner leurs maisons. Ils errèrent pendant près de 200 ans.

En 1903, ils arrivèrent en Sibérie pour apprivoiser cette région éloignée et inhospitalière. Ils abattirent immédiatement de vieux arbres. Aussi, 4 villages furent fondés: Bergoul, Platonovka, Makarovka et Morozovka.

Les vieux-croyants ne pouvaient communiquer avec les gens ordinaires. Même leurs mariages se faisaient entre eux : les futures mariées étaient choisies dans les villages natals.

Mais, malgré leur éloignement, les vieux-croyants ne purent échapper aux changements des années 1930 qui affectèrent toute l’Union soviétique qui rejeta la religion. La propagande athéiste s’accompagnait de nombreuses arrestations et de persécution religieuse.

L’ancien monde n’était plus. L’église de Bergoul fut fermée, le chef religieux emprisonné et toutes les icones confisquées.

Toutefois, les gens purent conserver leur mode de vie religieux habituel tout en s’adaptant aux exigences de la modernité.

Les plus anciens continuaient à suivre toutes les règles religieuses, mais ne les enseignaient plus à leurs enfants.

Les enfants n’apprenaient pas à prier, mais apprenaient à vivre selon les lois de Dieu : l’idée de péché était transmise aux jeunes. Le bien et le mal étaient définis selon la foi et les normes orthodoxes.

Parallèlement, les contes de Bajov étaient lus avec joie, la communauté n’oublia pas ce premier enseignant du village qui y laissa ses marques avant de devenir un célèbre fabuliste. En cours de musique, les enfants chantaient des chansons folkloriques originales qui reflétaient la réalité soviétique.

Les nouvelles générations de vieux-croyants gardent leurs coutumes, mœurs et foi et respectent le testament à la lettre: "nous vivrons comme nos ancêtres."

Encore aujourd’hui, les vieux-croyants célèbrent les principales fêtes orthodoxes, comme Noel ou Pâques. Le baptême est encore pratiqué également. Les bébés sont baptisés, en été comme en hiver, par immersion dans l’eau froide du ruisseau.

Deux mondes se rencontrent ici : le monde moderne et le monde patriarcal. Ils se rencontrent et, aussi étrange que cela puisse paraître, coexistent.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies