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À la fin du mois d'octobre, l’industrie russe du commerce prépare tout pour Halloween : bars, cafés et magasins exposent des citrouilles sculptées (qu’elles soient véritables ou artificielles), accrochent des affiches effrayantes et recouvrent leurs locaux de fausses toiles d'araignée, pendant que les médias diffusent des programmes liés à ce thème.
Célébration d'Halloween dans une boîte de nuit de Moscou
Andreï Roudakov/SputnikLorsque j'ai demandé à une jeune collègue pourquoi nous devrions célébrer cette fête, elle m'a répondu : « C'est tellement amusant – cette tradition d’un bonbon ou un sort que nous, les Russes, n'avons pas ! C'est trop cool de célébrer des fêtes venant d'autres cultures et d'apprendre à mieux les connaître ! ».
Il est vrai que la plupart des Russes de moins de 30 ans ont entendu parler de cette tradition de quête de friandises dans les dessins animés et les films américains qu'ils regardaient à la télévision quand ils étaient enfants. Il est cependant également vrai que les Russes ont déjà une tradition similaire, que les commerçants russes ont rejetée en faveur de la fête américaine, en raison de l’attrait mondial de cette dernière.
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Un membre des forces de l'ordre passe devant des jeunes déguisés à Novgorod.
Konstantin Tchalabov/SputnikUn certain nombre de politiciens et d'activistes civils russes s'opposent en réalité à Halloween. Vitali Milonov, politicien ouvertement homophobe, qui a récemment demandé de contrôler les écoles russes afin d’empêcher toute « propagande d'Halloween », considère que cette célébration est basée sur « le culte des forces obscures, des âmes défuntes et l’éloge du satanisme ».
D'une certaine manière, Milonov a raison, la célébration étant réellement consacrée à la louange des âmes défuntes. D’ailleurs, le terme « Halloween » n’est autre qu’un dérivé de « All Hallows Eve », soit la « Veille de Tous les Saints », c’est-à-dire la veille de la fête chrétienne de la Toussaint, rendant hommage aux personnes disparues.
Dans la tradition orthodoxe russe, le jour de la Toussaint est néanmoins célébré le premier dimanche après la Pentecôte. En Russie, il s’agit donc d’une fête d'été, tandis que cette journée est célébrée le 1er novembre dans la plupart des autres Églises. Le jour suivant (habituellement le 2 novembre) est appelé dans le monde catholique le Jour des Morts, ou la Commémoration des fidèles défunts.
Célébration d'Halloween à Vladivostok
Iouri Smitiouk/TASSMais quel est le sens de la tradition de la chasse aux bonbons ? Et comment est-elle liée aux âmes défuntes ?
Autrefois, les enfants allaient de porte en porte, promettant de prier pour les parents défunts des propriétaires de ces demeures et recevant en échange des gâteaux d’« âme ». Cette coutume est probablement née de la croyance selon laquelle, à cette date, les âmes des morts reviendraient errer sur Terre et auraient besoin d'être satisfaites par des chansons ou des représentations théâtrales. C’est donc ce que l’on faisait, de la Grèce antique à Rome, en passant par l'Irlande et l'Écosse (la fête de Samhain), le Pays de Galles (Calan Gaeaf), la Cornouailles (Calan Gwaf), la Bretagne (Kalañ Gouiañv) et d'autres parties de l'Europe.
Dans la tradition russe, la chasse aux friandises n'était généralement pas célébrée le jour de la Toussaint, mais lors d'une autre fête, appelée Sviatki (durant 12 jours entre Noël et le Baptême du Christ). Collecte de friandises, déguisements, chants et danses étaient alors censés plaire aux esprits de l’au-delà qui parcouraient la terre pendant cette période – esprits qui avaient besoin d'être satisfaits afin d’assurer de bonnes récoltes l'année suivante.
Koliadovanié, tradition russe similaire aux chants de Noël
M. GuermachevLire aussi : La fête russe de Sviatki, la période la plus impie de l'année
Mais alors, pourquoi les Russes ne remettent-ils pas au goût du jour leurs propres célébrations des « âmes » ? Eh bien, parce que célébrer les fêtes « étrangères » apparaît beaucoup plus cool de nos jours. Cela donne l'impression d'être dans un film hollywoodien... Pourquoi donc ne pas célébrer Thanksgiving ? Ou le 4 juillet ? Et qu'en est-il de la fête mexicaine du Jour des morts ?
Je pense que le fait qu’Halloween en soit venu à être largement célébré en Russie n'est qu'une coïncidence : dans la plupart des écoles russes, les vacances scolaires d'automne commencent peu après le 1er novembre. Le 4 novembre étant le Jour de l'Unité nationale (férié), alors l'Halloween du 31 octobre est une occasion de marquer la fin du semestre précédent. De plus, l'Halloween moderne implique des costumes que les enfants adorent. Ils n'ont généralement pas la chance de le faire pendant la Sviatki car, comme presque toutes les fêtes russes traditionnelles, elle était considérée comme un événement « religieux » à l'époque soviétique et était très mal vu. Il se peut toutefois que vous rencontriez encore de jeunes chasseurs de bonbons (appelés « koliadovchtchiki » en russe) à votre porte peu après la veille du Nouvel An dans différentes régions du pays.
Carte postale russe datant d'avant 1917
Domaine publicEn bref, Halloween est célébré en Russie – comme dans d'autres pays, bien que dans une moindre mesure par rapport à l’Occident – dans le cadre du phénomène désormais mondial de cette fête. Et même si beaucoup de Russes conservateurs et protecteurs des traditions s'y opposent, les enfants adorent cela. Et croyez-moi, les adultes russes ne manqueront eux non plus jamais une occasion de lever leur verre pour une fête, quelle qu'en soit l'origine ! Et ce, parce que nous sommes un peuple cosmopolite et que la fête de chaque homme est aussi la nôtre. Alors, que ce soit pour faire un tour ou pour boire, tout nous convient, sauf le chauvinisme culturel.
Pour connaître plus en détails la vision qu’ont les Russes d’Halloween, retrouvez dans cet autre article les conclusions d’un récent sondage à ce sujet.
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