Comment définir et expliquer l’incomparable look des femmes russes?

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EKATERINA SINELCHTCHIKOVA
La beauté des femmes russes fascine le monde entier. Mais comment alors expliquer que le plus beau compliment aux yeux de ces dernières est d’entendre: «En vous voyant, je n’aurais jamais pensé que vous étiez de Russie»?

Habituellement, les séances shopping d’une Russe ne diffèrent pas de celles d’une Européenne (si ce n’est que nous y consacrons au moins deux fois plus de temps, selon le moteur de recherche dédié à la mode GLAMI). Nous n’avons en effet pas de boutiques ou salons secrets, faisant d’une citoyenne ordinaire « cette femme russe unique ».

Au contraire, les Russes s’habillent dans les mêmes Zara, H&M et Mango que les autres, chez Massimo Dutti pour certaines, ou commandent des habits en provenance d’Europe sur des sites tels que Yoox. Elles apprécient également tout particulièrement les magasins d’usine, car elles peuvent y trouver leurs marques préférées à prix réduits (à noter qu’elles adorent le luxe, même si elles ne peuvent pas toujours se le permettre). La mondialisation n’a donc pas épargné cette clientèle.

Mais pourquoi alors est-il toujours possible d’identifier des femmes russes d’un simple coup d’œil ?

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Nous pourrions appeler cela « le style inégalable russe », mais ce serait une exagération, tout du moins partielle, car effectivement il y a une certaine part d’inégalable dans cela. « Le style russe » c’est ce que les femmes d’autres pays n’adopteraient pas de leur plein gré, au moins car cela leur semblerait être une tâche tant terriblement difficile que dénuée de sens.

Le facteur du «surchic»

« Regarde la quantité de trucs brillants qu’elle a sur elle, et compare ça avec les locaux : plus elle brille, plus il y a de chances qu’elle soit Russe. Cela peut être n’importe quoi : une veste ou des chaussures brillantes, et même un visage luisant en raison d’une trop importante couche de maquillage », explique l’Indien Utkarsh Bhardwaj, qui a passé ces trois dernières années en Russie.

Oui, les Russes aiment être lumineuses, l’effet peau rayonnante, les strass sur leurs ongles, chaussures ou vêtements, et avoir l’air hautes en couleur, quel que soit leur âge.

Du rouge sur du gris ou noir, du vert et du jaune accompagnés d’un accessoire doré, des imprimés voyants, tout cela sonne très russe. Un maquillage de jour plus vif que de raison, une bague bien plus onéreuse que la normale, un opulent collier à la place d’un minable pendentif, tout cela est aussi très russe. Le « trop » est ici la règle en matière de mode, résume la designer Lena Karine.

« Ces jeunes femmes russes. Je les reconnais entre mille. Elles ont toujours d’immenses extensions de cils, j’ai un peu peur de ces araignées. Aussi, elles adorent les longs ongles et le vernis rouge. Et les talons, illustre Niels, 29 ans, venu des Pays-Bas. Je ne supporte pas quand ma copine russe porte de hauts talons car après une demi-heure elle commence à se lamenter que ses pieds lui font mal. Mais tu as toi-même décidé de les mettre ! Au parc ! ».

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La fourrure est un autre élément paraissant naturel sur une Russe. C’est très typique. Les manteaux de fourrure naturelle, les chapkas de fourrure, ou encore de simples détails de fourrure sur leur jupe … « Je ne sais pas, peut-être que ça tient chaud », suppose Niels. Oui, parfois cela s’explique ainsi Niels. Mais pas toujours.

Le facteur «ne pas perdre la face»

Voici l’histoire que m’a relatée un ami italien évoquant sa petite amie russe. Lors d’un voyage, elle avait souffert d’une grave intoxication nécessitant une visite à l’hôpital. Alors qu’il lui enfilait avec attention ses chaussettes, elle s’était pliée en deux, tendant son bras vers sa trousse de cosmétiques pour en extirper son fond de teint. « J’ai l’air très pâle », s’était-elle justifiée, sous-entendant qu’elle ne pouvait se permettre d’avoir l’air blême. Et ce, malgré les fruits de mer avariés.

Les Russes se distinguent quasi systématiquement par leurs soins superflus. « On le remarque si vos cheveux ne sont lavés ou si vos ongles sont cassés, en notre for intérieur on vous jugera », explique sur le site de question-réponse Quora, Ana Johnson, résidente de Russie. Cela explique d’ailleurs pourquoi il existe à Moscou des salons de manucure ouverts 24h/24, 7j/7, car certaines femmes sont trop occupées en journée et en soirée, mais trouvent tout de même la force d’aller la nuit se faire les ongles. Vous pensez que c’est trop ? Peut-être. « Mais les femmes russes aiment prendre soin d’elles, considère Ana. Beaucoup disent que nous en faisons trop, mais pour nous c’est normal, ça fait partie de notre routine ».

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C’est partiellement pour cela qu’est répandue au sein de la population russe l’idée qu’une femme ne fera jamais son apparition en public sans avoir au préalable préparé son visage (ce qui signifie souvent un maquillage avec l’application d’une crème de teint, de fond de teint, de blush, de mascara, et encore d’autres choses selon les goûts). Elle ne sortirait même pas les poubelles sans cela. Et c’est en partie pourquoi « jamais vous ne verrez de filles en Russie complètement saoules et vomissant leurs tripes, comme c’est trop commun au Royaume-Uni », souligne Ivan, expatrié en Russie. Elles ne veulent tout simplement pas « perdre la face », et l’expression se prête particulièrement au contexte.

Le facteur «beau et inconfortable»

Comme vous l’aurez certainement déjà compris, en Russie le style unisexe n’est que peu populaire. La démonstration de féminité (ce qui dans la pratique est souvent synonyme de sexualité) est considéré comme le critère principal du choix de sa garde-robe. Et à cet égard, le fait que les vêtements soient très serrés et que les chaussures tiraillent vos pieds importe peu. « Il faut souffrir pour être belle » est un proverbe connu en terres russes et les femmes en comprennent parfaitement la signification.

« Je ne suis pas Russe mais j’ai visité Moscou et Saint-Pétersbourg à plusieurs reprises. Ce qui m’a frappé a été de voir à quel point certaines femmes s’habillent très court, même lorsqu’il fait froid. Un peu comme les femmes d’Essex ou de Newcastle, ici au Royaume-Uni, mais de manière bien plus présentable et à la mode », témoigne Charles, de Manchester.

Oui, les jupes courtes en hiver sont ici un classique. Tout comme les « vêtements à la mode », quoi que cela puisse vouloir dire. Les femmes russes achètent des vêtements à la sortie de nouvelles collections saisonnières (qui sortent plus souvent qu’il n’y a de saisons dans l’année) ou lorsque ceux qu’elles possèdent déjà les lassent, et non pas quand ils sont usés.

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Il en résulte donc que, dans la garde-robe des Russes, si les habits et accessoires ne sont pas nécessairement onéreux et de qualité, ils sont très nombreux. Pourquoi ?d Il y a de multiples raisons à cela, comme pour le fait qu’elles portent de la fourrure et des talons à une fréquence frôlant la manie. L’une des plus contradictoires est que la Russie compte 10,7 millions moins d’hommes que de femmes, et que ces dernières doivent donc rivaliser d’atouts pour attirer l’attention du sexe opposé. Pour autant, elles désirent que personne ne comprenne ni leur souhait de séduction, ni le fait qu’elles sont Russes lors de leurs déplacements à l’étranger.

« Le meilleur compliment pour une Russe est d’entendre : "En vous voyant, je n’aurais jamais pensé que vous étiez de Russie". Je ne comprends pas cette envie que beaucoup ont d’éliminer en elles ce "russe", confie Lena Karine. Je ne vois là-dedans rien de mal. La reconnaissance est toujours estimée ».

Peut-être cela peut-il s’expliquer par le fait que s’habiller comme les Russes est à propos uniquement en Russie. « Je me souviens comment un jour à Moscou j’ai oublié de mettre mes escarpins dans la voiture, et j’ai dû aller à un rendez-vous en bottines en peau et laine de mouton. Je pensais que je n’y survivrais pas, se remémore la designer Aliona Akhmadoullina. Mais une autre fois j’ai décollé pour Florence après une dure journée de travail à Moscou et je portais une robe courte stricte noire, qui se terminait à environ 12 centimètres au-dessus des genoux, et des talons hauts Nicholas Kirkwood très à la mode. J’ai alors senti qu’il fallait que j’ouvre rapidement ma valise, que je sorte mes ballerines et tire mes escarpins, car c’était une honte incroyable ».

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