Qu’est-ce que les «ceintures de prix» et pourquoi étaient-elles nécessaires en URSS?

Histoire
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À l’époque, les prix des marchandises étaient fixés par l’État et restaient inchangés pendant des années. Cependant, cela ne signifie pas que le coût des produits était le même dans tout le pays.

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L’économie de l’Union soviétique était une économie planifiée et non une économie de marché ; les prix de tous les produits étaient fixés et calculés des années à l’avance. Le coût des marchandises était inscrit sur l’emballage. Cependant, un certain nombre de produits n’avaient pas un, mais... trois prix ! Chacun pour une région donnée. Comment cela se fait-il ?

Les ceintures de prix

L’Union soviétique était le plus grand pays du monde et, afin de répartir les coûts de transport des marchandises, le concept de « ceintures de prix » a été introduit en 1935. D’abord pour les confiseries, puis pour d’autres produits. Plus le lieu de vente était proche de celui de production, plus le prix était bas.

La première ceinture comprenait les républiques de l’Union (RSS d’Ouzbékistan, RSS de Kirghizie, RSS de Lituanie, RSS d’Estonie, RSS de Lettonie et autres), ainsi que les villes fermées (des villes à accès réglementé, souvent car abritant des industries stratégiques). C’est là que se trouvaient les prix minimums.

La deuxième ceinture comprenait la majeure partie du pays, y compris Moscou, la région de Moscou et Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg).

La troisième ceinture comprenait toutes les régions du Grand Nord, où il était difficile et coûteux de livrer des marchandises. Dans le même temps, les habitants de ces régions bénéficiaient de ce que l’on appelle les « allocations nordiques », qui s’ajoutaient à leur salaire.

En règle générale, les prix ne différaient que de quelques kopeks, mais à l’échelle nationale, cela permettait d’économiser des sommes substantielles.

Par exemple, un paquet de sucre coûtait 47 kopeks dans la première ceinture, 52 kopeks dans la deuxième et 57 kopeks dans la troisième.

Un autre produit populaire, le lait concentré, était acheté par les habitants des ceintures 1 et 2 à 55 kopeks, et à 62 par ceux de la ceinture 3.

L’huile de tournesol coûtait quant à elle respectivement 1,05 rouble, 1,10 rouble et 1,15 rouble.

Enfin, le kompot (une boisson de fruits infusés) en conserve se vendait à 59, 65 et 73 kopeks.

Quels biens étaient concernés par les prix « de ceinture » ?

Les prix de ceinture ne s’appliquaient pas à toutes les choses et à tous les produits. En règle générale, ils étaient fixés pour le sucre, le sel, les conserves et les marchandises de grande taille nécessitant des frais de transport importants. Par exemple, les meubles.

En revanche, les appareils ménagers tels que les hachoirs à viande, les aspirateurs ou les sèche-cheveux coûtaient le même prix partout. Les cosmétiques, les vêtements et les chaussures, ainsi que le thé et le café, étaient aussi vendus au même prix.

De leur côté, les produits laitiers, les œufs, ou encore le pain avaient un ou deux prix seulement, car un même produit n’était pas livré dans toutes les ceintures. Cela ne signifie pas que les autres régions n’avaient pas de glace ou de fromage, mais que les produits d’autres producteurs y étaient proposés.

Catégories d’approvisionnement

Outre les prix de ceinture, il existait en URSS ce que l’on appelle des « catégories d’approvisionnement » : spéciale, première, deuxième et troisième. Les catégories spéciale et première comprenaient Moscou, Leningrad, les capitales des républiques de l’Union et les villes fermées. La deuxième comprenait le territoire principal du pays, et la troisième les régions du Grand Nord (Iakoutie, Tchoukotka, région de Mourmansk et autres).

Selon ce schéma, à Moscou et à Leningrad, les prix étaient certes plus élevés qu’à Riga et à Tachkent, mais y étaient proposées plus de marchandises, y compris des denrées en pénurie. Les habitants d’autres villes venaient donc souvent faire leurs courses ici.

Après l’effondrement de l’Union soviétique, le coût des marchandises est devenu libre, si bien qu’aujourd’hui, les prix diffèrent même dans des magasins voisins.

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