Les passions de sept grands auteurs russes (hormis la littérature) 

Histoire
ALEXANDRA GOUZEVA
Ces écrivains sont connus non seulement pour leurs œuvres littéraires, mais aussi pour les passions, aussi inhabituelles que dangereuses, qui les animaient et qu’ils réprimaient difficilement.

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Alexandre Pouchkine, les femmes et les duels

Le grand poète russe avait un tempérament ardent qui s’exprima dans ses vers, dans sa pratique des jeux de hasard (dont il est question plus d’une fois dans ses œuvres), dans ses très nombreuses liaisons amoureuses et dans les duels auxquels il participa.

Jusqu’à son mariage, Alexandre Pouchkine tenait, à l’instar de don Juan, la liste de ses conquêtes féminines : elle était longue de plusieurs dizaines de noms. Ses textes reflètent aussi sa propension à l’amour : « À Natacha », « À Macha », « À elle », « À une jeune veuve » et même « À la beauté qui prisait du tabac » et son poème d’amour le plus célèbre « Je me souviens d’un moment merveilleux » dédié à Anna Kern.

Alexandre Pouchkine était un bretteur  qui s’irritait facilement et jetait volontiers le gant. Ses biographes ont compté qu’il avait participé à plus de vingt duels. Le dernier lui fut fatal.

Mikhaïl Lermontov et la peinture

L’auteur du Héros de Notre Temps servait dans le régiment de hussards de la Garde impériale et écrivait à ses heures perdues. Il s’adonnait également à la peinture et maîtrisait plutôt bien cet art. Alors qu’il était affecté dans le Caucase, il peignit plusieurs dizaines de paysages. L’autoportrait qu’il fit en 1837  est bien connu.

Léon Tolstoï, le travail et l’activité

L’illustre prosateur passait pour un original même auprès de ses paysans. Qui avait déjà vu un comte faucher ses champs ? Il aimait ce travail très physique et l’affirma dans Anna Karénine en plaçant une faux dans les mains de Konstantin Liovine, le personnage qui est son double . Léon Tolstoï aimait faire de la cordonnerie et se fabriqua lui-même une paire de bottes.

L’écrivain prenait aussi le temps de faire de l’exercice : il faisait de longues promenades. Il lui arrivait même de faire à pied les deux cent vingt-cinq kilomètres qui séparent sa propriété de Iasnaïa Poliana et Moscou. Même lorsqu’il eut atteint un âge avancé, il continua à pratiquer la marche, ce qui était pénible pour ses invités. À soixante-sept ans, il apprit à faire de la bicyclette. Il pouvait en faire pendant des heures entières, de même que jouer au tennis ou au gorodki.

Ivan Tourgueniev et la chasse

Ivan Tourgueniev aimait la chasse depuis l’enfance et était toujours heureux quand son père, un chasseur invétéré, l’emmenait avec lui. Il écrivit : « J’aime la chasse pour la liberté qu’elle procure, pour les levers et couchers de soleil qu’elle permet de voir, parce que, comme en poésie, elle fait ressentir un sentiment particulier qui est supérieur à tout et ne dépend que de moi ». Dans ses romans et nouvelles, Ivan Tourgueniev aborde souvent le thème de la chasse. Dans les Récits d’un Chasseur, il décrit de façon vivante et pittoresque des scènes de chasse, les caractères de chasseurs différents les uns des autres et la poésie des paysages russes.

FiodorDostoïevskietlesjeuxdehasard

De nombreux écrivains russes jouaient aux cartes. Au XIXe siècle, les cartes étaient un jeu auquel s’adonnaient les aristocrates. Mais, Fiodor Dostoïevski était un joueur pathologique qui souffrit de sa dépendance aux jeux de hasard pendant une dizaine d’années.

Il jouait essentiellement en dehors des frontières de l’Empire russe. Plus d’une fois, il se retrouva ruiné aux tables de roulette de Paris et de Baden-Baden et sombra dans le désespoir. Ses dettes de jeu l’obligeaient à quémander des avances auprès de ses éditeurs et à écrire toujours plus dans des délais extrêmement courts. Pour respecter les conditions du contrat léonin que lui avait imposé un éditeur, Fiodor Dostoïevski rédigea Le Joueur, qui décrit comment la roulette peut devenir le sens d’une vie, en vingt-sept jours.

Anton Tchékhov et les chiens

Le médecin et écrivain Anton Tchékhov aimait les chiens. Kachtanka, l’un des récits sur les animaux les plus touchants de la littérature russe, est justement consacré à un chien. Anton Tchékhov nourrissait une affection particulière pour les teckels, dont il disait en plaisantant qu’ils étaient une hybridation entre des bâtards et des crocodiles. Anton Tchékhov en avait deux : Brome et Khine à qui il était infiniment attaché. Son frère racontait que ses chiens posaient leurs pattes antérieures sur ses genoux, qu’il pouvait passer une demi-heure à leur parler et à plaisanter avec eux, ce qui faisait mourir de rire tous ceux qui étaient témoins de ces scènes de tendresse.

Vladimir Nabokov, les papillons et les échecs

Vladimir Nabokov attrapa son premier papillon à l’âge de six ans dans la propriété que sa famille possédait près de Saint-Pétersbourg. La chasse aux papillons et leur étude devinrent pour l’écrivain plus qu’un simple passe-temps. Il organisa des excursions entomologiques, publia des articles scientifiques, travailla comme conservateur des collections de papillons du musée zoologique de l’université d’Harvard. Les spécialistes de l’œuvre de Vladimir Nabokov ont relevé pas moins de cinq cent soixante-dix mentions de papillons dans ses œuvres !

L’écrivain avait une autre passion : les échecs qu’il pratiquait à haut niveau. Ce jeu apparaît dans plusieurs de ses textes. Dans la Défense Loujine, le héros principal est un génie des échecs.

Dans cette autre publication, découvrez les dix plus grands auteurs russes de tous les temps.