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Aujourd’hui, ce n’est pas Noël, mais le Nouvel An qui est associé en Russie au sapin et aux cadeaux. La raison ? Le gouvernement soviétique a aboli la célébration du Noël chrétien, en « offrant » à sa place aux citoyens une célébration massive du Nouvel An.
Cependant, avant la révolution en Russie, le Noël orthodoxe était très aimé et fêté. C’était aussi un jour spécial pour la famille du tsar, qui dépensait sans compter pour les cadeaux aux enfants et aux proches.
Les cadeaux aux enfants
Aux XVI-XVIIe siècles, les tsars portaient beaucoup d’attention à la fête religieuse, mais elle n’avait pas vraiment de notion familiale. La veille de Noёl, les tsars s’adonnaient à l’œuvre pieuse – ils versaient de riches aumônes aux hôpitaux et aux foyers de charité, visitaient les prisons et même graciaient les condamnés. Ensuite, ils assistaient au service nocturne célébré à l’église, qui constituait alors l’événement pivot de la fête.
Au petit matin, une fois le service terminé, la hiérarchie de l’Église était invitée aux chambres du tsar au Kremlin. Elle était accompagnée d’une chorale, qui récitait des chants à la gloire du Christ et du souverain. Les tsars offraient alors du « miel » aux invités, ainsi que des louches précieuses.
Seulement après toutes ces cérémonies, les enfants du tsar recevaient leurs cadeaux – par exemple, de précieux tissus cousus d’ornements (en soie et en brocart), ainsi que des coupes incrustées de pierres précieuses. Les garçons recevaient des sabres en jouets, et les filles – une variété de bijouterie.
Avant le XIXe siècle, la tradition des cadeaux était répandue seulement chez les familles riches et nobles.
Les premiers cadeaux sous le sapin
La tradition de décorer le sapin à Noël a tardé à arriver en Russie. De plus, les sapins renvoyaient aux morts, car des branches de conifères étaient jetées au sol jusqu’au cimetière au moment des funérailles, montrant symboliquement la voie à l’âme du défunt. Les premiers sapins décorés ont été érigés par Pierre le Grand, lorsqu’en 1700 il a introduit la célébration du Nouvel An. Cette tradition a été maintenue par Catherine II, originaire d’Allemagne.
Pour la première fois, un sapin a été décoré au Kremlin pour Noël en 1817. Dès les années 1820, la tradition a été reprise dans les palais du tsar à Saint-Pétersbourg. Pendant le règne de Nicolas Ier, les cadeaux étaient cachés sous le sapin. Il est considéré que l’idée de la célébration de Noël à la maison avec un sapin et des cadeaux a été amené par la femme de l’Empereur – Alexandra Feodorovna. C’était une Allemande (Alix de Hesse-Darmstadt de son vrai nom), fille du roi prussien Friedrich Wilhelm III. Dans leur famille, Noël avait toujours été fêté de manière grandiose – avec un grand sapin et des cadeaux.
Il y avait tellement de cadeaux qu’éils ne rentraient pas sous le sapin. En 1847, le fils de Nicolas, le prince Constantin, a énuméré dans son journal de nombreux présents reçus : un sabre, une dague, une armure en maille, des pistolets circassiens et des livres.
La fille de Nicolas Ier, Olga, s’est souvenue qu’en 1837 on lui a offert un bureau avec un fauteuil, et, en 1843, « un magnifique piano Virta, des peintures, de belles robes et de la part de papa – un bracelet incrusté d’un saphir – sa pierre préférée ».
L’un des lieux les plus populaires d’où venaient les cadeaux de l’empereur était « le Magasin anglais » de Nicholls & Plinke à Saint-Pétersbourg. On y vendait des lustres exquis, des bijoux, de belles et onéreuses armes, des vins de collection et bien d’autres choses.
>>> Comment Noël était-il célébré en Russie impériale?
Voici un service de thé de ce magasin qui a été offert à Noël à l’autre fille de Nicolas – Maria, en 1839. En 1850, l’empereur lui a offert un ensemble de meubles – de jolis divans, fauteuils et des consoles.
Les princesses ne recevaient pas que des peintures, bijoux, objets précieux, robes et bibelots (comme des pendules à surprise), mais aussi une multitude d’objets utiles – des patins à glace, des skis, des luges ou des livres.
Les enfants pouvaient écrire une « liste de vœux » et indiquer ce qu’ils voulaient en cadeau. Il est connu que le frère d’Alexandre III, Vladimir, étant enfant, a demandé des huîtres pour Noël, car il les aimait beaucoup. Le prince Alexandre était tout aussi original, car il a demandé une cuisine en jouet et un costume de ramoneur.
En 1833, Alexandre III a commandé ce radieux service de Raphaёl pour 50 personnes à l’Usine impériale de porcelaine – le travail a nécessité 20 ans et, chaque année, l’usine envoyait une partie de la commande vers Noël justement.
Cadeaux militaires pour les hommes
Un cadeau traditionnel pour les proches du tsar de sexe masculin était des attributs militaires. Il est connu que l’héritier du trône, Alexandre (le futur Alexandre II), a reçu de la part de sa mère-impératrice un uniforme du régiment de la Garde de cavalerie, puis un sabre turc, puis des assiettes en porcelaine avec des images de troupes russes de types et de sortes différentes. Cependant, elle lui a aussi offert un service de thé. Le père-empereur a quant à lui offert à Alexandre des cadeaux comme une caisse de pistolets, un buste de Pierre le Grand, et des livres sur l’histoire de la Russie.
Ce yatagan avec ces couteaux, fabriqué en Empire ottoman en 1803, a été offert au futur Alexandre II par sa femme, Maria Alexandrovna, au Noël de 1849.
En 1881, la femme de l’empereur Alexandre III lui a par ailleurs offert un révolver Smith & Wesson avec des balles et un étui.
Les confiseries étaient surtout offertes aux enfants, mais les adultes pouvaient aussi recevoir de la nourriture en cadeau, comme une caisse de pruneaux chers ou d’abricots séchés, ainsi que des clémentines.
Une fête avec une loterie pour les courtisans
La famille du tsar organisait obligatoirement une loterie pour Noël, avec des cadeaux pour les courtisans. Parmi les lots, l’on trouvait : des lampes en porcelaine, des vases, des services à thé et même des œuvres de Fabergé. Les enfants du tsar aidaient eux aussi à l’organisation – ils collaient les étiquettes avec les numéros gagnants pendant des heures sur les cadeaux.
Les membres de la famille du tsar offraient des cadeaux à tout le personnel, aux serviteurs et autres. Sans économies, une fois encore. Un gouverneur pouvait recevoir un onéreux coffret ou des couverts en argent, mais l’on offrait également des perles et autres « bibelots ».
Le dernier Noёl de Nicolas II
Nicolas II fêtait Noël de manière étonnamment modeste. Surtout au début du XXe siècle, lorsque le pays a connu des temps très durs, des guerres et des révolutions…
Au palais de Tsarskoïé Selo, où habitait la famille de l’empereur, trois sapins étaient décorés : un spécialement pour les enfants et un deuxième pour les serviteurs. Nicolas II, prenant des notes sur Noël dans son journal, a décrit qu’après les célébrations bruyantes, remplies de monde, où ils passaient des heures à ouvrir leurs cadeaux, ils en avaient un troisième pour eux seuls. « Puis, dans les appartements d’Alix, il y avait notre sapin à nous deux ».
Si, chaque Pâques, Nicolas offrait à sa femme un précieux œuf de Fabergé, à Noël, ses cadeaux étaient plus modestes. Par exemple, il n’a offert des bijoux à sa femme qu’à deux reprises – un collier de diamants l’année de leur mariage et des pendentifs en jade à Noël après la naissance de leur premier enfant, la princesse Olga.
Des cadeaux également modestes étaient offerts par le couple impérial à ses enfants. Leur fils Alexis a par exemple reçu son premier journal de la part de l’impératrice.
Au Noël de 1917, déjà en exil en Sibérie, l’Impératrice Alexandra a cousu des gilets en laine aux enfants. Sa dame de compagnie et son amie Anna Vyroubova a reçu un colis avec une écharpe et un bas faits-maison par l’impératrice (qui a rempli le colis avec de la farine, des pâtes et des saucisses – un vrai luxe pour les temps d’après-révolution).
Dans cette autre publication, découvrez quelles sont les différences entre le Noël orthodoxe russe et occidental.
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