Cinq dirigeants russes devenus saints orthodoxes

Hulton Archive/Getty Images; Patriarchia.ru
La tradition de canoniser les dirigeants et princes est apparue en Russie dès le Xe siècle, lorsque le pays venait de se convertir à l’orthodoxie. Généralement, ce n’est pas pour les mérites devant la Patrie que l’on rejoignait la liste des Saints, mais suite à une vie pieuse ou une mort en martyr.

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Princesse Olga (890 ou 925-969)

Sainte-Olga, Nicolas Roerich, croquis pour une mosaïque

Olga était l’épouse d’Igor, prince de la Rus' de Kiev et fils du prince varègue Riourik, considéré comme fondateur de l’État russe. Veuve suite à l’assassinat de son mari lors d’un prélèvement de tribut auprès des Drevlianes, elle est devenue régente pour leur fils Sviatoslav et est restée au pouvoir jusqu’à ce que ce dernier n’atteigne l’âge de la majorité. Elle a mené plusieurs représailles sévères contre le peuple drevliane afin de venger son époux.

Baptême de la princesse Olga, Ivan Akimov

C’était dans le même temps la première dirigeante russe convertie au christianisme, et ce, avant que le pays ne soit baptisé. « Elle brillait au sein des païens, telle une perle au milieu de la boue », écriront à son sujet des chroniqueurs des temps anciens.

Elle est devenue l’une des premières saintes vénérées en Russie. Son petit-fils, Vladimir, baptiseur de la Russie, transférera les reliques d’Olga dans l’une des premières églises de la Rus’. Une croyance affirme que le corps de la princesse ait été impérissable. Devenue sainte encore avant le schisme des Églises d'Orient et d'Occident de 1054, elle est également vénérée par les catholiques.

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Prince Vladimir (environ 958-1015)

Monument au prince Vladimir à Moscou

Le grand prince Vladimir, également appelé Vladimir le Grand, Saint-Vladimir ou Vladimir le Beau Soleil, est l’un des anciens dirigeants russes les plus vénérés par l’Église orthodoxe russe. Il est avant tout connu comme celui qui a baptisé la Rus’ de Kiev – c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a été canonisé – et des églises consacrées en son nom parsèment la Russie et l’Ukraine. La légende dit qu’avant d’arrêter son choix sur le christianisme, il avait à choisir parmi les trois religions monothéistes.

Baptême du prince Vladimir. Fragment d’une fresque de la Cathédrale Saint-Vladimir à Kiev, peinte par Viktor Vasnetsov.

Alexandre Nevski (1220-1263)

Saint Alexandre Nesvki, fresque de la cathédrale de l’Archange-Saint-Michel, Kremlin de Moscou

Surtout connu pour ses succès dans la lutte contre les envahisseurs étrangers s’étant attaqués à la Rus’ depuis l’est et l’ouest, il n’a perdu aucune bataille. Une place à part occupe sa victoire sur l’ordre de Livonie lors de la bataille du lac Peïpous, en 1242. Autour de lui s’est créé un halo héroïque de défenseur de la Rus’. D’ailleurs, sa gloire n’a pas terni même pendant l’ère soviétique et, sur demande des autorités, Sergueï Eisenstein a tourné une œuvre cinématographique lui étant dédiée.

Scène tirée du film Alexandre Nevski de Sergueï Eisenstein

Un autre problème de Nevski étaient les Tataro-Mongols à qui la Rus’ versait des tributs et qui perpétuaient leurs incursions dévastatrices. Certainеs sources disent qu’Alexandre était en correspondance avec le Pape qui avait proposé son aide à condition que la Rus’ se plie devant le Saint-Siège. Alexandre a refusé, poursuivant la lutte tout seul et acquérant ainsi la gloire du défenseur de l’orthodoxie contre le Vatican. Il a été canonisé en 1547 et ses reliques ont été transférées à plusieurs reprises d’un lieu à l’autre jusqu’à ce que Pierre le Grand n’ordonne de les inhumer à Saint-Pétersbourg, dans une laure lui étant consacrée.

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Dimitri Donskoï (1350-1389)

Dimitri Donskoï, portrait issu du Titulaire du tsar

Il est avant tout connu pour sa victoire sur les Tataro-Mongols dans la bataille de Koulikovo, cette confrontation bénie par Serge de Radonège, l’un des principaux saints russes. L’on considère que cette victoire est devenue le point charnière dans la libération de la Rus’ de ce joug pluricentenaire. Il est entré dans l’histoire du pays comme un exemple de gloire militaire, si bien qu’une colonne de chars a été baptisée en son nom lors de la Seconde Guerre mondiale. D’ailleurs, elle a été financée par l’Église.

Monument à Dimitri Donskoï près du Kremlin de Kolomna

Il n’a été classé parmi les saints qu’en 1988 et est vénéré par l’Église pour sa modestie et sa vie humble. Encore au XIXe siècle, le principal historiographe de l’Empire russe, Nikolaï Karamzine, écrivait à son sujet : « Couvert d’éloge par le peuple reconnaissant, Dimitri baissait son regard et son cœur s’élevait vers le créateur ». On dit que ce prince moscovite se rendait tous les jours à l’église et jeûnait. C’est lui qui a construit le kremlin blanc de Moscou ainsi que plusieurs églises.

Nicolas II (1868-1918) 

Nicolas II avec ses enfants et son épouse

Le dernier tsar russe et sa famille ont été fusillés par le pouvoir soviétique à Ekaterinbourg. En l’an 2000, l’Église orthodoxe russe les a canonisés en tant que martyrs. Sur les icônes peintes depuis, on le voit aussi bien seul qu’entouré de sa famille.

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Icône à l’effigie de Nicolas II

La décision de canoniser le dernier tsar de la dynastie des Romanov a divisé la société. L’un des arguments « contre » était qu’il n’est pas mort en martyr, mais suite à une répression politique, tandis que les partisans de sa canonisation soulignaient l’activité de l’impératrice et de ses filles en tant que sœurs de charité pendant la Grande Guerre.

Dans cet autre article, nous vous présentions les saints les plus vénérés de Russie.

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