En images: pourquoi les parachutistes russes sont-ils parmi les meilleurs au monde?

Des militaires de la 98e division aéroportée lors du festival militaire patriotique "Ciel ouvert 2019" à l'aérodrome Severny

Des militaires de la 98e division aéroportée lors du festival militaire patriotique "Ciel ouvert 2019" à l'aérodrome Severny

Vladimir Smirnov/TASS
Souvent, à cause d'erreurs de commandement, ces troupes d'élite se sont retrouvées dans les situations les plus désespérées. Mais même alors, ils n'ont pas perdu leur présence de l'esprit, luttant avec abnégation et efficacité jusqu'au bout.

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Le 2 août 1930, lors d’exercices de l'armée de l'air soviétique près de Voronej, 12 personnes ont pour la première fois dans le pays sauté en parachute. C’est ainsi qu’est née l'élite des forces armées de l'URSS et de la Russie moderne – les troupes aéroportées.

Préparation des parachutes

Lors des plus grands exercices d'avant-guerre en URSS, les manœuvres du district militaire de Kiev en 1935, le premier débarquement en masse de parachutistes a été organisé – 1 188 personnes. L'année suivante, ce record a été battu en Biélorussie – environ 3 000 hommes.

Parachutage massif

Les forces aéroportées soviétiques ont mené leurs premières opérations de combat contre l'armée japonaise sur la rivière Khalkhin-Gol (septembre 1939) et pendant la guerre d'hiver contre la Finlande (novembre 1939 – mars 1940). Dans ce cas, les parachutistes n'ont pas seulement agi pour leur but (atterrir en parachutes à l'arrière de l'ennemi), mais ont également combattu comme de simples unités d’infanterie.

Combats près de la rivière Khalkhin-Gol

Les parachutistes ont dû combattre aux côtés des fantassins pendant la période initiale de l'invasion allemande de l'Union soviétique, lorsqu’il n'y avait pas de possibilités d'opérations aéroportées. Cette possibilité est finalement apparue lors d'une contre-attaque de grande envergure de l'Armée rouge près de Moscou, à l'hiver 1941-1942.

Bataille de Moscou, débarquement de la 5e armée

Plus de 10 000 parachutistes des 4e et 5e Corps de Parachutistes ont été débarqués sur l'arrière ennemi près de Viazma en janvier-février 1942 pour participer à l'encerclement des troupes du groupe Centre. Cependant, en raison de l'échec de l'offensive soviétique générale, ils se sont rapidement retrouvés eux-mêmes encerclés. En cinq mois, les unités de aéroportées, ayant rejoint le 1er corps de cavalerie de la Garde du Général Pavel Belov, ont mené des combats épuisants et, ayant marché des centaines de kilomètres sur l'arrière allemand, ont enfin effectué, le 24 juin 1942, une percée et rejoint les leurs. Suite à leurs actions, sept divisions de l'ennemi ont été paralysées.

1943

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« Les brigades n'ont résisté à toutes les épreuves de l'arrière allemand que grâce à un seul facteur : les parachutistes étaient recrutés parmi l’élite du peuple, de jeunes patriotes du Komsomol [organisation de la jeunesse communiste], des gars courageux et en bonne santé, se souvient Mikhaïl Bogatski, qui a servi dans la 211e Brigade aéroportée, lancée à l'aide de ses compagnons d'armes autour de Viazma en mai 1942. Si à notre place il y avait eu une division ordinaire d’artillerie, dans de telles conditions elle se serait brisée en une semaine... Même parmi les parachutistes, à un certain moment, il y a eu une démoralisation partielle, il y a eu des cas où les commandants étaient collectivement "envoyés bouler", avec leurs ordres... Mais notre disposition à mourir pour notre patrie et notre dévouement fanatique ont fait leur travail – nous avons continué à nous battre ».

Les parachutistes ont joué un rôle important dans la bataille de Stalingrad. 95% de la 37e division de fusiliers de la Garde (formée sur la base du 1er corps aéroporté) sont morts dans des affrontements pour une usine de tracteurs, sur les rives de la Volga. « C'est vraiment la Garde. Les gens sont tous jeunes, grands et en bonne santé, beaucoup d'entre eux portaient des uniformes de parachutistes, avec des poignards et des couteaux finlandais à la ceinture. Ils se sont battus héroïquement. En les frappant avec une baïonnette, ils jetaient les Hitlériens par-dessus leur épaule, comme des sacs de paille », écrivait dans ses mémoires le commandant de la 62e armée, le général Vassili Tchouïkov.

Combats pour l'usine de tracteurs à Stalingrad

L'opération aéroportée du Dniepr de septembre 1943 a été la deuxième plus grande opération des parachutistes soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi la dernière. La raison pour laquelle le commandement a refusé d'effectuer d'autres débarquements aériens de grande envergure a été son échec total. En raison d'une mauvaise planification de l'opération et d'une reconnaissance mal conduite, les avions de transport ont été dispersés par le feu nourri des canons antiaériens allemands. Des groupes aéroportés ont été jetés dans le Dniepr et s'y sont noyés, ou se sont retrouvés sans communication à une grande distance les uns des autres.

Débarquement du Dniepr

« Six divisions et deux corps de chars y étaient concentrés. Et nous voilà jetés sur eux... Nous allions du ciel au combat, et nous sommes morts dans le ciel... Tout y brûlait, la nuit s'est transformée en jour... Toute la brigade devait se poser dans un rayon de 7 à 10 kilomètres, et les pilotes l'ont dispersée sur 100 kilomètres, de Rjychtchiv à Tcherkassy ... Et, au lieu des actions de la brigade, nous avons dû agir en petits détachements, qui sont faciles à détruire », rappelle le sergent junior de la 3e brigade aéroportée de la Garde Piotr Nejivenko. Néanmoins, bien qu’ayant subi de lourdes pertes (3 500 hommes), les parachutistes ont pu attirer des forces allemandes considérables dans les combats, ce qui a grandement aidé l'Armée rouge, qui se préparait alors à traverser le Dniepr.

Débarquement soviétique près de Budapest

L'histoire de l'après-guerre des forces aéroportées soviétiques est étroitement liée à la personnalité du général Vassili Marguelov, qui a dirigé ce type de troupes pendant 25 ans (de 1954 à 1979). Grâce aux efforts de « l'oncle Vassia », comme ses parachutistes l'appellent avec amour et respect encore aujourd'hui, les forces aéroportées de l'URSS sont devenues l'une des meilleures formations militaires au monde : le niveau de mobilité et de contrôlabilité des unités de débarquement a été considérablement augmenté, le premier véhicule de combat aéroporté BMD-1 et le véhicule blindé de transport de troupes aéroporté BTR-D ont  vu le jour, les troupes de débarquement ont reçu les meilleures armes légères, des systèmes de communication, des systèmes antiaériens, des véhicules blindés flottants et des avions de transport. C'est sous Marguelov que les parachutistes ont appris à atterrir à l'intérieur des véhicules blindés et ont revêtu leurs fameux bérets bleus.

Vassili Marguelov

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Les parachutistes soviétiques ont démontré leur grande efficacité en août 1968 lors de l'opération Danube, qui a mis fin à la période des réformes libérales en Tchécoslovaquie, connue sous le nom de « Printemps de Prague ». La prise rapide des aéroports, des stations de radio et de télévision, du gouvernement, du ministère de la Défense et de l'état-major général des forces aéroportées a contribué à l'entrée des troupes du Pacte de Varsovie dans le pays et a largement assuré le succès de toute l'opération.

Parachutistes avant le décollage

Le contingent soviétique en Afghanistan n'a pas non plus fait l'économie de troupes aéroportées. Ce sont les parachutistes ainsi que les forces spéciales du GRU et du KGB qui ont pris d'assaut le palais du leader afghan Hafizullah Amin, indésirable pour le gouvernement d’URSS, le 27 décembre 1979. Les troupes aéroportées ont joué un rôle clef dans l'opération Trap en août 1986. Ayant résisté au feu nourri de l'ennemi lors du débarquement des hélicoptères dans la province de Hérat, les unités de débarquement ont pu passer en contre-offensive et, en bloquant la base de Kokari-Sharshari, ont couvert l'approche des forces principales. L'opération a permis de vaincre le « Groupe combiné occidental » du commandant Ismail Khan.

Parachutistes

Les deux guerres tchétchènes ont été une épreuve difficile pour les forces aéroportées russes. Du 29 février au 1er mars 2000, 90 parachutistes de la 74e division aéroportée de la Garde ont lutté contre 2 500 combattants tchétchènes et mercenaires arabes dans les gorges de l'Argoun. À la suite de ces affrontements, 84 militaires ont été tués, mais l'ennemi a également subi des pertes importantes : de 400 à 500 personnes.

Troupes russes dans le Caucase durant les guerres de Tchétchénie

L'un des épisodes les plus spectaculaires avec les troupes aéroportées de notre époque a été la prise de l'aéroport de Pristina du 12 juin 1999. Au cours de l'opération dirigée contre la Yougoslavie, les « Forces alliées » de l'OTAN n'ont pas seulement utilisé des bombardements, mais ont également entrepris l'entrée de leurs troupes sur le territoire yougoslave. Pour soutenir les Serbes, protéger ses intérêts géopolitiques dans les Balkans et souligner son rôle dans la politique mondiale, le Kremlin a décidé d'occuper un terrain d'aviation stratégiquement important du Kosovo, celui de Slatina, avant les unités militaires de l'alliance. Suite à un largage de nuit depuis la Bosnie-Herzégovine, les parachutistes russes de maintien de la paix ont pris le contrôle de l’aérodrome quelques heures seulement avant l'arrivée des troupes de l'OTAN. Le commandant des forces de l’OTAN en Europe, le général américain Wesley Clark, a ordonné au général britannique Michael Jackson, qui dirigeait un groupe dans les Balkans, de « déloger » les Russes du site, ce à quoi ce dernier a répondu qu'il ne comptait pas déclencher de Troisième Guerre mondiale.

Bérets bleus en Yougoslavie

D’ailleurs, saviez-vous que le parachute était une invention russe ? Nous vous présentons cinq grandes inventions russes dans cet autre article.

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