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L'empereur Alexandre Ier n'est pas vraiment mort, il est devenu vagabond.
Dans les années qui ont précédé sa mort, Alexandre Ier a à plusieurs reprises évoqué son désir de se retirer de la vie publique. En 1819, il a par exemple déclaré à son frère Nicolas : « Je ne suis plus celui que j'étais et je pense qu'il est de mon devoir de me retirer ». En 1824, il a également confié qu'il ne verrait pas d'inconvénient à « se débarrasser du fardeau de la couronne ».
À l'automne 1825, Alexandre s’est rendu à Taganrog (Sud de la Russie) avec sa femme et y est mort brusquement à cause de la fièvre. Une autopsie a été pratiquée et un acte de décès a été signé par neuf médecins. Après l'embaumement, le corps de l'empereur a été transporté à Saint-Pétersbourg, mais seuls les membres de sa famille ont vu la dépouille dans le cercueil ouvert. Pendant les sept jours suivants durant lesquels le défunt était placé dans la cathédrale de Kazan pour les adieux publics, le cercueil était fermé.
En 1836, dans la région de Perm (près de l’Oural), un vieil homme a été arrêté pour vagabondage. Il se faisait appeler Fiodor Kouzmitch et était grand aux cheveux gris. Il était physiquement très en forme, semblait éduqué, mais refusait de dire quoi que ce soit sur son passé. Pour vagabondage, Fiodor a été envoyé en Sibérie, où il est mort en 1864. Au cours de sa vie, il a souvent narré des histoires à propos de Saint-Pétersbourg et de personnages célèbres, y compris des commandants militaires Koutouzov et Souvorov. De toute évidence, le vieil homme aurait participé à la guerre de 1812 contre Napoléon.
Mais qui a donc été le premier à suggérer que Fiodor n’était autre qu’Alexandre souhaitant passé incognito ? C’est prétendument Semion Khromov, un marchand qui a invité Fiodor à vivre dans sa demeure à Tomsk et qui était tout à fait sûr que le vieil homme était l'empereur, ce qui a accidentellement fait de Khromov une sorte de célébrité. Il n'est donc pas étonnant que ce dernier ait même essayé d'écrire à Alexandre II pour aborder ce sujet. Néanmoins, en 1882, lorsqu'il a été arrêté par les autorités de Tomsk, Khromov a dit qu'il ne savait absolument rien du passé du vieillard. De son vivant, Fiodor lui-même n'avait ni nié ni confirmé la légende.
Avant sa mort, Fiodor a donné à Khromov un message crypté censé révéler son identité. Cependant, ce document n'a toujours pas été déchiffré à ce jour. Les historiens russes s'accordent à dire que Fiodor Kouzmitch a réellement existé, mais qu'il n'était pas Alexandre Ier. Il aurait probablement été un noble de haut rang dans le service militaire, mais certainement pas le tsar.
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Dmitri Mendeleïev a vu en rêve le tableau périodique.
La légende est la suivante : en 1869, Dmitri Mendeleïev s'efforçait de découvrir les tendances périodiques dans les propriétés des éléments chimiques. Un jour, épuisé, il s'est endormi à son bureau et a rêvé du tableau qu'il ne pouvait composer en restant éveillé. Sortant de son sommeil, Mendeleïev aurait alors pris un stylo et un papier et rédigé rapidement le tableau périodique des éléments.
Mendeleïev lui-même n'a jamais raconté cette histoire à personne. C’est son ami, le géologue Alexandre Inostrantsev, qui l’a répandue, malgré le fait que le principal intéressé le niait. S'adressant à un rédacteur du journal Peterbourgski Listok (La Feuille de Pétersbourg), lui ayant demandé comment lui était venue cette idée de tableau, il s’est exclamé : « Pas comme vous les journalistes ! Pas avec cinq copecks la ligne [honoraires journalistiques] ! Pas comme vous ! J’ai travaillé dessus peut-être 20 ans, et vous dites que j'étais assis là, et que tout d'un coup, pour cinq copecks par ligne, que cinq copecks par ligne et c’est prêt ! ».
De plus, Mendeleïev n'a pas été le premier à créer un tableau périodique. En 1864, le chimiste allemand Julius Lothar Meyer en a créé un, composé de seulement 28 éléments.
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Ivan le Terrible a tué son fils avec un bâton.
Ce mythe est en grande partie dû au tableau d'Ilia Répine Ivan le Terrible tue son Fils. Cependant, les chroniques ne contiennent aucune information à ce sujet, et témoignent simplement du fait que le fils d'Ivan, également appelé Ivan, est mort à cause d'une « maladie ».
En 1963, dans la cathédrale de l'Archange-Saint-Michel du Kremlin de Moscou, lieu d'inhumation des tsars russes, les corps d'Ivan le Terrible et de ses fils Ivan et Fédor ont été temporairement exhumés. Tous contenaient de l'arsenic, ce qui était habituel à l'époque où les tsars en prenaient des quantités homéopathiques pour développer une tolérance à ce poison, le plus couramment utilisé pour commettre des meurtres. Cependant, les os d'Ivan et de son fils Ivan contenaient aussi des niveaux élevés de mercure. Plus tard, dans les années 1990, des niveaux de mercure relativement élevés ont également été décelés dans les os d'Anastasia, la première femme d'Ivan le Terrible, et de la mère de ce dernier, Elena Glinskaïa. Les analyses ont ainsi clairement démontré que la famille d'Ivan le Terrible a très probablement été victime d'empoisonnement.
Il est largement rapporté que le tsar a été dévasté par la mort de son fils aîné, Ivan. Il a passé quatre jours entiers près du lit de son héritier mourant. Ce fait ne correspond par conséquent pas à l'image d'un fou ayant massacré son fils. De plus, Ivan le Terrible le préparait pour qu’il reprenne le flambeau, faisant de lui un commandant militaire et le convoquant pour discuter des affaires de l'État. Il était donc peu probable qu'Ivan puisse tuer son successeur, étant donné les conséquences désastreuses que cela entraînerait : une crise dynastique. La mort d'Ivan a été une catastrophe, mais à qui cela profitait-il que l’on pense que le tsar en personne avait tué son fils ?
La première mention d'Ivan assassinant son fils se trouve dans les journaux d'Antonio Possevino, légat papal et premier jésuite à se rendre à Moscou, qui a tenté de convaincre Ivan le Terrible de négocier avec le pape pour que la Russie devienne un pays catholique. Après que la mission de Possevino a échoué, le légat enragé a souillé le tsar russe d'accusations de filicide. Cette diffamation a été facilement répandue par d'autres ennemis étrangers et russes d'Ivan le Terrible. Et enfin, à la fin du XIXe siècle, cette scène a même été immortalisée sur le célèbre tableau de Répine.
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